Entrepreneur autodidacte, créatif et visionnaire, il a su très tôt percevoir le potentiel du tourisme très haut de gamme. Trente ans plus tard, le fondateur et dirigeant de Eluxtravel porte toujours sur le secteur un regard très affuté. Et sans concession.
Texte Camille Flocon / Photo DR
Frédéric Savoyen observe autant qu’il agit. Un modus operandi qui a abouti à la création de plusieurs entreprises : « J’ai d’abord réalisé que le mass market dans le tourisme, faire du volume et uniquement du volume, c’était bien, mais que le haut de gamme pouvait représenter un marché de niche très intéressant. Alors j’ai lancé Nosylis, le premier producteur et distributeur de voyages de luxe en France. » Une belle marque, victime de la crise économique de 2008… « mais j’ai beaucoup appris, voyagé, profité !». Il lance ensuite Mytravelchic. Son défi : « Convaincre des marques d’hôtellerie comme Four Seasons, Aman ou Six Senses d’entrer dans le jeu des ventes privées. » En 2018, il crée Elux Groupe, qui se décline en trois entités : Eluxtravel, spécialiste des voyages individuels sur mesure et expérientiels ; Eluxfrance, qui commercialise des séjours en France pour des agences étrangères ; et Eluxevent, qui organise des séminaires et incentives. Après avoir ouvert quatre premiers salons de voyages, Eluxtravel inaugurera son flagship à la fin de l’été, 57 boulevard Haussmann, à Paris. Designé par Hubert de Malherbe, « il révolutionnera le concept de l’agence de voyages physique », se félicite l’entrepreneur.
Frédéric Savoyen en reste convaincu, « le voyage monte en gamme en permanence ». Avec une nuance : « Avant, le luxe était matériel, axé sur les vols en first, les transferts en limousine, les plus beaux hôtels. Aujourd’hui, il faut donner du sens à sa consommation de voyages, ramener des souvenirs et pas du bronzage. » C’est d’ailleurs dans cette optique qu’il a lancé les « Luxpériences » d’Eluxtravel : un dîner exclusif dans un palais en Inde, une visite de Marrakech insolite avec un architecte… Dans cette quête d’authenticité, l’hôtel est, selon lui, en première ligne : « C’est une destination en soi, un endroit de vie, de rencontre, de découverte, et plus seulement pour dormir. L’ostentatoire a laissé la place à quelque chose de moins aseptisé, plus cosy. »
Son palmarès personnel
Plutôt que de coups de cœur, Frédéric Savoyen parle de « claques » pour évoquer deux hôtels : « Le Kisawa au Mozambique, je n’ai pas vu un tel niveau depuis 20 ans ! Et le Castello di Reschio, un château en Toscane rénové jusque dans les moindres détails. » Deux pays l’ont récemment marqué : le Rwanda et Panama, « moins américanisé que le Costa Rica et qui se combine très bien avec la Colombie ». À l’avenir, il rêve d’aller au Japon, au Bhoutan, en Zambie. Et en France ? « J’ai adoré Lily of The Valley, le Royal Champagne… Notre parc hôtelier est sublime, mais je dois avouer que je n’ai trouvé aucune nouveauté vraiment démentielle ces derniers temps. En revanche, au-delà des hôtels, je vois des destinations se réveiller : la Bourgogne, tout le Sud-Ouest, le Limousin… »
Article paru dans le numéro 135 d’Hôtel & Lodge.