Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû / Photos Alexis Armanet
Quand on aime, on ne compte pas… En Italie, Guy Martin, chef français, aime Nardo, au cœur du Salento, dans les Pouilles, et ses palais clos, ruinés. Son épouse Katherina Marx, architecte d’intérieur, et lui aiment les œuvres d’art du xvie et les pièces d’éditeurs de la seconde moitié du xxe. Ni une ni deux, après avoir, il y a trois ans, redressé et aménagé en maisons d’hôtes de luxe deux palais baroques, ils viennent d’en ressusciter un troisième, Palazzo Matteo : 1 000 m2 coiffés d’un toit-terrasse où bouillonne une piscine à remous laissant perplexes les colombes. Trois étages que grimpe un escalier étroit et six suites seulement, ultra personnalisées.
En rez-de-chaussée, Alba résume le propos du couple : marier mobilier design et trésors chinés. Au salon, une table basse en verre très années 1950 s’accorde avec un canapé en velours et un bureau sixties du designer danois Svend Åge Madsen. Aux murs, des inédits de Paul Verlaine enrobent de mélancolie une Cerchia di Flora, allégorie printanière du xviie. Côté chambre, Katherina a, en tête de lit, rappelé les voûtes d’arête. Puis, pour donner un côté primesautier à l’ensemble, elle a posé sur les deux chevets de Luigi Caccia Dominioni, architecte milanais, des lampes de la céramiste italienne Enza Fasano, au pied turquoise, clin d’œil aux carreaux de la douche. Ainsi est née Alba, suite qu’on s’approprie sans chichis, oubliant jusqu’aux signatures prestigieuses des artistes et artisans pour, dans le calme douillet, avant de sombrer dans les bras de Morphée, rêver de privatiser Matteo et d’organiser une fête entre amis.
Article paru dans le numéro 133 d’Hôtel & Lodge.