Figure emblématique de l’art urbain, l’artiste argentino-espagnol vient de créer avec Zenith la Defy Skyline Tourbillon, une pièce d’exception. Comme son travail, elle reflète la modernité et l’interconnexion de notre époque.
Texte Aymeric Mantoux
Pantone, dont le visage demeure toujours anonyme, navigue aisément entre graffiti, art abstrait et sculpture cinétique, développant un vocabulaire graphique unique. Dans ses œuvres, il utilise des illusions 3D, des lignes fuyantes et des couleurs vibrantes pour inviter le public à partager son expérience artistique : « Avec Zenith, nous avons utilisé des techniques innovantes, comme l’application de mes dégradés en PVD, des gravures au laser sur le saphir qui forment des hologrammes, et bien d’autres choses encore », confie-t-il.

Felipe Pantone considère que l’art et la technologie doivent coexister. Il utilise les techniques modernes pour enrichir son travail. Dans le cadre de sa collaboration avec Zenith, pour laquelle il avait déjà créé une première montre il y a deux ans, il franchit cette fois-ci une nouvelle étape : « Il s’agit d’une pièce de haute horlogerie. Dans ce contexte, j’ai voulu que ce soit une œuvre qui respire la sophistication et la simplicité tout en incorporant des éléments ultra-complexes comme les formes des index, des aiguilles et du cadran, qui s’inspirent de mes œuvres “Planned Iridescence”. Et bien sûr, le joyau de la couronne : l’éclair qui soutient le tourbillon, inspiré de mes “Optichromies”. Je suis un artiste visuel, confie encore Felipe Pantone, et l’œil est un organe très rapide, capable de “lire” une œuvre d’art statique en quelques secondes, contrairement à la musique, par exemple, qui se déploie dans le temps. L’art cinétique, lorsqu’il intègre un mouvement réel, oblige le spectateur à une lecture qui s’étend dans le temps. Nous vivons à une époque où les humains se déplacent plus facilement que jamais dans notre histoire. Je trouve pertinent d’incorporer l’élément du temps dans l’art visuel ».

La Zenith Defy Skyline Tourbillon, inspirée par les œuvres de Pantone, témoigne donc d’un équilibre entre esthétique et ingéniosité horlogère. Après des collaborations avec d’autres marques, comme Hennessy, son travail avec Zenith lui a permis de plonger dans le monde de l’horlogerie, d’apprendre les processus de fabrication et de collaborer étroitement avec des designers. Pantone évoque également l’importance du temps dans son travail. Pour lui, le passé enrichit notre culture et influence sa création artistique, situant ainsi son œuvre à la croisée des chemins.
3 questions à Felipe Pantone
Il est difficile de vous attraper au vol, votre vie est-elle un « phénomène dynamique », comme le titre d’une de vos expositions ?
Ce titre faisait référence à la fois à un point de vue philosophique et à une description des pièces du show, qui avaient une dimension dynamique au sens physique. Mais oui, fondamentalement, le mouvement est l’un de mes « mottos », c’est quelque chose dont je parle souvent.
Non seulement vous en parlez, mais vous êtes toujours en mouvement entre plusieurs villes, plusieurs pays ?
C’est vrai ! Je me sens très connecté à l’époque dans laquelle nous vivons. Je suis très à l’aise de vivre en me déplaçant et de travailler à de nombreux projets, en faisant partie de ce mouvement perpétuel. C’est sans doute lié à mon passé dans le graffiti. Tous les jeunes, dans cette discipline, sont habitués à voyager, à passer d’un train à l’autre, sans jamais rester en place, pour peindre partout, être partout. C’est l’essence de l’époque, de se sentir à la fois connecté et libre.
Connecté et libre ?
Oui, je ne me sens pas attaché à un lieu géographique particulier. Mais en même temps, je suis à l’aise partout !
Article paru dans le numéro 137 d’Hôtel & Lodge.