Sur les pas des stars en Californie

Décors de rêve pour séjour VIP où le glamour, l’inattendu, l’excentricité s’entremêlent. West Hollywood, au nord-ouest de Los Angeles, culturelle, rock, rebelle. Dana Point, plein sud, balnéaire, golfique, mondaine. Temecula Valley, à l’intérieur des terres, audacieuse, vigneronne, rivale de Napa Valley.

Texte Anne-Marie Cattelain Le-Dû

500 kilomètres de côtes longeant l’océan Pacifique où les surfeurs de tous âges, cheveux décolorés, sourire Marvis, défient 12 mois sur 12 les déferlantes, sous les regards ourlés de faux cils de sirènes blondes alanguies sur le sable. Cliché pas si cliché de cette Californie où le soleil semble avoir élu définitivement domicile, où les palmiers plagistes le disputent aux séquoias forestiers. La Californie, 31e État des États-Unis, décrété en 1850 après l’arrivée massive de 200 000 aventuriers venus chercher fortune dans les eaux aurifères des rivières. La ruée vers l’or, le rêve américain, déjà ! Un rêve qui, au tournant du xxe siècle, prend une autre allure, se déclinant sur pellicule et grand écran. Hollywood, bourgade en banlieue de Los Angeles, devient, en moins de 15 ans, une immense machine à produire des films et des vedettes. Avec, en tête d’affiche, Charlie Chaplin, Douglas Fairbanks, Mary Pickford. Symbole de ce nouvel eldorado, neuf lettres blanches gigantesques ancrées depuis plus de 100 ans sur le mont Lee, que l’on survole aujourd’hui en hélicoptère, lorgnant par la même occasion les villas perchées sur les collines de Santa Monica. Leurs propriétaires, acteurs, réalisateurs, producteurs, décorateurs, tentent de préserver un semblant d’anonymat. Avec, nichée en contrebas, WeHo – comprenez West Hollywood –, une commune à part, en sandwich entre Beverly Hills et Hollywood. Une ville avant-gardiste où le design, la mode, la musique, l’art de vivre et de la table jouent résolument les perturbateurs. WeHo, rock, fun, festive, où les créateurs et artistes tous azimuts ouvrent leurs galeries, leurs studios, leurs ateliers, formant une communauté libre, sans a priori, vivant à sa façon ; ancrée sur son pré carré d’à peine 5 km2 qu’elle sillonne au petit matin et le soir, soit au pas de course en « Handball Spezial » d’Adidas, soit en pédalant sur son Reid bike lavande, soit en flânant bras dessus bras dessous dans les allées bordées de tabébuias roses. Une communauté trendy, privilégiée, courtisée par les marques les plus prestigieuses de la planète, Hermès en tête, comme le prouvent les panneaux publicitaires colonisant les façades des immeubles.

Impressionnant, survoler West Hollywood en hélicoptère, de l’océan jusqu’à la skyline. © DR
Cœur battant de West Hollywood, Sunset Boulevard, entre bars et boutiques. © DR
La route 66 se termine à West Hollywood, près du Santa Monica Boulevard. © DR

Le week-end, West Hollywood se vide. Ses habitants gagnent leur villa ou leur yacht à Dana Point, pour bruncher en mer à la rencontre des baleines avant une charity party au club de golf du Waldorf Astoria et un dîner en plein air au Monarch Bay Beach club signé du chef français Jean-Pierre Dubray. Les épris de campagne visent Temecula Valley à 1 h 30 de route, pour séjourner chez leurs amis reconvertis en propriétaires viticoles dans leur domaine baptisé du nom de vignobles français prestigieux. La vigne, so fashion chez les beautiful people. Comme en France !

Golf et piscine du Waldorf Astoria Monarch Beach, à Dana Point, sur le Pacifique. © DR
Plus de 100 ans que, sur 106 m de long et 14 m de haut, Hollywood s’affiche au mont Lee. © Shutterstock

5 dresses incontournables

Weho Mood

La star c’est vous. Partout ! Traitée comme telle à l’américaine, sourires XXXL, encouragements – « Yes you can do it », « Yes you did it », « Fantastic » – dès que vous entreprenez la moindre activité. Mots accompagnés de hugs, de tapes sur l’épaule et de « sweet heart », « darling », « sweety ». Une jovialité qui incite à tenter le tout pour le tout.

01 – DOGPOUNF

Dogpound, le fitness club 5 étoiles où les stars sculptent leur silhouette. © DR

Suivre un cours d’assouplissement puis de yoga sous l’autorité d’un molosse et sous le regard un rien estomaqué d’une jeune femme, vedette d’une série à grande audience diffusée sur Netflix. Smart, gants de boxe en cuir rose, baskets roses itou, siglées Chanel, elle s’échine, coachée par son entraîneur personnel dans ce centre 5 étoiles suréquipé, ouvert par Kirk Myers, légende du fitness. De passage, on peut, après avoir répondu à quelques questions pour vous « cerner », s’offrir une séance d’initiation collective à 250 $ ou particulière à 500 $. Et si l’on réside plus longtemps, choisir de s’abonner à l’année, entre 8 000 et 36 000 $.

02 – GLOSSIER

Se sentir diva juste en franchissant le seuil de Glossier, immense concept store beauté. © DR

Parfums, crèmes de soin, make-up… Glossier a ouvert à WeHo son premier flagship, aussi joli qu’une galerie d’art. Avec, sur sa façade, son nom écrit en lettres énormes comme le Hollywood qui domine la ville. Le rose (ou plutôt les roses) qui maquille ses murs et ses présentoirs éclaire la peau. Les hôtesses conseillent, prévenantes, et, ses emplettes réalisées – à prix très raisonnables –, on se promène dans la Glossier Alley ornée de topiaires avant de s’installer à la terrasse du café Alfred.

03 – MAXFIELD

Montrer patte blanche pour dépenser ses dollars et parfaire son look chez Maxfield. © DR

Galerie d’art, boutique de créateurs avant-gardistes et objets vintage de luxe, Maxfield reçoit une clientèle triée sur le volet. À l’entrée, un portier vérifie chaque identité. Le clan Kardashian figure en tête des clients au gros, gros potentiel d’achat, à l’instar de Paris Hilton. Les paparazzi rodent alentour, tentant de tromper la vigilance des vigiles. Objets proposés en avant-première, pièces en série limitée, vêtements, accessoires, bijoux… difficile de résister à la tentation, malgré l’accueil hautain et glacial. Question de look ?

04 – THE WEST HOLLYWOOD EDITIO

Se poser en rooftop au bord de la piscine de ce 5-étoiles design, pour tout à la fois savourer un des cocktails signature, se faire masser le dos et les jambes et tirer les cartes : concept qui draine une clientèle plutôt féminine aussi soucieuse de sa forme que de son avenir.

05 – SOHO HOUSE WEST HOLLYWOOD

Bar, terrasse, salle : trois ambiances conviviales au Soho House West Hollywood. © DR

Sur Sunset Boulevard, dans ce Soho, les « célébrités » tiennent le haut du pavé, notamment celles figurant au générique des séries mode. Une terrasse ombragée par de « vrais » arbres, un service rondement mené, un menu aux assiettes généreuses, une belle carte de vins, des prix corrects, sympas pour une cantine classe.

Temecula Valley

Un centre-ville qui ressemble à un parc Disney. Des villages juste sortis de terre comme les 40 vignobles que l’on survole au lever du jour en montgolfière. Une région en devenir. On apprend à assembler son vin au Ponte Winery. On savoure un spicy cocktail au Thompson & Twain Prospection. On séjourne au Domaine Chardonnay, chez Laura Stearn et Michael Wieters, néovignerons. Lui, ingénieur architecte, construisait des ponts ; elle, décoratrice, signait des intérieurs de stars. Dorénavant, Michael cultive ses 2 hectares de chardonnay. Laura accueille ses hôtes dans les trois grandes chambres face aux vignes. Très représentatifs de ces urbains fortunés ayant fui la ville pour que les vins de la Temecula Valley concurrencent ceux de la Napa Valley, à 800 kilomètres au nord-ouest.

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Sunset Marquis, Rock’n roll attitude

Au cœur d’un immense jardin planté de nombreux arbres, les suites et villas du Sunset Marquis récemment restaurées bénéficient tout à la fois des clubs, bars, boutiques de Sunset Boulevard, et d’un calme presque champêtre. © DR

Soixante ans que les plus grands musiciens de rock et de country du monde entier posent leurs instruments de musique dans cet hôtel fraîchement lifté. Visite, avec pour guide Timothy White, « The » photographe des rockers.

© DR
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Bomber cuir, jean noir, lunettes fumées, sourire à damer la plus récalcitrante des girls face à un objectif, Timothy White, reconnu par le magazine American Photo comme l’une des personnalités les plus influentes dans l’univers de la photographie, couronné par de nombreux prix, ne se prend pas pour sa photo. Au contraire ! Jonglant entre les séances en studio, les backstages, les concerts et les galas de charité auxquels il participe généreusement, il trouve le temps et les mots pour, dans les allées du Sunset Marquis, raconter son histoire et l’histoire de ce lieu pas ordinaire qu’il fréquente depuis des lustres. De la galerie Morisson, partie intégrante du Sunset Marquis où l’on peut acquérir quelques-uns de ses tirages en série limitée, au Nightbird, club en sous-sol avec ses trois studios d’enregistrement en ordre de marche : « C’était au départ un hôtel modeste, à deux pas du Sunset Strip, où s’alignaient à touche-touche – et s’alignent toujours – les clubs les plus célèbres, Whisky a Go Go, Melrose, The Grove. Les groupes locaux s’y produisaient, The Doors, The Byrds, puis ceux venus d’Angleterre comme Led Zeppelin dormaient au Sunset Marquis pour quelques dollars. » En acquérant de nouveaux terrains, plantant des arbres, creusant une piscine, construisant des villas, le Sunset Marquis, 5-étoiles chic, semble s’être embourgeoisé… mais c’est une façade. Le rock l’habite toujours, le fait vibrer. Et certains soirs après leur concert, les musiciens, au Bar 1200 ou à l’ombre des arbres devenus grands, reprennent leurs instruments. Et les hôtes réveillés, loin de se plaindre, rentrent dans la danse… En résumé, le Sunset Marquis – mais est-ce l’essentiel ? – compte 152 suites, 38 villas, 2 piscines, un spa et Cavatina, restaurant californien, dedans/dehors


Martyn Lawrence Bullard, L’amoureux de Paris

© Hope Leigh

D’origine anglaise, décorateur courtisé pour les projets les plus fous, interprétant son propre rôle dans des séries télé à succès, il feuillette pour nous les chapitres de sa vie sur la terrasse du Pendry West Hollywood. Temps suspendu.

Il aime Paris, honorant en janvier dernier de sa présence le salon Maison&Objet pour ses 30 ans. Il aime chiner au marché Paul-Bert, à Saint-Ouen, comme il chine à West Hollywood, dans l’Art district Design, pour aboutir ses chantiers. Il aime le désert, où il se réfugie souvent, et le Maroc. Dans sa maison Art déco hispanisante datant de 1923, à WeHo, objets, tapis, zelliges témoignent de sa passion pour ce pays. Il se félicite aussi d’avoir transformé en garçonnière d’une seule suite l’immense manoir aux sept chambres datant des années 1980 de RuPaul Andre Charles, drag-queen mondialement connue, artiste, chanteur, parolier à l’imagination aussi délirante que ses tenues. Martyn mène bien des chantiers à la fois, terminant actuellement la nouvelle résidence du clan Kardashian.

Répertorié parmi les 100 meilleurs designers d’intérieur au monde par Architectural Digest et les 25 meilleurs par The Hollywood Reporter, le guilleret Martyn nous guide dans Melrose Avenue jusqu’à son atelier-showroom, représentant parfait de l’esprit de West Hollywood. Sans limites autres que ses passions. Savourant avec le même plaisir une glace chez Salt & Straw qu’un cru classé au Château Marmont, 5-étoiles que sa villa domine.


Carnet pratique : y aller

Avec Air Tahiti Nui : en route vers la Polynésie, la compagnie française, 25 ans cette année, fait escale à Los Angeles (11 h 40 de vol). Dotée de nouveaux appareils plus écoresponsables, elle vient pour la sixième fois consécutive d’être élue meilleure compagnie du Pacifique Sud et Grande Compagnie 5 étoiles au classement Apex 2024. Distinctions méritées pour la qualité du service, les mets et kits polynésiens, le confort dans toutes les classes. Vols A/R en classe économique à partir de 780 €, en business 3 895 €. fr.airtahitinui.com

Article paru dans le numéro 133 d’Hôtel & Lodge.

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