Marc Larminaux, l’univers comme muse

Passionné par la nature, l’anatomie, le travail du volume, il entre, ses études bouclées, comme designer chez Lalique, maison dont le style l’interpelle. Vingt-deux ans plus tard, il dirige la création.

Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû

Trouver dans le verre et dans les œuvres de Lalique le moyen d’exprimer sa sensibilité. C’est ainsi qu’en 2002, master en design industriel de la Saint Martins College of Art and Design de Londres et BTS design céramique et verre de l’école d’arts appliqués Olivier de Serres de Paris acquis, Marc Larminaux, intègre la prestigieuse manufacture française : « Désormais directeur artistique et de la création, en étroite relation avec six designers, je pense chaque pièce de façon très instinctive, me mettant au service du verrier qui va l’exécuter. J’essaie de lui simplifier la tâche, d’exploiter son savoir-faire en lui fournissant un dessin qui lui permette de s’exprimer parfaitement. Les verriers sont des artistes, et pour qu’ils produisent les plus belles pièces possibles, le projet doit les inspirer. Connaissant les techniques grâce à ma formation, je sais que certains décors seront réalisables sans trop de souci, quand d’autres demanderont davantage d’attention, d’heures. Je veille à la grande finesse des décors pour texturer le cristal, pour que, dans chaque pièce, on retrouve le contraste entre satiné et repoli, emblématique du style Lalique. Je crée en étroite collaboration avec les artisans de la manufacture alsacienne dont le talent se transmet de père en fils, depuis plusieurs générations. Et mon équipe de designers combine les technologies industrielles de pointe avec le modelage traditionnel à l’argile, fournissant ainsi le parfait équilibre entre le design et l’art, cher à la Maison Lalique. Maquettistes, doreurs, marbriers, etc., nous prêtent aussi main-forte. »

Dans l’atelier du verre chaud, une étape clé de moulage de la matière. © DR
Façonnage d’un cabochon de flacon dans l’atelier de verre à froid de la manufacture Lalique. © DR
Un verrier-graveur procède au marquage à la feuille d’or d’un vase de la collection Merles & Raisins © DR

Imaginer les collections, s’inspirer de l’air du temps, tout en ne trahissant pas l’univers Lalique, telle est l’obsession de Marc Larminaux : « Je ne me concentre pas uniquement sur les tendances, car le style Lalique, depuis son créateur René Lalique dans les années 1920, est intemporel. Ce qui m’obsède, c’est avant tout le savoir-faire. Je prépare dans cet état d’esprit la collection Terra-Mineral, hommage à l’essence de la terre, où la douceur rugueuse des roches murmure des secrets anciens. Pour cette collection qui sera dévoilée en mars prochain, je suis allé cueillir la plus merveilleuse expression de la nature, cette immensité silencieuse, qui raconte une histoire de destruction créatrice. Le défi avec les artisans de la manufacture Lalique en Alsace : montrer la terre dans son essence, et rendre hommage à sa profonde créativité. C’est une collection qui transporte dans un voyage explorant les remarquables décors de la surface, jusqu’aux profondeurs sculptées par les siècles. Chaque grain de sable, chaque roche est un hymne à la force vulnérable, une ode à la puissance qui se plie, témoignage d’une terre à la fois maître et apprenti du temps. »

Lalique est le seul cristallier au monde à réaliser encore ses fours à la main et à les changer toutes les semaines. Il est aussi l’ambassadeur du sur-mesure, une spécificité de Lalique Interior Design Studio (LIDS) qui bénéficie du savoir-faire cristallier et de la dynamique d’une équipe à la pointe du design et de l’innovation. « Nos projets les plus récents ? L’Artists’ Bar au Dorchester à Londres, le Lalique Bar au Daniel à New York, le restaurant La Dame, à bord du dernier bateau de croisière Silversea. »

La technologie au service de l’artisan

Le studio de création fait partie intégrante du processus de fabrication. Il conçoit l’empreinte des moules pour que le verrier travaille dans la meilleure posture possible. Les nouvelles technologies, logiciels, scanners et imprimantes 3D, images de synthèse, permettent de créer des modélisations, mais ces progrès numériques vont de pair avec la sensibilité propre au travail manuel. Seul le geste de la main peut maîtriser la « patte » Lalique, ce côté très sculpté et artistique.

Article paru dans le numéro 137 d’Hôtel & Lodge.

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