Soixante-dix ans après son ouverture, Le Sirenuse n’a changé ni de mains, ni de standing. Du haut des balcons face à la Grande Bleue, la troisième génération des Sersale veille sur ce petit bijou d’hôtel, icône de la côte amalfitaine.
Par Céline Baussay
Quand, en 1951, les frères et sœurs de la famille Sersale, Paolo, Aldo, Franco et Anna, acquièrent une villa du XVIIIe siècle à flanc de falaise, le village de Positano est encore un secret bien gardé. La côte amalfitaine existe déjà (depuis un siècle !), mais la route n’est pas pavée et encore plus étroite qu’aujourd’hui… Difficile à imaginer. La fratrie transforme ensuite sa résidence d’été en un petit hôtel dont le nom, Le Sirenuse, évoque les « îles aux sirènes », les Li Galli, qui scintillent au large. Il devient vite l’incarnation du chic balnéaire à l’italienne, en version intimiste.
Aujourd’hui membre de Leading Hotels of The World, il possède 58 chambres et suites au cachet intemporel, un restaurant, un spa et un bateau vintage pour les excursions quotidiennes.
Décennie après décennie, ses hôtes, dont bon nombre d’écrivains, artistes et musiciens, s’émerveillent de son esthétique parfaite.
Franco Sersale, le patriarche, a veillé à accorder l’architecture néoclassique, les plafonds voûtés, les arcades élégantes, avec des éléments de décoration de très belle facture : antiquités, céramiques, tableaux de maîtres. « Chaque carreau, chaque pot de fleurs ou verre à cocktail, chaque corniche en stuc a une histoire, souligne l’actuel copropriétaire, Antonio. Les Sersale ont toujours aimé travailler avec des artisans passionnés, interprètes contemporains de traditions locales séculaires. » Et puis, il y a cette vue à couper le souffle depuis les chambres et la terrasse de la piscine sur la Méditerranée et sur l’église, les escaliers vertigineux et les maisons colorées accrochées à la roche de Positano, « un lieu féerique qui vous semblera irréel tant que vous y serez, mais dont vous sentirez avec nostalgie toute la profonde réalité dès que vous l’aurez quitté », écrivait le romancier John Steinbeck en 1953, après avoir séjourné au Sirenuse.
Nouveauté 2021 : le Don’t Worry Bar
Cet été, l’un des plus beaux salons de la villa a été transformé en bar à cocktails, le Don’t Worry Bar : un lieu à l’allure délicieusement rétro organisé autour d’un comptoir en noyer napolitain, laiton, onyx et feuilles d’or du début du XVIIIe siècle, magnifiquement restauré. Son nom reprend celui d’une installation en néons signée Martin Creed. Ce plasticien anglais fut, après le Suédois Karl Holmqvist en 2015, le deuxième des artistes contemporains invités chaque année en résidence qui laissent à leur départ une œuvre créée in situ.
Article paru dans le numéro 118 d’Hôtel & Lodge