GalvaudĆ©e lāexpression vivre en Robinson mais ici elle sāimpose. Si ce nāest que le Robinson de Voavah, Ć®le privĆ©e, dĆ©barque gĆ©nĆ©ralement en tribu. Sauf moi, exilĆ©e volontaireā¦ EntourĆ©e dāune Ć©quipe de vendredis prompte Ć māĆ©pater.Ā
Lorsque les instituts de sondage internationaux interrogent les voyageurs fortunĆ©s sur leur destination de rĆŖve, ils citent les Maldives dans le trio de tĆŖte aprĆØs le Japon et lāItalie. Alors, fi des grincheux qui dĆ©nigrent la destination pour cause dāislamisme mais se prĆ©cipitent en Iran, pays qui exĆ©cute toujours les enfants coupables de dĆ©lit. Surfant sur ces dĆ©sirs dāĆ©vasion maldivienne plutĆ“t quāouvrir un troisiĆØme resort dans lāarchipel, le groupe Four Seasons a jetĆ© son dĆ©volu sur une Ć®le de deux hectares dans lāatoll protĆ©gĆ© de Baa oĆ¹ chaque annĆ©e une colonie de plus de 200 raies mantas sāinstalle de mai Ć novembre, les fonds les pourvoyant largement en nourriture. Voavah, hĆ“tel privĆ©, unique dans cette partie de lāocĆ©an Indien fortement dotĆ©e en Ć©tablissements trĆØs Ć©toilĆ©s, venant dāouvrir, la tentation Ć©tait trop forte dāy poser mes tongs et mes palmes. Le premier hĆ“te, un industriel belge avec famille et amis, ayant pliĆ© bagage aprĆØs quinze jours hors du monde et le suivant non encore annoncĆ©, Ć moi la robinsonnade.
Le Voavah Summer, yacht Ć la disposition exclusive des occupants de lāĆ®le māattendait, amarrĆ© au ponton du Landa Giraavaru Four Seasons, son Ć©quipage en uniforme blanc alignĆ© sur le pont. Amarres larguĆ©es, le bateau flambant neuf de 19 mĆØtres surfait sur la crĆŖte des dĆ©ferlantes sans coup fĆ©rir. MĆŖme les dauphins sautant Ć qui mieux mieux dans sa vague dāĆ©trave semblaient Ć©tonner par cet engin dĆ©fiant tel un Ć©quilibriste lāĆ©lĆ©ment liquide. Vingt minutes de navigation noyĆ©e de bleu avant dāentrevoir la plage de Voavah, virgule blonde ourlĆ©e dāĆ©meraude esquissĆ©e sur lāocĆ©an. Comme un mirage, une promesse de paradis. En suspension sur le lagon.
Un dĆ©cor de conte avec ses trois maisons, deux se prĆ©lassant sur le sable, lāautre juchĆ©e sur pilotis. Leurs piscines Ć dĆ©bordement se confondant avec la mer et engloutissant le ciel. Plus de contraintes, plus dāastreintes, plus dāhoraires. Juste vivre lāinstant prĆ©sent entre ivresse des grands fonds et farniente sur le sable. Un mot dāordreĀ : lĆ¢cher prise et suivre Ć la lettre le programme suggĆ©rĆ© par le majordome. Suite et sa salle de bains avec vue sur le large choisie, le rythme sāemballaitĀ ! Drink en terrasse prĆ©cĆ©dant un dĆ©jeuner de tapas prĆ©sentĆ© dans un service Bernardaud Ā«Ā Les Poissons dāorĀ Ā», crĆ©Ć© en 1955, fiertĆ© du chef comme les sept autres dĆ©cors aussi beaux et prĆ©cieux acquis auprĆØs du porcelainier franƧais pour sāharmoniser avec les diffĆ©rents menusĀ ; plongĆ©e en compagnie de deux moniteurs douĆ©s pour dĆ©nicher les requins inoffensifs, les tortues bonasses et les mĆ©duses tubulaires, puis apothĆ©ose, de retour sur lāĆ®le, soin sur-mesure au Spa Ocean of Consciousness avant de saluer le coucher du soleil avec un maĆ®tre yogi.
La nuit sous ces latitudes proches de lāEquateur Ć©tant Ć©gale au jour, restait, avant le dĆ®ner, Ć piocher un livre dans la belle bibliothĆØque puis Ć se caler dans un des fauteuils profonds de la terrasse pour voir les Ć©toiles se lever dans un ciel que rien ne pollue et guetter dans le silence marin, le dernier pĆ©piement dāun oiseau attardĆ©. Demain sera un autre jour, propice Ć une croisiĆØre pour atteindre dāautres micro-Ć®les Ć©parpillĆ©es sur plus de 1Ā 200 kilomĆØtres.
Four Seasons Maldives Landaa Giraavaru
Maldives Private Island at Voavah
Atoll de Baa, Maldives.
TĆ©l. : + (960) 66 00 888.
www.fourseasons.com
Texte :Ā Anne-Marie Cattelain-Le DĆ» – Photos : D.R