Habitas AlUla, dans la sérénité du désert saoudien

Récemment sorti des sables, Habitas transforme l’une des plus belles vallées des montagnes d’AlUla en une oasis de luxe subtil et de tranquillité. Paysages majestueux, œuvres d’art et architecture intégrée créent le triptyque parfait pour ressourcer son âme et reposer son esprit.

Texte Astrid Latapie

Les caravaniers remontant myrrhe et encens sur les rives de la Méditerranée trouvaient déjà refuge dans la somptueuse vallée d’Ashar : des graffitis vieux de 7 000 ans gravés dans le grès tendre des montagnes en témoignent. Aujourd’hui, Habitas entretient la légende immémoriale des lieux en sublimant l’art de se ressourcer. De hautes montagnes polies par les vents et craquelées par la pluie enchâssent une vallée tapissée de sable beige, doux comme de la soie. Après avoir protégé les chameliers poussiéreux pendant des siècles, elles contemplent avec bienveillance les voyageurs avides de culture et de nature qui prennent possession des lieux. Une route privée remonte jusqu’au tréfonds du vallon, les falaises se resserrant pour former un cocon enchanteur.

Des tons de sable clair tout juste rehaussés des couleurs vives des tapisseries bédouines traditionnelles créent une harmonie apaisante et chaleureuse. © Tanveer Badal
L’oasis d’AlUla était une étape incontournable des caravaniers remontant épices et étoffes jusqu’aux rives de la Méditerranée. © DR

À mi-chemin, la réception du Habitas AlUla barre la route, comme pour avertir le visiteur que d’un côté réside le monde et son bruissement et que de l’autre se cache un univers merveilleux réservé à quelques initiés. La bâtisse contemporaine, vaisseau de verre et de bois, donne le ton du séjour. L’espace est feutré, empreint de discrétion et d’élégance, tout juste ponctué de poufs et de fauteuils tendus de tissus ethniques. Un rituel de bienvenue attend les hôtes, invités à jeter au feu quelques grains de résine de mastic dont les effluves viennent purifier l’âme et embaumer l’air.

Les villas ont été conçues pour minimiser leur impact sur l’environnement. Pas de fondations en béton, elles peuvent être démontées sans laisser de traces. © Kleinjan Groenewald
© Tanveer Badal

L’accès aux 96 villas s’effectue en golfette électrique. Les maisonnettes aux lignes pures s’étirent sur toute la largeur et la profondeur du canyon. Leur disposition irrégulière garantit un maximum d’intimité tout en assurant des vues spectaculaires. Elles sont conçues pour se fondre au mieux dans cet environnement désertique. Des poutres de bois esquissent la structure et apportent une touche de naturel. Des plaques de résine de bois beige habillent les murs aveugles. De larges baies de verre et d’acier ouvrent les chambres sur l’extérieur et convient la lumière à pénétrer généreusement. Des auvents de toile, références aux tentes des Bédouins, abritent les terrasses. Dans les villas, le bois prédomine, avec un parquet chaleureux, du mobilier épuré. L’Arabie s’invite par le choix de coussins aux tissés traditionnels, ainsi que par les grands plateaux de cuivre ciselé transformés en tables basses. Les salles de bains minimalistes profitent également de la lumière naturelle en donnant sur une douche extérieure, préservée des regards indiscrets par des bastis, des palissades en palme tressée. L’apparente simplicité de l’architecture et la justesse des volumes révèlent une volonté de discrétion, d’effacement au profit de la majesté du site. C’est les yeux rivés sur les falaises ou noyés dans le ciel moucheté d’étoiles que le voyage intérieur peut commencer.

Le restaurant Tama propose une cuisine saine et raffinée, aux influences méditerranéennes évidentes, qui met l’accent sur les légumes. © Tanveer Badal

Une douce paix règne partout dans cet hôtel, mi-lodge, mi-resort. Des vélos électriques permettent de se déplacer aisément et silencieusement pour gagner Tama, le restaurant. Installé sur les hauteurs, il domine la propriété. Depuis la piscine qui lui fait face, le regard dévale jusque dans la plaine d’AlUla. La programmation musicale a été pensée en fonction des heures et des humeurs de la journée. Un peu à l’écart, caché dans le repli d’une montagne, l’espace baptisé Thuraya invite au bien-être. Le cerveau se détend lors d’une séance de méditation sonore, dans la quiétude de la salle de yoga. Le corps, lui, se délasse au spa où l’accent est mis sur les senteurs. L’huile essentielle se choisit les yeux fermés en humant de petits flacons. Le soin débute par un rituel de purification de l’esprit et se termine par une tisane dégustée dans le salon zen, pour un moment de détente intense. Alors que la nuit tombe, les lumignons s’allument pour signaler les chemins parcourant la vallée plus que pour les éclairer. Dans sa démarche très engagée de préservation de l’environnement, Habitas veille aussi à limiter les pollutions lumineuses et sonores. C’est alors, dans le silence enveloppant du désert et dans une obscurité profonde, que s’observent les fabuleuses nuits étoilées.

Les matériaux naturels qui habillent les chambres créent un cocon de douceur. © Tanveer Badal
Le lodge est blotti dans un méandre sablonneux de la vallée d’Ashar. © Tanveer Badal
Véritable emblème d’AlUla, le tombeau de Lihyan, fils de Kuza, est tourné vers l’ancienne ville d’Hegra, la capitale des Nabatéens au IIe siècle avant notre ère. © DR

Visites essentielles

Le royaume transforme actuellement l’oasis d’AlUla en capitale de la culture, en s’appuyant sur un patrimoine exceptionnel et en amenant l’art au cœur du désert. La preuve avec quatre lieux incontournables.

Maraya : cette salle de concert de 500 places se fond littéralement dans le cadre somptueux des montagnes de la vallée d’Ashar. Le bâtiment, recouvert de milliers de miroirs, crée une illusion parfaite : ce qui s’affiche devant les yeux du visiteur est en réalité derrière lui…

Hegra : cette ancienne cité nabatéenne dissimulée dans les montagnes a conservé presque intactes les façades de ses 120 tombeaux taillés dans la roche. Avec Pétra, en Jordanie, il s’agit du plus important héritage de cette civilisation aux origines mystérieuses.

Old AlUla : entre les maisons en pisé en cours de restauration, les placettes bordées de cafés et de terrasses, le souk investi par les commerces et les restaurants, la vieille ville d’AlUla séduit par son charme intemporel.

Gharameel : les caravanes se déplaçaient de nuit, à l’aide des astres, pour échapper aux fortes chaleurs. C’est sur ce plateau, un peu plus près des étoiles, que leurs connaissances se transmettaient.

Habitas AlUla invite à la reconnexion du corps et de l’esprit. En hiver, le yoga se pratique en extérieur, à la fraîcheur des petits matins. © Kleinjan Groenewald

L’art s’invite à Habitas 

Avant d’accueillir Habitas, ce bout de vallon fut le premier site d’exposition de Desert X, le rendez-vous de l’Arabie saoudite avec l’art contemporain. Cinq œuvres sont toujours en place, incitant le visiteur à explorer les lieux pour les trouver. Toutes entrent en résonance avec le désert, chacune à leur manière. Certaines, comme la caravane de faune et de flore de l’artiste libanais Nadim Karam ou le jardin coloré imaginé par Mohamed Ahmed Ibrahim, questionnent son devenir. Elles se font parfois ludiques, à l’image des balançoires du collectif danois Superflex ou des « flaques-trampolines » de la Saoudienne Manal Aldowayan.

Assise en position de méditation sur son rocher, Najma, de l’artiste Lita Albuquerque, fait écho au sentiment d’éternité qui plane sur les lieux. © Kleinjan Groenewald

Quant à Najma, la femme assise sur son rocher, elle bouscule les codes en étant l’une des premières œuvres figuratives exposées en Arabie saoudite.

Article paru dans le numéro 125 d’Hôtel & Lodge.

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