Le groupe Six Senses, pionnier du luxe durable et du bien-être holistique, a ouvert sa première adresse japonaise dans la capitale culturelle et historique du pays. L’esthétique de l’âge d’or de Kyoto et la connexion avec la nature tissent un séjour immersif au cœur des traditions.
Texte Delphine Cadilhac
Il se devine à peine depuis la rue et la coupure avec l’agitation extérieure du quartier culturel de Higashiyama, au centre-est de la ville, est instantanée dès le seuil de l’hôtel franchi. Face à l’immense lobby, au son de doux bruissements d’eau et de murmures d’oiseaux, la cour intérieure paysagée donne le ton d’un séjour profondément régénérant, auréolé d’un sens de l’hospitalité sincère, appelé au Japon l’omotenashi.
Pour sa troisième adresse métropolitaine – après Rome et Istanbul – Six Senses a choisi Kyoto, réputée pour la beauté de ses temples bouddhistes et sanctuaires shintoïstes séculaires, de ses palais impériaux et maisons de thé, de ses cerisiers en fleurs et montagnes environnantes couvertes de cèdres centenaires. L’ancienne capitale impériale du Japon honore les traditions de l’époque de Heian (794-1185), quand les arts et la culture étaient à leur apogée : un âge d’or et un héritage dont Blink, studio de design basé à Singapour, s’est inspiré pour concevoir l’identité du Six Senses, en la saupoudrant de touches de modernité et des marqueurs de durabilité chers au groupe hôtelier (zéro plastique, recyclage…). « Cintrée de végétation et empreinte de culture, Kyoto fait sens avec le concept de la marque hôtelière, souligne Nicolas Black, le directeur. Le bien-être est profondément ancré dans les modes de vie. »
La conception écologique et biophilique (reconnectant à la nature) de cette oasis urbaine, autour de la cour intérieure centrale, fait ainsi une place prépondérante au bois, à la pierre, et aux lignes contemporaines épurées. Tout cela dans une déambulation permanente parmi les légendes, symboles et traditions du pays, à l’image de la sculpture de bronze fantaisiste de la réception, version moderne des « Chōjū-giga » exposés au musée national de la ville et considérés comme les tout premiers mangas de l’Histoire. Partout, l’œil est attiré par la minutie des détails et des références, du thème animal décliné sur les miroirs des ascenseurs, les estampes des couloirs… aux plantes suspendues et aux ikebanas (compositions florales) honorant les jardins de Kyoto.
Les 81 chambres et suites contemporaines aux larges baies vitrées – certaines lorgnant le jardin du célèbre sanctuaire Toyokuni du xvie siècle juste en face – cultivent la sérénité dans un décor soulignant les codes architecturaux japonais. Bois clair et teintes organiques neutres sont rehaussés de touches de couleur, tel le mur ingénieux aux panneaux urushi rotatifs laqués rouges, séparant le lit de la salle de bains des chambres Deluxe. Coup de cœur pour la Premier Suite Garden avec son petit salon intime, ses douche et baignoire (séparées) et pleine vue sur le jardin zen privatif où l’eau s’écoule dans les bambous. Priorité absolue est faite à la qualité du sommeil, dans la lignée de la philosophie bien-être de l’hôtel : larges matelas bio, oreillers thermorégulateurs, pyjamas confortables, stores électriques totalement occultants…
Cœur holistique, l’immense spa hisse la sérénité à son apogée en associant technologie intelligente et méthodes de guérison ancestrales, permettant de passer du Biohack Recovery Lounge, un salon de récupération (par compression entre autres), à l’espace accueillant des bassins de différents degrés pour une immersion dans la riche tradition des bains curatifs japonais. Apothéose du chemin vers la paix intérieure, le rituel signature Ah-Un associe manœuvres corporelles et vibrations harmonisantes sur les points d’acupression.
La tradition s’attable avec force au Sekki, le restaurant qui offre un remarquable voyage dans les 24 micro-saisons de l’ancien calendrier japonais. « La saisonnalité est un concept clé de notre culture, rappelle le chef exécutif Hiroki Shishikura. Bien qu’insulaires, nous avons pourtant la chance de disposer d’une abondance de produits toute l’année, et variant d’une semaine à l’autre. Grâce aux agriculteurs bio et locaux, l’expérience gastronomique est sans cesse renouvelée. » La carte, aux accents fortement végétariens, est donc ancrée dans l’éthique durable et l’économie circulaire, s’appuyant sur le fait-maison, la fermentation et le potager in situ, dans un décor évocateur de la vie d’un arbre, ouvert sur un jardin.
Sur les traces des renards
Messagers bienveillants de la divinité Inari, protectrice de la prospérité et des récoltes, les kitsune (renards) sont une figure aimée du folklore japonais. Leur puissance se mesure au nombre de leurs queues : à neuf, ils atteignent l’omniscience. Depuis le lobby, leurs « empreintes » sur le sol mènent au bar à cocktails Nine Tails (neuf queues) qui leur rend hommage, dans un décor feutré. En sortant, les petites empreintes… zigzaguent ! On retrouve l’animal emblématique à la porte de chaque chambre, sous la forme d’un masque original en washi recyclé à partir de vieilles pages manuscrites. Éclairés, les yeux ou les moustaches indiquent que la chambre est occupée.
Carnet pratique
Émotions, branche luxe du voyagiste Kuoni et spécialiste des séjours expérientiels pointus, propose un forfait au Six Senses Kyoto incluant les vols A/R CDG-Osaka sur Air France, les transferts privés entre Osaka et Kyoto, 4 nuits en chambre supérieure King et petits déjeuners, à partir de 6 900 €/pers.
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