Paradis zen : 16 hôtels pour se ressourcer

Villa épurée, phare reconverti, boutique-hôtel isolé, spa offrant massages, cours de yoga, de méditation, randonnées à cheval… À chacune, chacun, selon sa personnalité, ses rêves, sa perception de la sérénité, son séjour pour se retrouver, respirer, déconnecter, repartir d’un bon pied.

Texte Céline Baussay, Anne Marie Cattelain Le Dû et Louise Meyer

Zen : mot, concept à la mode issu du vocabulaire bouddhiste, symbolisé par l’ensō 円相, le cercle en japonais. Utilisant ces trois lettres à toutes les sauces, on les accole aussi bien pour traduire l’attitude d’une personne calme, gardant, quelle que soit la situation, son sang-froid, que pour qualifier un décor, une couleur, une musique, une ambiance, un paysage apaisant, prompt à générer une certaine forme de bonheur, à aider corps et esprit à évacuer le stress, à se projeter dans une atmosphère paisible. Comment atteindre la zénitude, comment la favoriser, la convier ? Bien souvent en décrochant de son quotidien, en s’évadant, en s’accordant une parenthèse. Tout commence par le voyage. Partir loin, prendre l’avion, être en décalage horaire, plonger dans l’inconnu perturbent certains, les angoissent au point qu’ils n’aspirent qu’à séjourner au plus près de chez eux, sans trop de bagages à boucler, sans documents à vérifier, sans contrôles de toutes sortes à subir. À eux, la voiture ou le train qu’ils prennent quasi à leur porte et les déposent au seuil de leur hôtel. À elles et eux les escales dans les villes organisées où tout, les loisirs, les commerces, sont à portée de main, comme Londres. 

Il y a celles et ceux pour lesquels vacances zen est synonyme d’ermitage, d’isolement, de retraite. À elles et eux, le phare paumé sur une lande écossaise et sa poignée de chambres, le resort sur un îlot des Maldives sans autres occupants que les hôtes du lieu et sans autres horizons que la mer. Le refuge de montagne transformé en halte chic, avec piscine, spa, mais entièrement coupé du monde, surtout l’hiver lorsque la télécabine s’arrête, ouvert aussi l’été, et que la nuit tombée, on peut quitter, si le temps l’autorise, à pied ou à bicyclette pour gagner Val-d’Isère, village le plus proche. Il y a celles et ceux que le silence, l’absence d’agitation, d’animation oppressent, celles et ceux que le bruit de la mer angoisse, celles et ceux qui veulent échanger, aller à la rencontre des autres, tester d’autres modes de vie en Afrique du Sud, en Australie, dans les Keys en Floride…

Se poser, seuls, sur un banc de sable corallien, aux Maldives, aux Bermudes ou en Polynésie, le rêve absolu de zénitude pour beaucoup. © DR

Listant toutes les envies, interrogeant moult personnes tentant de répondre à leurs fantasmes, leurs souhaits, nous sommes partis de-ci de-là pour, au final, retenir des lieux proches ou lointains, différents mais qui tous autorisent l’évasion tranquille, enrichissante, d’une quinta au Portugal à une maison du xive siècle sur le Mont-Saint-Michel, d’un boutique-hôtel dans les Dolomites voué au bien-être à une villa de 1930 en son jardin parfumé à Tanger, revisitant un air de vivre, une époque, à un lodge rustique dans les fjords de Norvège. Avec, dans les bagages, des livres aux mots choisis, des musiques aux notes chuchotées, pour rythmer ces moments d’évasion. Tout en se rappelant la phrase que l’on prête à Bouddha, « Tu ne peux pas voyager sur le chemin, sans être toi-même le chemin. » Toute une feuille de route.


01 – CORSEWALL LIGHTHOUSE HOTEL, ÉCOSSE
Au bout du bout 

à l’extrême nord de l’Écosse, sur la péninsule de Rhins of Galloway, là où les tempêtes façonnent le paysage, sur vingt hectares face à la mer, le phare de 1815, devenu hôtel, réserve chaque jour des surprises.

Le phare de Corsewall automatisé, domine tout à la fois l’Atlantique et la lande. Préférer les chambres vintage, à l’intérieur de l’édifice.  © DR

Escale plus romantique, plus dépaysante, plus poétique, ça n’existe pas. Avec pour horizon la mer d’Irlande, tempétueuse à l’envi, et la lande rasée au plus près par le vent. Chaque balade déconcerte et les bâtiments où le Northern Lighthouse Board d’Édimbourg, administration gérant les phares, conserve quelques bureaux depuis l’automatisation des feux, dévoilent ses secrets avec parcimonie. C’est ainsi qu’il y a quelque temps un ingénieur mécanicien découvrit dans un mur une bouteille avec un message datant du 4 septembre 1892, mentionnant les noms des trois ingénieurs ayant installé un nouveau type de lentille et ceux des trois gardiens. Fait qui pourrait inspirer Robert Louis Stevenson, l’auteur de L’Île au trésor, petit-fils de Robert Stevenson, constructeur du phare de Corsewall, mis en service en 1817.

En 2021, Helen Mason et John Harris, son compagnon photographe, craquent en lisant dans un journal local que le petit hôtel installé dans le phare est à vendre. Ils gardent le souvenir ému d’un séjour entre ces murs solides, changent de vie, engloutissent leurs économies pour le rénover, construire en plus des six chambres existantes cinq chambres et suites contemporaines, sur le terrain du phare, embauchent un bon chef pour le restaurant au plafond de verre, installé dans l’ancienne pièce des lanternes. Au dîner, le menu gastronomique régale autant les hôtes que les visiteurs d’un jour. « Nous avons veillé à conserver l’esprit des lieux tel qu’il était lorsque des gardiens et leur famille s’y succédaient pour assurer le bon fonctionnement et l’entretien des signaux lumineux », confie Helen. 

Une des chambres dans l’ancien appartement du gardien et de sa famille ; carte gourmande pour le dîner, plus légère au lunch. © DR
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Amoureux, passionné, le couple propriétaire aime suggérer les meilleurs spots pour photographier, selon les vents, le soleil, les courants, la péninsule de Kintyre, les côtes déchiquetées de l’île d’Arran, le Firth of Clyde, et par temps très dégagé l’Irlande, silhouette discrète se détachant sur l’horizon. Prompts aussi à révéler les plages où se prélassent les phoques, les cachettes pour surprendre les cerfs et les biches échappés des forêts proches, les sentiers équestres et les chemins pédestres, le fort en ruine datant de l’âge du fer, noirci à la suie pendant la Seconde Guerre mondiale pour échapper aux avions ennemis. Qu’importe si la pluie traversière s’invite sans crier gare, si de gros grains contrarient quelques plans, le soleil finit toujours par pointer au-delà des nuages. Botté, suroît et ciré capelés, l’Écosse ici prend comme l’affirme un proverbe patois, « un air de reviens-y ».

Chambres coups de cœur

Certes, les 6 chambres installées dans le phare, portant le nom de bateaux ayant navigué alentour, sont plus désuètes, plus spartiates que les 5 nouvelles, mais tellement authentiques. Nos préférées, dans l’ancien appartement des gardiens, la Firth of Cromarty et la Mull of Kintyre avec leur vue mer.

02 – THE CHELSEA TOWNHOUSE, LONDRES
Pour voisins, les écureuils

© DR

L’un des quartiers les plus smart de Londres, Chelsea. À deux pas des jolis théâtres de Sloane Square, des boutiques de luxe et des restaurants fashion de King’s Road, entre parcs, jardins et entrelacs de ruelles, s’alignent d’authentiques maisons victoriennes. Relais & Châteaux 5-étoiles, The Chelsea Townhouse disperse ses 25 chambres et 11 suites, récemment rénovées, dans trois d’entre elles, reliées par un dédale d’escaliers, de couloirs, de paliers, où l’on s’égare, se croise, se rencontre. Accrochés sur les hauts murs blancs, de grands portraits d’ancêtres semblent dialoguer tout en épiant les va-et-vient de ces drôles d’habitants, les touristes.

À Chelsea, deux maisons victoriennes voisines, Relais & Châteaux, pour récupérer, savourer, à deux pas des rues animées. © DR
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La plupart des chambres ouvrent sur les jardins où quelques renards égarés rôdent la nuit et le jour, sautent de branche en branche, des écureuils. Le mobilier chiné, le feu de cheminée, les tableaux de petits maîtres créent l’impression de séjourner en privilégié chez un ami. Au grand calme. Le breakfast, 100 % English, se déguste dans la Garden Room, face aux pelouses privées de Cadogan, tout comme les drinks le soir, accompagnés d’en-cas. L’été, l’hôtel propose d’y pique-niquer avec un panier bien garni et une bouteille de Laurent-Perrier. Comme il suggère à ses résidents de les traverser pour apprécier chez son voisin, 11 Cadogan Gardens, autre Relais & Châteaux, appartenant au même propriétaire, de sacrifier à l’afternoon tea, avec encore et toujours des bulles Laurent-Perrier, puis le soir d’y dîner au Hans’ Bar & Grill.

03 – LA VILLA GRAND VOILE, LA ROCHELLE
Aux vents portants

Halte paisible avec patio, piscine chauffée et cuisine gourmande du chef étoilé Christopher Coutanceau. © Sylvie Curty

Chef étoilé, amoureux de La Rochelle, pêcheur respectueux de la mer, son domaine à l’égal de ses cuisines, Christopher Coutanceau et son fidèle associé Nicolas Brossard, pour proposer une expérience globale à leurs convives, les accueillent dans ce Relais & Châteaux de poche. En ville, dans une ruelle tranquille proche de la plage de la Concurrence et de leurs restaurants, la solide maison d’armateurs de 1715, dont les murs stoppent le moindre bruit, reflète en ses onze chambres et suites l’univers de ses deux passionnés, inflexibles sur la qualité, la durabilité, le local. Les architectes rochelais du cabinet ABP (Bernard Pourrier) et l’agence Mur-Mur, avec le savoir-faire des artisans, ont retranscrit à travers la palette chromatique les papiers peints Jean-Paul Gaultier, Cole & Son, le mobilier, les œuvres d’art, l’univers Coutanceau, 100 % marin, 100 % lumineux, 100 % convivial.

Couleurs du salon, du bar aux chambres, rappelant la mer et le rivage Atlantique. © Sylvie Curty
Panoramique en tête de lit, donnant du relief avec les fonds marins révélés. © Sylvie Curty

On ne quitte sa suite et ses fonds marins suggérés que pour gagner la piscine ou le patio après avoir plus qu’apprécié l’étonnant petit déjeuner. Les huîtres y flirtent avec le poisson fumé, le caviar et les algues colonisent pain et madeleines, tandis que le champagne bulle à côté du vin blanc, laissant aux plus frileux les viennoiseries maison, le thé et le chocolat crémeux. On se promet, fort de cette expérience, de commander en room-service quelques mets étoilés que, selon le temps et le soleil, on goûtera dans son salon, sous la verrière, voire au bord de la piscine… chauffée.

04 – LE REFUGE DE SOLAISE, VAL-D’ISÈRE
Ermitage hédoniste

L’hôtel le plus haut de France, perché à 2 551 mètres au-dessus de la station savoyarde, sous étiquette Paris Society, groupe ultramode et conceptuel, garantit à ses hôtes plus que la sérénité, la déconnexion totale. Hiver comme été.

Situation dominante découvrant à 360° les sommets virant du blanc hivernal au vert estival. © DR

Jusqu’à présent, Paris Society essaimait ses adresses, hôtels et restaurants tendance, dans la capitale et ses alentours plus ou moins proches. En reprenant Le Refuge de Solaise, gare de la première station téléphérique mise en service en 1939 à Val-d’Isère, métamorphosée en halte hôtelière 80 ans plus tard, la filiale d’Accor offre à ses fans une expérience très particulière. En saison hivernale, son mini boutique-hôtel de 16 chambres et suites, 4 appartements de luxe, 1 dortoir pour 14 personnes, n’est accessible qu’aux heures où la télécabine fonctionne. Ensuite, terminé, personne ni ne rentre ni ne sort. Prisonniers volontaires, avec pour seul horizon les hauts sommets et les champs enneigés. L’été, les sportifs, quand la télécabine s’arrête à 16 h 30, montent et descendent à pied ou à VTT.

Se retrouver dans le grand salon, pour un verre après le ski ou les grandes randonnées dans les pâturages. © DR

Expert en art de surprendre, séduire, proposer à ses clients des expériences inattendues, Paris Society, outre la nouvelle décoration chaleureuse et confortable, bois, tissus d’éditeurs, cheminée, baignoire autoportée, juxtapose deux tables généreuses : Le Refuge, où la vue vertigineuse le dispute aux mets savoyards, version contemporaine, accompagnés d’excellents vins piochés dans la carte établie par le sommelier, et Le Petit Refuge, à l’accent italien, entre pizzas et pâtes. Sans oublier, c’est une évidence, Le Bar du Refuge qui démultiplie coins, recoins, suspensions à la lumière dorée pour que chacun, selon ses envies, son humeur, apprécie à côté des cocktails classiques, dont un Negroni à l’amertume maîtrisée, les créations personnalisées des bartenders.

Mais ce qui plus que tout aimante, incite à se ressourcer, à réserver quatre à six jours, pour se concocter une retraite bien-être sur mesure, c’est son spa dedans-dehors. Dedans, la piscine de 25 mètres de long, jacuzzis, hammams, cabines suite dont une duo. Dehors, sauna, bain chaud, bain polaire et bulle de soins privatisable seul ou à deux. À la carte, soins du visage, massages par Holidermie, mais aussi « séances techniques » sous haut contrôle de luminothérapie, de stimulation par microcourants, de JetBoots pour alléger les jambes, relancer la circulation, chasser les toxines. Un mix pour favoriser le lâcher-prise physique et mental, préparer à la méditation. Puis, en fin de séjour, s’offrir quelques soins de beauté, coiffure comprise, avant de replonger dans sa vie quotidienne. Requinqué !

Quand vient l’été

© DR

Outre le yoga, la méditation en plein air, à vous les balades à cheval, la pêche à la truite, le rafting, le parapente et bien d’autres activités organisées à la carte, pour débutants et confirmés. Et au spa, incontournable, le Rituel Signature Connexion, résumé en une demi-journée d’une retraite en cinq étapes pour se ressourcer, récupérer, régénérer ses multiples fonctions, réactiver le corps et l’esprit, se reconnecter à la vie tout simplement. Belle promesse !

05 – LA TÊTE NOIRE, MONT-SAINT-MICHEL
Marées en travelling

© DR


Classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1979, le Mont-Saint-Michel, en Normandie, connaît les plus grandes marées d’Europe. La Manche alors se retire à plus de quinze kilomètres des côtes, revenant ensuite vitesse grand V. Située sur les remparts, face à la mer et aux marais où paissent les moutons dits de pré-salé, La Tête noire, la plus ancienne demeure du Mont, datant du xive siècle, bénéficie d’une situation privilégiée, pour, quelle que soit l’heure, vivre ce phénomène visible à l’œil nu, sans que rien ne perturbe ces instants, ni le bruit, ni le monde. Mais ce qui rend cette demeure unique, plus encore que ses deux chambres d’hôtes découvrant l’infini des sables mouvants bousculés par les marées, c’est l’accueil de ses propriétaires, Inès et Jean-Yves Lebrec. Passionnés, passionnants, seuls civils sur la poignée d’habitants permanents du rocher, onze moines et nonnes des Fraternités monastiques de Jérusalem, trois prêtres de Saint-Martin et deux fonctionnaires. Incollables sur le Mont, sa grande et ses petites histoires, ils partagent avec générosité leur savoir et leur demeure, proposant à celles et ceux qui le souhaitent de la visiter, de ses sous-sols mystérieux à ses greniers.

Un privilège, dormir à l’intérieur du Mont-Saint-Michel, quand la foule regagne par la longue jetée la terre ferme. © DR
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Et le matin, dans leur salle à manger, encombrée d’objets hétéroclites glanés dans le monde entier, offrent un petit déjeuner très normand, très gourmand. Pour, requinqué, prendre son bâton de pèlerin à l’assaut de l’abbaye voisine ou des grèves, véritables réserves animalières.

06 – QUINTA DO PARAL, PORTUGAL
Savourer l’Alentejo

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En acquérant la Quinta do Paral, en 2017, l’homme d’affaires allemand Dieter Morszeck, héritier des fondateurs de la marque de bagages Rimowa, a réalisé son objectif : soutenir à sa manière la tradition viticole de l’Alentejo. Deuxième étape l’an dernier : sur ce domaine de 85 hectares, couvert de vignes (bio) et dans une moindre mesure d’oliveraies, il a inauguré un « hôtel de vignoble » de 22 clés, adults only, qu’il a voulu respectueux du terroir, de grand luxe et empreint de sérénité. Les chambres, suites, appartement et manoir à louer, au style néo-rural, l’offre de restauration raffinée, la très belle piscine, la variété des activités proposées (cours de cuisine, dégustations de vins, balades à cheval…) et le niveau exceptionnel du service lui ont valu d’être labellisé Leading Hotels of the World. La Quinta do Paral mérite le voyage pour le simple plaisir d’un verre sur le rooftop face au coucher du soleil qui embrase les collines striées de vignes.

07 – MAISON NOVA, COLLIOURE

© DR

Et de 5 ! Peu après son ouverture, l’été dernier, cette jolie bâtisse terracotta proche de la plage de Boramar et de la place du marché de Collioure a décroché sa cinquième étoile. Une juste récompense pour un projet ambitieux, écoresponsable, porté par un couple engagé dans la vie locale. La maison doit son charme aux 13 chambres, chacune décorée d’une œuvre d’un artiste catalan, à la piscine à débordement avec vue sur les Pyrénées, au jardin luxuriant et au spa Phytomer, marque pionnière de la cosmétique marine.

08 – FORESTI VILLA, ITALIE

© Forestis

L’ouverture de Forestis, refuge de montagne ultra-contemporain dans un ancien sanatorium au cœur des Dolomites, avait fait sensation en 2020. Aujourd’hui, Forestis Villa complète l’offre dans un format ultra-exclusif : une résidence bâtie en 1912 pour un médecin de 1 200 m2 avec cinq chambres, home-cinema, spa, jardin, piscine dedans-dehors, entourée par la forêt, avec une vue imprenable sur les hauts sommets. Un havre de paix et de solitude sans contrainte puisque le concierge et le majordome se chargent de tout.

09 – MANNA ARCADIA, GRÈCE

© DR

Dans le Péloponnèse, au milieu des forêts de l’Arcadie, c’est encore un sanatorium qui a été transformé récemment en une retraite au vert. Les architectes de K-Studio, qui ont également réalisé le One&Only Aesthesis, ont su, en collaboration avec des archéologues, mettre en valeur le patrimoine bâti, centenaire, et l’âme du lieu pour en faire un Design Hotels de 32 chambres. Avec tout ce qu’il faut pour vivre en autarcie et profiter d’une bouffée d’oxygène en pleine nature, à 1 200 mètres d’altitude.

10 – VILLA MABROUKA, TANGER
Une oasis sur l’océan 

En transformant la villa du couturier Yves Saint Laurent en hôtel, Jasper Conran, designer britannique, a souhaité qu’elle devienne
« une destination en soi, une expérience apaisante ». But atteint.

© Andrew Montgomery

Un pari : créer douze suites et chambres en conservant la magie de la villa de 1930 et de ses jardins débordant de roses trémières, de jasmins, d’orangers, de bougainvilliers, de capucines, de rosiers… dont une partie donne sur la mer. Pour que la végétation soit plus luxuriante encore, Jasper Conran, fils de Terence Conran – fondateur de Habitat et The Conran Shop, décédé en 2020 –, a planté 500 arbustes et arbres, dessiné des massifs fleuris. Franchir le seuil de Mabrouka, « chance » en arabe, après avoir déambulé à travers les ruelles de la médina, c’est basculer dans un havre de paix, glamour et romantique, baigner dans une ambiance comme l’aimait le couturier, élégante, sans ostentation, voluptueuse, lui rappelant la maison de son enfance à Oran. Une villa méditerranéenne par ses couleurs, ses parfums, sa douceur, alliant avec doigté design européen et marocain, une parenthèse tenant à distance l’agitation de la ville, sa moiteur parfois étouffante. Pour se fondre dans l’environnement paysager, les piscines ressemblent à des bassins d’ornement. Une cascade, que la pierre gorgée de soleil chauffe, alimente en eau, la première, celle d’origine, creusée à même la falaise. Le nouveau propriétaire l’a doublée d’une plus petite dont les chevrons en céramique tangéroise émeraude tranchent sur les verts alentour.

Grande suite mêlant objets et mobilier, en majorité chinés. © Andrew Montgomery
Plaisir de prendre son petit déjeuner devant le jardin luxuriant aux nombreuses plantes et fleurs. © Andrew Montgomery

Même souci d’authenticité, de raffinement pour, sans compromettre l’originalité de la maison, imaginer les chambres et les suites aux terrasses se projetant sur les jardins ou les surplombant. Murs blanchis à la chaux, vastes portes et baies vitrées, drapées de voilages arachnéens, les illuminent à toute heure du jour. Le rotin, matériau que travaillent et maîtrisent à la perfection les artisans locaux, posé en tête de lit et en grands panneaux muraux, se laisse adoucir par les miroirs incrustés de nacre et les tapis en cuir et roseau mauritaniens. Déambuler d’une chambre à l’autre : un voyage, chacune portant le nom d’une ville marocaine. On se pose à Essaouira, suite coup de cœur avec son salon vitré, sa cheminée, ses vues de l’océan aux jardins. Et parce que dans ce pays, la gastronomie participe à la plénitude, trois tables résument la richesse de la cuisine marocaine et méditerranéenne, mariant légumes, fruits, herbes achetés au jour le jour sur les marchés, et les meilleures épices.

Plus privés encore

Villa Mabrouka cache dans ses jardins trois pavillons à louer pour un séjour sur mesure. L’un des trois a été conçu par Stuart Church, peintre orientaliste puis architecte, venu s’installer à Tanger au début des années 1960, entraînant nombre d’intellectuels américains tombés sous le charme de cette ville où « tout était permis ». Church, esthète, ascète, vivait dans une simple maison, avec pour seule décoration une photo de Gandhi. Il signa, entre 2010 et 2014, le Mandarin Oriental Jnan Rahma dans la palmeraie de Marrakech. Son propriétaire se fâcha avec le groupe Mandarin Oriental et le palace n’ouvrit jamais sous cette enseigne.

11 – ARKABA HOMESTEAD, AUSTRALIE
Au milieu de nulle part

En lieu et place d’un élevage de moutons et d’une petite unité de traitement de la laine, entre les plis de Flinders Ranges, montagnes d’Australie du sud, Arkaba Homestead, en terre de pionniers, témoigne de leur vie d’avant. Un rêve pour certains.

Chambre aux charmes rustiques. Calme assuré et kangourous en vis-à-vis. © DR

Ainsi va le monde ! À trente minutes en avion ou six heures de route de Melbourne, dans un paysage lunaire où quelques villages quasiment désertés tentent coûte que coûte de survivre, les citadins en quête de paysages no limit, no pollution, no noise, à la recherche de sens, de retraite, de contemplation, parcourent les grands espaces, les chemins, les champs, les pâturages délaissés au milieu du xxe siècle par les fermiers et les éleveurs. Des outils agraires rouillés, abandonnés, des bâtiments en ruine, des puits alimentés par des éoliennes qui ne tournent plus témoignent de cette vie de labeur dans un environnement dont la beauté originelle échappait à ses habitants condamnés à survivre, isolés, dans une nature hostile, le wild bush. Le dernier fermier, ses huit enfants et sa femme ont plié bagage en 1980, laissant leurs outils dans les champs. Ils sont toujours là. 

Les humains partis, les kangourous, les émeus, les énormes lézards, les iguanes ont retrouvé leurs marques, s’épanouissant, en toute liberté, dans ces creux et ces bosses, ces vallées profondes et ces sommets pelés, arasés que la lumière dore, le matin et le soir, chassant les ombres noires des sommets. Et les hommes, un demi-siècle plus tard, ont débarqué non pour travailler mais pour se repaître de cette rareté, un air pur, appréhender la faune, la flore, d’un monde revenu à l’état sauvage. Admirable ! Pour les accueillir, Arkaba Homestead, membre de la collection Luxury Lodges of Australia, a ouvert là où vivaient autrefois les bergers et les éleveurs de moutons, non loin de la dernière ferme désertée. Cinq chambres d’hôtes rustiques et confortables, peaux de mouton, meubles simples menuisés sur place, textiles tissés main assurent un sommeil sans trouble après une journée de safari ou de longue marche.

Un petit lodge, perdu au milieu du bush, pour explorer les environs riches en histoire. © DR

Les hôtes peuvent entrecouper leur séjour de deux à trois jours de randonnées à pied vers les sommets et de nuits sous la tente. À la carte ! Le personnel bienveillant, du directeur aux rangers, des étudiantes venues de loin, assurant qui l’entretien, qui le petit déjeuner, qui la cuisine, avec brio et inventivité, un Népalais, diplômé en relations internationales, participent à l’ambiance joyeuse, décontractée. Le luxe dépouillé, sans chichis, sans falbalas. Avec les kangourous curieux se hasardant jusqu’aux portes du lodge.

Fiasco d’une lune de miel

À un kilomètre du lodge, Arkaba Station, où on tondait les moutons, puis traitait leur peau. Quelques paniers rustiques, quelques ballots de laine brute, et quelques outils rappellent ce passé proche. Le lieu, dans sa nudité intrinsèque, dégage un quelque chose d’irréel. Joli décor pour cinéaste. Il y a trois ans, un amoureux séduit par cette atmosphère décida d’y organiser sa nuit de noces. Il passa commande à l’ébéniste le plus proche d’un lit et d’une commode de style, embaucha un butler pour préparer « la chambre », draps de soie, fleurs et champagne… croyant séduire sa belle. Mais celle-ci, insensible à l’originalité et l’exclusivité, et sensible au léger parfum de suint, rompit tout de go son mariage. La chambre à coucher, démontée, insolite, couverte de poussière, attend contre un mur une fin plus heureuse. Des volontaires ?

Y aller : avec Cathay Pacific, via Hong Kong. cathaypacific.com

12 – AMANPURI, THAÏLANDE
Le bien-être absolu 

Le tout premier Aman, inauguré à Phuket en 1988, a fait peau neuve. Les pavillons et les villas ont été rénovés, l’offre gastronomique a été repensée, et surtout, une ravissante Spa House vient compléter une approche holistique désormais totalement aboutie.

Prendre un bain avec vue : un double plaisir qu’offrent certains pavillons du resort. © Aman Resorts

C’est là où tout a commencé. Avant que Adrian Zecha, le fondateur d’Aman, la repère, la péninsule isolée à l’ouest de l’île était encore vierge de toute construction, si ce n’est quelques cabanes en bois. Avantage d’être le premier, il investit le meilleur spot, la colline plantée de cocotiers qui descend jusqu’à la plage. Depuis plus de 40 ans, l’Amanpuri a grandi, mais il se fond toujours dans la nature luxuriante, tout en la respectant, la protégeant. Un enchantement, loin de la frénésie des hauts lieux touristiques de Phuket.

Deux décors féeriques : la piscine sous les cocotiers avec la mer dans la continuité et un pavillon de la nouvelle Spa House. © Aman Resorts
© Aman Resorts

Lors de la rénovation toute récente du resort, le bien-être a fait l’objet d’un soin tout particulier avec l’ouverture d’une Spa House privée, équipée d’installations d’hydrothérapie (salle de douche Vichy, hammams et saunas Banya et infrarouge, bassin froid, jacuzzi), d’une piscine, d’un deuxième jacuzzi et d’une terrasse à la vue directe sur la mer d’Andaman. À l’accueil, ce sont des « concierges bien-être » qui conseillent et guident les clients, détaillant, en fonction des attentes et des envies de chacun, les bienfaits des soins, notamment ceux inspirés des traditions thaïlandaises ou chinoises, et le contenu à affiner sur mesure des programmes complets de 4 ou 6 heures. Des « immersions bien-être » de 3 à 5 nuits (détox, gestion du stress…) et des consultations médicales (axées sur l’anti-âge, l’esthétique, le sport…) sont également proposées. À l’intention des sportifs justement, l’Amanpuri met à disposition un vaste espace fitness vue mer, complété par un studio de Pilates et de yoga et même un ring de boxe muay-thaï. Des coachs privés sont présents sur place. L’expérience peut se prolonger sur la plage avec des sessions accompagnées de yoga-paddle, de surf, ou dans les environs avec des parcours guidés à vélo.

À table, le Japon et la Méditerranée

Lors de sa rénovation, l’Amanpuri a renforcé ce qui fait tout son charme unique : le luxe chaleureux et feutré. Plus que jamais, les pavillons reconfigurés et redécorés célèbrent l’héritage thaïlandais en mettant le bois en vedette. Du côté des restaurants, deux nouveautés : le japonais Nama est installé désormais tout en haut du grand escalier, face à la mer, dans un décor signé du starchitecte Kengo Kuma et il accueille des sushi masterclasses. Il a laissé sa place les pieds dans le sable au Nura, à la cuisine méditerranéenne et à l’ambiance plus décontractée, un concept décliné aussi à l’Amanzoe en Grèce.

12 THE RETREAT COSTA RICA
L’expérience de la pura vida

Dans ce petit pays d’Amérique centrale, il existe des lieux qui invitent à transcender les maux du corps et de l’esprit, à suivre la philosophie de la « pura vida ». Perché sur une montagne de quartz, The Retreat est l’un d’entre eux.

La végétation luxuriante invite à déconnecter le mental en douceur pour revenir à ses sensations corporelles. © DR


Proche de la ville d’Atenas, à une quarantaine de kilomètres de San José, la capitale, The Retreat Costa Rica se dévoile, lové dans un écrin de verdure. A priori, rien d’étonnant dans ce pays choyé par l’océan Pacifique à l’ouest et la mer des Caraïbes à l’est, où les écolodges de luxe fleurissent un peu partout. Pourtant, ce que l’on ressent ici rend l’expérience unique. Créé en 2015 par l’entrepreneuse américaine Diana Stobo, passionnée de wellness, The Retreat a été imaginé pour privilégier les sensations du corps et mettre de côté la réflexion, faire fi de la charge mentale. Dans le hall principal, les nouveaux arrivants se rafraîchissent avec une boisson, première étape pour apprivoiser la chaleur tropicale, puis sont invités à déposer leurs mains, en conscience, sur un énorme cristal afin de laisser derrière eux tout ce qui les encombre. Les meubles épurés, les pierres de lithothérapie et les objets de décoration d’inspiration orientale sont soigneusement exposés selon les préceptes du feng shui pour harmoniser l’énergie de ce lodge de 18 clés. La cuisine ouverte sur l’espace commun laisse entrevoir les chefs concentrés qui préparent des plats raffinés à base de fruits et de légumes exotiques provenant du jardin biologique. Le restaurant donne sur la cascade de la piscine, entourée de plantes gigantesques.

L’espace bien-être comprend une piscine donnant sur le Pacifique, le spa, une terrasse dédiée à la méditation, une salle de sport. © DR
« Du jardin à l’assiette » : les plats préparés par les chefs cuisiniers sont réalisés avec des produits locaux et bio. © DR

Sur le chemin qui mène au Luxury Loft, il n’est pas rare de croiser coatis curieux, colibris multicolores et toucans flamboyants. Chaque chambre s’ouvre avec le smartphone du client sur lequel a été collée une mini-clé magnétique. Dans la suite, les feuilles des palmiers effleurent les baies vitrées de la salle de bains. Depuis la baignoire, cette danse hypnotique exerce un effet apaisant. Au petit matin, le chant des oiseaux accompagne jusqu’à la salle de yoga. Pour compléter la relaxation, le Vida Mía Spa propose, outre des retraites complètes de 3 à 7 nuits, des soins ayurvédiques et des rituels inspirés par les plantes locales. Au fur et à mesure, les nœuds du corps se délient et rendent possible le lâcher-prise. On en ressort plus léger, avec la sensation que lorsque l’on chérit son corps, il nous le rend bien.

Un nouveau chapitre

Ce printemps, The Retreat Costa Rica aura achevé de lourds travaux et ouvert dix suites, les Santosha Lofts, ainsi que Santosha Clubhouse, un espace commun dédié à la détente, inspiré par l’art autochtone et les éléments de la nature. Trois expériences culinaires inédites seront également proposées, dont le Richard’s Kitchen, orchestré par le chef étoilé anglais Richard Neat.

13 – SPIER HOTEL, AFRIQUE DU SUD
Vin, luxe et art

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Spier Wine Farm compte parmi les domaines viticoles les plus réputés de la région du Cap, les plus anciens aussi : il date de 1692. Pour accueillir dans les meilleures conditions ses clients fidèles et les touristes de passage en quête d’expériences authentiques et de connexion avec la nature, les propriétaires, la famille Enthoven, viennent de rénover entièrement ce qu’ils appellent eux-mêmes un « hôtel de ferme ». Un véritable mini-village en réalité, avec 80 chambres et suites donnant sur un jardin ou sur la montagne du Helderberg, un spa avec des produits à base des plantes médicinales cultivées sur place, une immense piscine, un kids club, trois bars, deux restaurants « de la ferme à la table ». Et atout non négligeable, une collection de quelque 3 600 œuvres d’art africain contemporain, l’une des plus riches du pays, réparties un peu partout. Deux nouvelles villas privées de 3 chambres seront disponibles au début de l’été prochain.

14 – INTERCONTINENTAL MALDIVES MAAMUNAGAU, MALDIVES

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Attention, paradis en vue… À 35 minutes d’hydravion de Malé, ce resort maintes fois primé depuis son ouverture en 2019 reçoit couples et familles dans de merveilleuses villas et résidences en bord de lagon ou sur pilotis. Son point fort : le spa Avi, dont les cabines sont elles aussi posées sur pilotis. Il vient de nouer un partenariat avec la marque française Biologique Recherche. Intéressant, son forfait Digital Detox, avec des séances de méditation et de yoga en pleine conscience.

15 – ÅMOT, NORVÈGE

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Entre Bergen et Ålesund, dans la région des fjords, un couple s’est lancé le défi de créer l’endroit parfait pour trouver la zénitude absolue. Avec des arguments : chambres douillettes dans une villa et un cottage joliment restaurés, bain à remous, sauna au bord de la rivière, cuisine du terroir, balade en bateau ou à vélo électrique, promenade jusqu’à une cascade… Mai à septembre est la meilleure période pour profiter au maximum de ce hameau pour 14 personnes, en privatisation totale.

16 – OMBI, FLORIDE

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Quand certains s’échappent en haute montagne ou en pleine campagne pour déconnecter, d’autres préfèrent tout quitter pour se retrouver, seul ou à deux, littéralement au milieu de l’eau, ici dans le décor tropical des Keys. Les bungalows flottants de Ombi réunissent tous les critères d’une chambre d’hôtel : le lit king size, de nombreux équipements, sans oublier la terrasse. Savourer le silence et la légère brise dans un hamac entre une sortie en kayak et une session de snorkeling, voilà le programme.

Article paru dans le numéro 139 d’Hôtel & Lodge.

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