Les Roches Rouges, danse avec la mer 

Dix ans après avoir jeté l’ancre à Saint-Raphaël pour créer ce 5-étoiles de bord de mer, le groupe Beaumier vient de finaliser une extension ambitieuse qui tisse un lien plus étroit encore avec la Méditerranée. Omniprésente, envoutante.

Texte Céline Baussay

Rarement on aura vu édifice aussi laid sur un spot aussi idyllique de la Riviera française. « Carcasse », « verrue », les qualificatifs ne manquaient pas pour désigner cette construction en béton, longtemps laissée à l’abandon, avec laquelle Les Roches Rouges partageaient sa baie. « Depuis dix ans, nous rêvions de la récupérer, explique l’architecte Antoine Ricardou de l’agence A.S.L, fidèle partenaire du groupe Beaumier (Le Moulin à Lourmarin, Le Fitz Roy à Val Thorens, Petunia à Ibiza, bientôt le Grand Hotel Belvedere à Wengen en Suisse), qui avait collaboré avec le studio Festen pour rénover le premier immeuble des Roches Rouges, datant des années 1950. La réponse hôtelière est la seule qui peut sauver ce type de bâtiment. Les acteurs publics locaux voulaient le détruire, mais personne n’en avait les moyens et une démolition coûte très cher. » Finalement, l’affaire se conclut et A.S.L se lance dans les travaux : « C’était très challengeant. Il y avait des plateaux et des poteaux, la forme était alambiquée, et nous n’avions pas le droit de changer un millimètre de l’existant. » 

Alors que la pleine saison débute, le résultat est là, bluffant : l’extension de l’hôtel se fond dans le décor avec ses façades immaculées et ses stores jaune soleil, dans un style épuré, moderniste, qui fait écho à celui de la première bâtisse des Roches Rouges. « Des opportunités de mettre des clients devant la mer, à ce point, il n’en existe pas, note Antoine Ricardou. Nous voulions créer une coque, la plus neutre possible, pour faire vivre la Méditerranée. Son énergie, sa puissance sont exceptionnelles et pour les accueillir, il fallait de la neutralité. Ici, elle est dans un prisme cinématographique. »

Dès l’entrée dans les 25 chambres (67 au total dans l’hôtel), la vue est captivante, époustouflante, sur cette Méditerranée à la fois tout près et étendue à l’infini, mais aussi sur l’île d’Or, si magnétique, et sur le massif de l’Estérel dont les roches rouges ont donné leur nom à l’hôtel. A.S.L a soigné l’effet « waouh ». La configuration des trois suites en angle donne même l’impression d’être sur un bateau qui s’avance dans la mer. Cette mer, encore, qui semble pénétrer dans les intérieurs, par touches bien pensées : aux murs, des cartes marines sur lesquelles Antoine Ricardou a dessiné des voiliers, ses photos personnelles prises au large, une suspension en céramique, œuvre de l’artiste Imori, de la forme des grosses chaînes qui traînent sur les quais, dans les ports. Dans chaque salle de bains, une œuvre en céramique de Juliette de Ferluc, dans laquelle elle fige la mer. Les meubles chinés côtoient ceux réalisés sur mesure. Le choix et le travail des matériaux, le rotin, les carreaux de terre cuite de rougeole, le béton quartzé au sol, le plâtre des moucharabiehs, témoignent d’un souci du détail, d’une quête du beau sans effet de style inutile. La mer rend humble.

Lignes fluides, façade immaculée, balcons en enfilade : la nouvelle aile de l’hôtel affiche une architecture sobre. © DR
À l’intérieur du restaurant Estelo ou sous les pins à La Chicoula : deux options pour déjeuner sur le pouce et profiter au maximum de chaque journée ©. DR
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Dans la nouvelle extension, les chambres en angle offrent les panoramas les plus spectaculaires. © DR
En haut à droite, l’un des salons cosy tout récemment créés dans le bâtiment principal pour buller entre deux baignades dans la piscine d’eau de mer ou dans le bassin de nage. © DR
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Un été de nouveautés

L’extension des Roches Rouges s’accompagne de l’aménagement, sur les rochers juste devant, de mini-terrasses équipées de transats, d’un accès facilité à la baignade, et de la création d’une guinguette, La Chicoula, sous les pins, au milieu du très beau jardin méditerranéen, juste au-dessus de la piscine d’eau de mer. L’hôtel accueille cette année un nouveau chef, Alexandre Baule (ex-L’Alpaga à Megève), notamment en charge de la table étoilée, Récif, qui magnifie les produits de la mer. Posée au tout dernier étage, avec un panorama incroyable, elle domine la Méditerranée, tel un paquebot.

Article paru dans le numéro 141 d’Hôtel & Lodge.

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