Chapeau, les rooftops !

Depuis que les hôtels s’étirent de plus en plus vers le ciel, ils se coiffent souvent d’un toit-terrasse. « Accessoire » indispensable pour toiser le panorama et attirer des fans plus que jamais friands de ces espaces en plein air.

Par Anne-Marie Cattelain Le Dû

Plus hauts, plus ventés, plus ensoleillés, plus fous… ainsi se résume la compétition lancée il y a une quinzaine d’années en Asie par les hôtels verticaux érigés dans les grandes métropoles pour satisfaire des clients avides de sensations, de points de vue exceptionnels, de couchers de soleil d’anthologie, en perchant au-dessus du vide piscine, boîte de nuit, restaurant, bar, jardin…

Ouvert en avril à Dubaï, dans le nouveau  quartier de Business Bay, le SLS du groupe Accor déploie plusieurs rooftops, dont un au 75e étage face aux 828 mètres de Burj Khalifa, tour la plus haute du monde.

Avec, en vis-à-vis, les lumières urbaines, l’océan ou la jungle. Rien ne freine cette course d’équilibristes qui, passant les frontières, s’est emparée de tous les continents. Et si la Covid ralentit le rythme des fêtes en plein ciel, en revanche, les clients plébiscitent de plus en plus ces lieux ouverts, déconnectés, fun, où le moindre événement prend une dimension magique.

À cheval sur la high line, le rooftop du Standard, Le Bain, avec sa vue spectaculaire, est l’un des plus branchés de New York.

« Pour le défilé du 14 juillet, j’ai transformé la grande terrasse de la suite Bernstein, au-dessus de la place de la Concorde, en observatoire à ciel ouvert avec bar : quand la patrouille de France l’a survolée, l’émotion de mes invités était palpable. Cela m’a incité, lorsque nous avons rouvert le palace, en septembre, à renouveler l’expérience, explique Vincent Billiard, directeur de l’Hôtel de Crillon. Ainsi est née Bonsoir Paris, une guinguette éphémère de luxe à ciel ouvert, avec les meilleurs standards de la musique française des années 1980, des cocktails et des tartines gourmandes ».

Hôtel Chais Monnet.

À Dubaï, ville sortie des sables dans le dernier quart du siècle dernier, point de nouveau lieu sans terrasse flirtant avec les nuages. Délire ! Plaqué d’or, mais oui, le Gevora Hotel avec ses 75 étages et ses 356 mètres de haut, bat de peu son voisin le JW Marriot Marquis. Dominant la crique, pile face à la tour la plus haute du monde, Burj Khalifa, le SLS d’Accor, 75 étages, ouvert début avril, ne compte pas un rooftop mais plusieurs, imaginés par ses architectes quasi en suspension, avec piscine, bar, spa. Ces pièces rapportées, façon intelligente d’augmenter les mètres carrés utiles, surprennent et attirent une clientèle branchée.

Hôtel du Crillon © Adam Houston

À Shanghai, les échos des fêtes échappés de ces clubs new style résonnent d’une rive à l’autre du Huangpu. Et Sébastien Bonnefoi, Stéphanois, qui avait ouvert l’Urban Bar, le Bar Rouge, se vantait, hors Covid, de « déboucher chaque soir le plus grand nombre de bouteilles de champagne au monde ». Décibels, lasers et tutti quanti montaient jusqu’au firmament. Aux manettes, Gregor Salto, DJ résident. Ce quadragénaire d’origine néerlandaise ne trompait le Bar Rouge que pour, de temps à autre, entraîner sur le dance floor les clients du Cé La Vi, sky bar du Marina Bay Sands à Singapour jouxtant la piscine au 57e étage, posé sur les trois tours abritant hôtels, restaurants, boutiques. Son petit frère s’épanouit à Dubaï, au très branché 5-étoiles The Address Sky View, au 54e étage.

Kimpton Saint-Honoré © Laurent Mangoust

Du rooftop de l’hôtel Boundary à Londres, dessiné par Terence Conrad avec orangerie, rôtisserie, bar, musique, en passant par le Sky Lounge du Novotel de Tunis, où les VIP se retrouvent le soir autour de la piscine au 8e étage, ou encore le Standard de New York, rien n’est plus hype que de passer ses soirées entre initiés pour voir mais surtout être vu. Le rooftop remporte de loin la palme du lieu incontournable auprès des socialites.

Marina Bay Sands.

La France n’échappe nullement à la contagion. À Cognac, au Chais Monnet, 5-étoiles design, Charlotte Esquenet et Anne-Julie Entremont, du cabinet Exsud, ont privilégié herbes folles et mobilier urbain sur la terrasse lorgnant celle de son voisin, Martell. « L’avantage avec une construction contemporaine, confie Charlotte Esquenet, c’est qu’on prévoit en amont cette implantation très spécifique au niveau technique. Dans cet hôtel, nous l’avons projetée au sommet de l’extension. Nous nous sommes inspirées des structures rouillées, en courbes, pour jouer la continuité, mais aussi de la couleur ambrée du cognac. »

Le Kimpton St Honoré Paris, qui ouvre dans quelques jours boulevard des Capucines, dans l’ancienne Samaritaine de Luxe, dévoilera, signé par le désigner Charles Zana, l’un des rooftops les plus spectaculaires de la capitale. « Ce sera, chuchote Zana en confidence, comme un jardin suspendu, une promenade dans le ciel loin des bruits et des tracas de la ville, avec vue sur les monuments iconiques parisiens. Il sera aussi magique que celui de l’hôtel Caruso à Ravello, en Italie, ou du Gramercy, à New York. » Paris à son tour se hisse, hisse…

Pour preuve encore, Laurent Taïeb dont le 5-étoiles en cours de finition dans l’immeuble de La Poste du Louvre dévoile déjà ses toits-terrasses avec jardin très champêtre, bar, restaurant et vue panoramique, jusqu’aux nouvelles tours Duo du XIIIe arrondissement signées Jean Nouvel, où un hôtel plantera aussi un espace très, très en hauteur.   

Et demain, un îlot en surplomb

Interpellé par la mode des rooftops et par le besoin d’évasion de plus en plus impérieux des urbains, Laurent Maugoust, architecte d’intérieur, à la tête de l’agence éponyme spécialisée dans l’hôtellerie haut de gamme, a repensé, avec sa directrice artistique Cécile Chenais, le concept du toit-terrasse, associant à sa réflexion des paysagistes experts en végétalisation.

« Cet imaginaire insulaire renouvelle les codes de la terrasse avec vue, restaure les fondements de l’hospitalité tout en créant une rentabilité structurelle pour l’hôtelier », précise-t-il. Pensé comme un prolongement d’une suite ou une entité indépendante, cet espace modulable dedans-dehors se transforme au gré des saisons, des opportunités, grâce à des éléments mobiles : toit, parois, mobilier, portes, etc.

L’essentiel demeure la respiration, le panorama. Il peut se métamorphoser en salle de réception, en galerie à ciel ouvert, en showroom, en salle de projection sous un ciel étoilé, en jungle urbaine, à l’abri du bruit. « Il offre aussi un potentiel d’ambiances végétales : jardin d’hiver, pour lire, déjeuner ; potager pour (se) ressourcer ; bassin aquatique, miroir du ciel », poétisent Florent et Grégory Morisseau, ingénieurs paysagistes, fondateurs et directeurs de l’agence Chorème.

Rosewoodhotels.com

Gevorahotels.com

All.accor.com

Marinabaysands.com

Addresshotels.com

Boundary.london

Standardhotels.com/new-york

Chaismonnethotel.com

Kimptonsthonoreparis.com

Laurentmaugoust.fr

Article paru dans le numéro 116 d’Hôtel & Lodge

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