Élysée-Montmartre Hôtel, musique douce

À Paris, sur le boulevard Rochechouart, en sandwich entre le Trianon et l’Élysée Montmartre, salles de spectacles historiques, une façade vitrée en bois blond laisse deviner le lobby d’un tout nouveau 4-étoiles confidentiel. Éloge de la sérénité.

Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû / Photos Julien Labrousse

À deux pas du Sacré-Cœur, le square d’Anvers et ses quelques brins de verdure calment un peu la turbulence du boulevard Rochechouart. Un des axes de la capitale où les flots de touristes montant à l’assaut de la Butte luttent avec les automobilistes énervés et, les soirs de concert, fendent les longues queues trépignantes des fans. Autant dire un quartier qui bouge, qui vit et qui parfois dérange. Propriétaires du Trianon et de l’Élysée-Montmartre, Abel Nahmias, producteur, et Julien Labrousse, architecte designer, se sont une nouvelle fois associés pour ouvrir, non pas une troisième scène musicale, mais un petit bijou, feutré, confortable, parfaitement insonorisé, de 16 chambres, certaines avec terrasse, et 4 en duplex pouvant accueillir 4 adultes. Leur parti pris : l’artisanat, l’originalité, le confort à prix maîtrisé et l’ancrage dans ce quartier si parisien.

Dans le lobby, plafond sculpté et bureau de la réception ont été imaginés par Julien Labrousse, l’un des deux propriétaires. © Julien Labrousse
Salon, deux chambres, belle luminosité, teintes claires et volumes confortables pour les quatre duplex. © Julien Labrousse
© Julien Labrousse

« Dans mon studio, Policronica, j’ai dessiné tout le mobilier, la moindre chaise, la moindre table, la moindre étagère, le moindre luminaire. Ensuite, tout a été produit par mes équipes au Portugal dans une usine désaffectée que j’ai remise d’équerre », explique Julien Labrousse. L’eucalyptus, bois utilisé en priorité, impose dès le lobby son parfum mentholé, apaisant. « Habituellement, cette essence sert, au Portugal, à fabriquer du papier, note Julien Labrousse. Je l’ai détournée de son usage premier, séduit par sa couleur tendre, son aspect lisse, sa modestie. »

Tout le mobilier en bois d’eucalyptus a été conçu pour l’Élysée-Montmartre Hôtel. Leur créateur envisage de les éditer. © Julien Labrousse
L’excellente isolation, les arbres du boulevard Rochechouart, la lumière naturelle ajoutent au charme des 16 chambres. © Julien Labrousse

Étoffes claires, moelleuses pour certaines, légères, transparentes pour d’autres, œuvres d’art amusantes, sans prétention, soulignées par des cadres, eux aussi faits maison… L’Élysée-Montmartre Hôtel, que le soleil inonde avec générosité, escalade ses trois étages, guilleret, sans chichi. Au rez-de-chaussée, largement ouvert sur le boulevard, le lobby avec ses briques apparentes, mises à jour lors des travaux, son plafond sculpté, ses tapis naturels, se démultiplie. Le matin, au petit déjeuner, le café fleure bon, la carte proposant différents crus sélectionnés auprès de torréfacteurs indépendants. Le soir, version bar, les conversations grimpent de quelques décibels et la carte « Grignotages » apaise les petites faims. À toute heure, sur les canapés des espaces salons disséminés de-ci de-là, on se relaxe, on papote parfois avec les artistes qui se produisent next door. « Pour garantir une réelle sérénité et un service parfait, le lobby, bar compris, n’est accessible qu’à nos hôtes, pas à la clientèle extérieure. De même, nos clients bénéficient de coupe-files privilégiés lorsqu’ils achètent des places pour nos concerts. Nous voulons qu’ils deviennent fans de notre hôtel, mais aussi de Montmartre, où il y a tant à découvrir au-delà des classiques de la Butte », confie Abel Nahmias.

De la Goulue aux Daft Punk

© Julien Labrousse

Classée monument historique, ouverte en 1807, d’abord salle de bal populaire, l’Élysée-Montmartre a joué les cabarets, avec La Goulue et son french cancan, les rings de boxe, après la Seconde Guerre mondiale, avant, en 1970, d’accueillir les meilleurs chanteurs et musiciens de cette époque post yéyé. Malmenée par un incendie en 2011, fermée, on l’a crue à jamais condamnée. Jusqu’à ce qu’Abel Nahmias la rachète et la reconstruise derrière sa façade Art déco. Et que le 15 septembre 2016, -M- s’y produise pour sa réouverture. Des plus connus qui ont joué sur sa scène, David Bowie, Björk, Daft Punk, Indochine, jusqu’aux plus alternatifs tel Digitalism (en concert le 21 mars prochain), l’Élysée Montmartre frémit, rugit de toutes les musiques. Et se loue à l’envi pour des événements privés ou professionnels. L’hôtel, sous les auspices complices du Trianon et de l’Élysée-Montmartre, sa jumelle et voisine, débute ses gammes. En fanfare.

Article paru dans le numéro 138 d’Hôtel & Lodge.

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