Le créateur des célèbres souliers aux semelles rouges, amateur d’art et d’artisanat, vient d’ouvrir Vermelho, son tout premier boutique-hôtel, à Melides, un village de l’Alentejo au bord de l’Atlantique, au Portugal. Le pays où il aime se poser entre chaque voyage.
Propos recueillis par Monique Delanoue-Paynot
Qu’évoque pour vous Melides ?
C’est mon refuge ! Avec l’énorme avantage de n’être pas si loin de Paris et d’offrir tout ce que j’aime, selon l’endroit où l’on tourne la tête : la campagne, la montagne au loin et surtout la mer. Breton de naissance, j’aime les vagues, l’Atlantique, les climats forts.
Pourquoi cet amour du Portugal ?
Ici, l’espace-temps devient calme, doux, mélodieux. Je peux changer de rythme avec l’infini face à moi. La lumière est magnifique, les gens infiniment sympathiques. Et il y a d’énormes possibilités d’artisanats différents : les azulejos, les faïences de couleur… et l’architecture portugaise, toujours un peu compliquée, voire enfantine, mais riche de détails avec de la rigueur dans la non-rigueur.
Et la cuisine ?
Fabuleuse ! J’ai le problème d’être allergique au poisson, heureusement pas aux fruits de mer. Je peux rester deux mois à manger de la cuisine portugaise sans problème, ce qui n’est pas le cas en Espagne, que j’aime beaucoup par ailleurs, mais où tout est trop gras, je meurs ! (Rires.)
De designer mode, vous voilà hôtelier ?
Mon idée était d’avoir un restaurant au bord de la mer, qui manquait à Melides, où j’avais construit des petites maisons de vacances. Le maire m’a convaincu de faire un hôtel. Pourquoi pas ? Sans arrière-pensée de business, juste pour le plaisir. Je me suis aperçu que créer un hôtel correspond au fantasme de beaucoup de gens : un lieu qui vous appartient mais pas tout à fait, une responsabilité autre, excitante.
Un hôtel est-il comme l’un de vos souliers : un objet de désir ?
Tout à fait. Il est là pour flatter et qu’on s’y sente bien. Se dire : « Ah ! Je suis arrivé, je ne bouge plus. » Bon, après deux jours, on va à la plage, on sort. Ma préférence va aux hôtels de charme comme Al Moudira, en Égypte, au bord du Nil.
Vous dites : « Je suis un globe-trotteur, comme Tintin… »
Enfant, je voyageais beaucoup dans ma chambre avec les albums de Tintin. Et j’allais régulièrement avec mes parents au palais de la Porte Dorée, à Paris, où je me passionnais pour les collections africaines et océaniennes. Les objets exposés m’ont fait comprendre la créativité à travers le savoir-faire et les cultures des pays, et donné l’envie de les « voir » en vrai.
Quels sont vos désirs de voyage récurrents à travers le monde ?
Le Portugal en premier, le Brésil ensuite. Le Bhoutan, où je vais souvent, et l’Inde, tout le temps. Mais aussi l’Égypte, La Havane, Cuba, île magnifique… J’aimerais découvrir le Yémen, la Mongolie et la Namibie, mon prochain voyage.
Le coup de coeur de Christian Louboutin : Al Moudira Hotel, « une oasis au luxe discret »
« Situé sur la rive ouest de Louxor, de l’autre côté du Nil, cet hôtel est une espèce d’Éden derrière la Vallée des Reines. Je l’ai vu sortir de terre et construire grâce à la force de Zeina, une femme formidable qui arrosait des arbres de 20 cm… J’ai pensé qu’elle était folle ! Vingt ans après, elle a créé un jardin botanique dans le désert. Globe-trotter entre l’Italie et le Moyen-Orient, elle a mis dans cet endroit un fatras de choses magnifiques venues de Syrie, d’Italie, de Grèce et de son Liban natal. »
Article paru dans le numéro 128 d’Hôtel & Lodge.