El Palace Barcelona, l’œuvre ultime de César Ritz

Premier 5-étoiles de la belle catalane, « le Ritz », pour reprendre son nom d’origine, conte à chacun de ses sept étages cent ans de vie trépidante. Cent ans d’histoire animée par des personnages de légende.

Par Anne-Marie Cattelain Le Dû / Photos : droits réservés

Janvier 1920, branle-bas de combat sur la Gran Via de les Corts Catalanes, l’artère chic de Barcelone : le Ritz ouvre ses portes, quelques mois après le décès de César Ritz. Au départ, le berger suisse devenu créateur des plus beaux hôtels du monde refuse ce chantier. Il est usé et n’érige des palaces que dans les capitales. L’homme d’État Francesc Cambó, à l’origine du projet, le convainc, arguant de la nécessité de disposer, pour l’Exposition universelle prévue dix ans plus tard à Barcelone, d’un lieu à la hauteur de l’événement. Argument choc. César reprend du service et réalise un joyau, avec son escalier monumental, ses salles de réception, ses lustres en cristal, ses 120 chambres et suites dotées de grandes salles de bains.

Au cœur de Barcelone, dans le quartier le plus chic, celui des belles enseignes et des immeubles bourgeois, César Ritz accepta de construire son dernier chef-d’œuvre en 1916.

Peu de temps après l’ouverture, le séjour d’Alphonse XIII, roi d’Espagne, et de son épouse la reine Victoire-Eugénie, attire nombre d’aristocrates et de grands bourgeois soucieux de paraître dans cet endroit en vue. Ainsi débutent les mondanités, des fashion tea dans les années 1940, où défilent les modèles les plus extravagants des grands couturiers espagnols, aux concerts de Joséphine Baker dans le grill-room et aux bals du Nouvel An.

Souvenir des fashion tea où les défilés haute couture affichaient complets.

Ainsi débute aussi le défilé des personnalités, de l’acteur Cary Grant à l’artiste Salvador Dalí qui, trois années durant, y prend ses quartiers d’hiver, multipliant les extravagances, telle la livraison dans sa suite d’un cheval empaillé pour sa dulcinée, Gala. Au fil des années, les personnalités les plus diverses s’y succèdent et le Ritz se patine.

Souvenir des excentricités de Dalí, hôte célèbre, livrant un cheval empaillé dans sa suite.

En 2007, le groupe hôtelier HUSA, dirigé par l’ancien président du FC Barcelone, Joan Gaspart, et sa famille, dorénavant propriétaire du 5-étoiles, décide de sa fermeture à des fins de restauration. Surprise : à sa réouverture, en 2009, le Ritz, suite à un imbroglio juridique, perd son nom d’origine, devenant El Palace Barcelona, avant d’être racheté en 2011 par un couple algérien. L’épouse, attachée à « son » palace, souhaite le moderniser davantage et, en 2016, diligente un architecte pour qu’il crée six Art suites inspirées de l’univers d’hôtes célèbres, César Ritz, Joséphine Baker, Salvador Dalí, Joan Miró, Ronnie Wood et Carlos Ruiz Zafón. Six ambiances évoquant leur personnalité, avec des signatures olfactives exclusives du parfumeur Carner. Aujourd’hui, labellisé Leading Hotels of The World, dirigé par Friedrich von Schönburg, brillant hôtelier de 37 ans, diplômé de l’EHL, école hôtelière de Lausanne, El Palace s’empare des codes du XXIe siècle.

Séances de yoga le samedi, chalet en hiver, parasols en été : le rooftop, au septième étage, est un lieu très prisé.

Il vient de signer avec la ville un accord de protection de la biosphère, réduisant de 35 % sa consommation de papier et de plastique, et donnant la priorité aux producteurs locaux. Une piscine se dresse sur le rooftop, un spa inspiré de la culture maya dispense massages et soins.

Les hôtels voisins, même plus récents, envient sa piscine jouxtant, au dernier étage, le Rooftop Garden, restaurant qui, l’été, ouvre grand ses baies.

« Le 5-étoiles s’ancre de nouveau au cœur de la ville, invitant les Barcelonais à le redécouvrir lors des afternoon tea, le soir au Bluesman Cocktail Bar et le samedi aux séances de yoga. Heureux de fréquenter ce lieu qu’aimait le roi Alphonse XIII », se réjouit le directeur. Le Ritz, pardon, El Palace, entame, optimiste, son deuxième siècle. 

Musique live, alcools rares, ambiance tantôt électrique, tantôt feutrée, le Bluesman Cocktail Bar apporte une note jazzy, funky…

Article paru dans le numéro 122 d’Hôtel & Lodge

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