Bar relooké, nouvelles suites, espaces agrandis et modernisés, le palace de l’Avenue Montaigne n’a pas fait les choses à moitié pour sa réouverture tant attendue. Dix mois de travaux, et de grands noms du design et de la décoration pour rajeunir, sans brusquer, ce centenaire toujours fringant.
Pas de triomphalisme. Les 550 employés, gardés et envoyés en vacances ou dans les autres hôtels du groupe Dorchester pendant les dix mois de travaux, sont simplement heureux de retrouver « leur maison ». Et d’en rouvrir les portes aux visiteurs, souvent habitués. Car mettre un pied au Plaza, c’est comme intégrer le sérail. C’est savoir que Gabriele Zennaro, le joyeux responsable de salle de la Galerie, aura toujours un bon mot – et une bonne pâtisserie signée Christophe Michalak – à partager. Que le voiturier sera parfaitement capable de recapoter la Lamborghini Aventador – spécimen unique plaqué de 25 kg d’or pur, l’une des voitures les plus chères du monde – garée devant le palace.
Que Thierry Hernandez, l’emblématique directeur du Bar qui voit défiler tout ce que la planète compte de super stars, peut vous créer un cocktail sur mesure en fonction de votre humeur. C’est là l’une des grandes forces du Plaza : par chaque détail, chaque attention, il vous fait vous sentir important, que vous soyez ou non célèbre. Des célébrités – ou plutôt des pointures dans leur domaine – ce sont en revanche bien vers elles que s’est tourné François Delahaye, le directeur général du Plaza et du groupe hôtelier Dorchester Collection, pour asseoir la délicate rénovation des lieux.
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∴ Les codes de l’hôtel conservés ∴
« Nous avons longuement discuté mais, globalement, j’ai laissé carte blanche », revèle-t-il, donnant sa confiance à des artisans tout à fait conscients du respect de mémoire et du patrimoine à préserver. De nombreux éléments sont en effet inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, à commencer par l’architecture haussmannienne, la façade et le lobby. Contraignant dès lors, pour l’architecte-scénographe Bruno Moinard, d’intervenir sur les parties communes et le restaurant Art déco. Mais le résultat est bluffant.
« Ici, tout change, mais rien ne change », sourit François Delahaye. Le travail est chirurgical, subtil et raffiné, comme en témoignent les ascenseurs nouvellement parés d’un fourreau en métal ciselé au laser ou les lustres à pampilles, appliques et pieds de meubles passés de l’or au platine, « plus doux à l’oeil ». Côté chambres, c’est l’excellente et discrète Marie-Josée Pommereau qui a oeuvré. Outre l’aménagement de 14 nouvelles suites, créées dans les espaces récupérés sur les quatre immeubles mitoyens acquis au terme de longues négociations, elle s’est également attelée à la rénovation des salles de bains en les habillant de marbre blanc veiné de gris « Calacatta » de Carrare.
Au bar enfin, pièce maîtresse du palace s’il en est, la patte ultra créative du designer Patrick Jouin reste présente : son nouveau comptoir en forme de fer à cheval, tout en résine transparente, fait référence à l’éther et aurait emprisonné les effluves d’alcools dans la matière (ci-contre). Cet élément énigmatique aux dimensions hors normes converse avec les boiseries classées. Ici aussi, le passé tutoie l’avant-garde. Au plafond, des drapés bleu profond tels des robes de soirée. Composant le mobilier, une débauche de cuir surpiqué. Tout rappelle que l’on se trouve au coeur de l’avenue la plus “couture” du monde.
Hôtel Plaza Athénée
25 Avenue Montaigne, 75008 Paris
Tél : 01 53 67 66 67
www.dorchestercollection.com
Texte : Élodie Declerck – Photos Véronique Mati