Les Jeux olympiques et Paralympiques d’été approchent… Comment les hôtels de luxe de la capitale appréhendent-ils l’événement ? Depuis quand se préparent-ils ? Quel est l’impact sur leur organisation, leurs réservations… et leurs tarifs ? Décryptage.
Texte Bénédicte Le Guerinel / Photo Romain Reglade
Quelque 15,3 millions de visiteurs d’environ 200 pays sont attendus à Paris et dans sa métropole pour les Jeux olympiques et paralympiques, Britanniques, Américains, Allemands en tête*. Beaucoup plus que lors d’un été classique : pendant les JO, le volume de réservations aériennes internationales vers Paris est en hausse de 115,5 % par rapport à la même période, du 26 juillet au 11 août, en 2023**. Les répercussions se font sentir aussi à plusieurs niveaux sur l’hôtellerie haut de gamme et luxe. En termes de préréservations, tout d’abord : des 5-étoiles des groupes Maison Albar Hôtels et Madeho seront entièrement privatisés… certains contrats ont été signés il y a plus de trois ans. Au Bristol, d’Oetker Collection, un quota de chambres a été réservé par un seul et même client, les autres ont ensuite trouvé preneurs. « Nous avons été contactés par de grosses sociétés et des sponsors qui souhaitaient séjourner sur toute la période. C’est une opportunité intéressante car l’été représente plutôt la basse saison pour nous », souligne Catherine Hodoul-Baudry, directrice commerciale et marketing. Sur la période, la plupart des palaces affichent ainsi complet depuis l’an dernier, alors que dans les boutique-hôtels, les réservations ont été plus tardives. Partout, les conditions de réservation sont assorties de restrictions afin d’éviter les annulations de dernière minute.
Pour s’adapter aux contraintes inédites de l’événement, la profession veille avant tout à disposer du personnel polyglotte nécessaire, de jour comme de nuit. Nombreux sont les hôtels qui ont demandé à leurs équipes de ne pas prendre leurs vacances pendant les JO. Autre décision très concrète, ils élargissent les plages horaires du bar : « Notre grande interrogation concerne la restauration. Nous ne savons pas si nos clients prendront leurs repas au stade, ailleurs dans Paris ou à l’hôtel », souligne Hervé Duperret, directeur adjoint de Forstyle Hotels Collection. Chez Madeho, « nous ferons du surstockage de denrées alimentaires pour éviter tout problème d’approvisionnement car certaines rues de Paris seront impraticables pendant les JO », prévoit Antoine Arvis, le président du groupe. Au Padam, inauguré il y a tout juste un an, « toutes les épreuves seront diffusées sur un écran à l’intérieur, un autre à l’extérieur, annonce Solen Quimbert, directrice adjointe du boutique-hôtel. Nous allons doubler la capacité de la terrasse, une partie sera dédiée à l’événementiel – soirées JO, privatisations. » Les conciergeries se préparent elles aussi : elles devront être parfaitement informées sur les lieux des épreuves olympiques comme des nombreux événements en marge.
On aurait pu croire que les JO donneraient lieu à des demandes particulières, voire excentriques, mais tel n’est pas le cas : un forfait journalier en restauration pour l’ensemble des invités d’un client, un accès aux caméras de sécurité (qui a été refusé) chez Madeho, des téléviseurs supplémentaires dans les chambres chez Forstyle Hotels Collection… rien de véritablement fantaisiste. En revanche, comme on pouvait s’y attendre, les tarifs des nuitées ont considérablement augmenté sur la période : le prix moyen pratiqué, par exemple, pour la nuit du 26 au 27 juillet 2024 (au tout début des Jeux) est de 1 033 €, contre 317 € pour celle du 12 au 13 juillet (avant le début des Jeux), soit une hausse de 226 % !***. Une envolée générale dans l’hôtellerie de luxe, à quelques exceptions près. Ainsi, le Bristol affirme ne pas pratiquer de tarifs « spécial JO » par éthique, les prix ayant déjà beaucoup augmenté post-Covid.
* Source : projections de Paris Je t’aime (office du tourisme de Paris).
** Baromètre du tourisme parisien, janvier 2024.
*** Étude UFC-Que Choisir.
Le Royal Monceau dans les starting-blocks
Fashion week, délégations spéciales… le Royal Monceau-Raffles Paris est un palace habitué des gros événements. Alors pour les JO, les discussions ont été entamées dès 2016, avec des réservations fermes sur les deux dernières années. « Nous avons la chance d’être souvent plein, et ce sera le cas une fois encore pour les Jeux olympiques, se réjouit Nicolas de Gols, le directeur général depuis un an. Notre personnel est qualifié, mais nous allons devoir faire appel à des extras en cuisine et en house keeping. Nous allons également renforcer la sécurité et travailler sur les transports pour faciliter la mobilité de nos clients, même si, pour l’instant, nous attendons d’en savoir plus sur le plan d’action qui sera mis en place sur le sujet. Un événement tel que les JO nécessite une attention toute particulière aux détails. C’est une occasion de mettre en valeur un palace parisien et de véhiculer une image encore plus positive. »
Ni logos ni anneaux
En termes de décoration, pas question de décliner les Jeux olympiques à tout-va dans les lobbys ou les chambres d’hôtels. En effet, l’utilisation des anneaux olympiques de même que celle des différents logos et signes officiels en rapport avec les JO est strictement réglementée par le Comité olympique. La discrétion est donc de mise. Au Bristol, la thématique de Pâques inclut déjà des références à la compétition tandis que pendant la période des Jeux, les quelques clins d’œil envisagés dans les chambres font encore l’objet de réflexion. Au Royal Monceau-Raffles Paris, on envisage une décoration du lobby et de la terrasse en lien avec les JO, mais tournée vers l’art. De son côté, le groupe Madeho, a choisi d’exposer des objets liés au sport.
Article paru dans le numéro 133 d’ Hôtel & Lodge.