3 hôtels pour une virée dans les vignes

Vivre au rythme de la nature, visiter, marcher, partager, déguster et dormir aussi… les terres viticoles de l’Hexagone se prêtent aux plaisirs les plus essentiels, en version très haut de gamme. Voyage hédoniste en trois étapes, en Champagne, en Provence et dans le Bordelais.

Texte Céline Baussay

01 – LOISIUM EN CHAMPAGNE

La piscine est agréable même quand les températures sont fraîches : un sas permet d’y accéder directement depuis le spa, sans avoir à sortir en maillot de bain. © Nicolas Matheus

Le groupe d’œnotourisme autrichien Loisium a inauguré l’été dernier en Champagne, à dix minutes d’Épernay, son troisième opus, le premier en France, bientôt suivi d’un autre en Alsace. Il a dupliqué ici le même concept de resort design et chaleureux, en fusion avec son environnement. Chargés de l’architecture et de la décoration intérieure de ce 4-étoiles, Sanjit Manku et Patrick Jouin confirment : « Ce projet est né de la volonté d’offrir un hôtel niché dans la forêt, adossé au parc naturel de la Montagne de Reims, avec une vue sur les coteaux vallonnés. Le rapport au paysage a été au cœur de notre réflexion. Son architecture joue sur cette relation privilégiée à la végétation, par ses lignes sobres, sa transparence. C’est un lieu honnête, brut, en contraste avec le luxe que représente la dégustation du champagne. »

Dans ce vaisseau de béton, verre, métal et chêne clair, ils se sont appliqués à créer des espaces communs vastes et lumineux autour du patio central, célébrant le champagne et la convivialité qui va avec : on partage le roi des vins au salon-bar dans les fauteuils pastel aux formes organiques, on en découvre les secrets dans la bibliothèque en mezzanine, on l’apprécie à la table du jeune chef Antoine Madelaine, très prometteur. Le champagne, mais aussi la Champagne, s’invitent un peu partout : au milieu de l’escalier avec une sculpture en métal percée de minuscules trous pour évoquer les bulles, dans les chambres et suites (107 au total) avec un seau à champagne littéralement incrusté dans une étagère. Le spa de 1 000 m2 ne déroge pas à la règle avec ses tables basses en liège en forme de bouchon, mais aussi son décor idoine : « On retrouve la texture et les couleurs de la terre de Champagne. Un sol bleu ardoise appuie ce lien subtil avec le terroir, notent Sanjit Manku et Patrick Jouin. Nous souhaitions préserver la forêt, tout en étant en mesure de créer un spa avec une piscine extérieure et un solarium. C’était un véritable défi. Finalement, il a été partiellement excavé pour trouver le bon équilibre… et rappeler les crayères champenoises. » La boucle est bouclée.

02 – CHÂTEAU D’ESTOUBLON

© Renne Kemps

Une longue allée bordée de cyprès, le chant des cigales, le parfum de la lavande et le souffle du Mistral : à l’arrivée au Château d’Estoublon, c’est la Provence dans toute sa splendeur qui s’exprime. Situé à Fontvieille, au cœur du massif des Alpilles, entouré de forêts et de garrigue à flanc de colline, ce domaine de 300 hectares dont 17 de vignes et 120 d’oliviers, en agriculture bio, a entamé sa conversion vers la biodynamie. Il a connu une histoire mouvementée avant d’être racheté en 2020 par Nicolas Sarkozy et sa femme Carla Bruni, avec d’autres associés, de rejoindre la collection Airelles et de prendre alors un nouvel élan. Objectif annoncé : l’excellence. Depuis, les jardins ornementaux ont été embellis, le potager en permaculture a été développé et le relooking du château érigé en 1489 a été mené par le décorateur Christophe Tollemer : une propriété désormais ultra-exclusive puisqu’elle se loue seulement en intégralité, toute l’année, 100 000 euros la semaine tout de même. Les convives profitent alors à l’infini des dix chambres et suites, des salons-bibliothèques, de la piscine extérieure, des services du majordome et de son équipe, et des activités et ateliers à la carte : yoga, équitation, poterie…

Les hôtes de passage qui ne séjournent pas sur place peuvent, eux, s’offrir à la boutique les produits du domaine et réserver à La Table d’Estoublon, le restaurant du chef flamand Wim Van Gorp, vite devenu une référence locale, et pas seulement parce qu’il sert les desserts de Christophe Michalak. L’été, sa terrasse sous les tonnelles prend des airs de guinguette provençale, version chic.

03 – LES SOURCES DE CAUDALIE

Au fond de la piscine intérieure, une photo géante de Mathilde de l’Ecotais… pour se baigner dans une œuvre d’art ! © Marie-Pierre Morel

Entouré des vignes taillées au cordeau de Château Smith Haut Lafitte, célèbre pour son soin de vinothérapie, le fameux palace à 20 kilomètres au sud de Bordeaux se refait une beauté depuis l’an dernier. Sous la houlette de l’architecte d’intérieur Delphine Sauvaget et d’Alice et Jérôme Tourbier, les propriétaires des lieux (et des Sources de Cheverny), il s’inscrit davantage dans l’air du temps. Le lobby est plus ouvert sur le jardin, le bar à vin French Paradox deux fois plus grand. Le restaurant doublement étoilé La Grand’Vigne a réduit le nombre de couverts, changé son mobilier, adopté un ton plus neutre, bleu carbone, le même que celui des boiseries de la réception, pour se recentrer sur l’assiette.

Les deux bâtisses historiques, La Bastide des Grands Crus et Le Comptoir des Indes, ont été les premières rénovées (les autres seront dévoilées d’ici peu). Elles perpétuent l’esprit champêtre d’origine, apaisant, ouaté, avec en plus un soupçon de modernité bien dosé et des palettes chromatiques différentes, minérale pour l’une, terreuse pour l’autre. Dans les chambres et suites, les habitués découvrent un nouveau mobilier, réalisé sur mesure par des artisans français ou chiné, et notamment de hautes têtes de lit en frêne, des textiles Bruder Fabrics, des tableaux sélectionnés par la Galerie Française et des salles de bains en marbre des Pyrénées. L’Orangerie a gagné en élégance contemporaine avec sa teinte étonnante, entre le vert et le marron, devenant ainsi l’un des plus beaux espaces de l’hôtel, ex aequo avec la piscine intérieure sous charpente, dont le fond est désormais recouvert d’une œuvre immergée de l’artiste Mathilde de l’Ecotais représentant des baies de raisins en format macroscopique.

Article paru dans le numéro 127 d’Hôtel & Lodge.

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