Zannier Hotels Sonop, on a marché sur la dune

Sonop ! Un lodge blotti dans le désert de Namib. Dix tentes avec pour vis-à-vis un paysage dunaire bouleversé par un charivari de blocs granitiques jaillis des entrailles de la terre. Lunaire !

Par Anne-Marie Cattelain Le Dû / Photos Zannier Hôtels

Les kilomètres d’asphalte boursouflé, de piste poussiéreuse, sans âme qui vive. Des pleins et des déliés, des collines en pente douce se heurtant à des pains de sucre émoussés, un paysage vert de gris, où des acacias et ficus géants projettent un semblant d’ombre, et quelques moulins à vent signalant une ferme.

Sonop, dans la région de Karas, en Namibie, a été construit dans le strict respect de l’environnement sans changer la topologie des lieux, en utilisant des matériaux naturels et en consommant uniquement l’énergie solaire.

Décor de western que survolent de grands rapaces. En 4×4, de l’aéroport de Windhoek, capitale de la Namibie, le désert de Namib se mérite. On se souvient de ses leçons de géographie, de ce pays au sud-ouest de l’Afrique, longeant l’Atlantique, grand comme une fois et demie la France pour 2,6 millions d’habitants seulement. Cette impression de vide est une réalité. La prochaine fois, pardon pour le bilan carbone, on choisira l’avion.

La grande tente lobby se prolonge par une vaste terrasse où les hôtes aiment lire, contempler, méditer, le matin après la balade à l’aube ou quand le soleil décline.

À la ferme aux cactus, au croisement de routes très secondaires, on amorce le dernier tronçon. Une barrière spartiate marque le territoire de Sonop. Deux changements de véhicule plus tard, question de logistique, alors que le soleil, lassé de nous attendre, disparaît, du lobby haut perché on domine la situation sans trop la comprendre. Pourtant, la pleine lune argente les alentours, révèle des fouillis d’escaliers contournant de gros blocs sombres. Dodo !

Un des privilèges des hôtes du Sonop : faire dresser leur table où ils le souhaitent, au pied des dunes comme au sommet d’une colline, avec ou sans apparat.

Au petit matin, en dézippant les larges stores de sa tente rigide, semblable à une maison, à la déco très coloniale, on se rêve Francis Galton, Britannique, explorateur, anthropologue, géographe, qui, vers 1850, partit pour la Namibie avec son compère suédois Charles John Andersson. On devine leur stupeur percevant, comme nous, dans la lueur crépusculaire, le chaos des boulders granitiques, estimant la force tellurique projetant, il y a des millions d’années, ces tonnes de boulets désormais polis par l’érosion éolienne. Pas un seul n’a été déplacé pour implanter le lodge.

Regarder, sous un ciel étoilé avec le sable se devinant, Out Of Africa ou Les dieux sont tombés sur la tête, mettant en scène les San, peuple du désert… pour confondre réalité et fiction.

À la manière d’un camp nomade, il se démonte à l’envi, laissant les lieux vierges de toute empreinte. Ainsi l’imposent les textes namibiens protégeant depuis 1996 45 % du territoire naturel. Un texte exigeant aussi de recruter en large majorité le personnel dans la région et de reverser une partie des bénéfices aux conservancies, communautés de villageois veillant à l’intégrité de la faune et de la flore.

Le personnel, majoritement namibien, est recruté dans les plus proches villages. L’envie de partager leur pays et ses secrets avec les hôtes les anime sincèrement.

Se rassasier du vide

Réflexions matutinales avant, pour honorer son rendez-vous avec l’aube, de monter, descendre, remonter des envolées de marches, dictées par la configuration du Sonop, vigie plantée en altitude. En compagnie de Lazarus, ex-militaire désormais guide, érudit, connaissant la moindre pierre, la moindre plante, on escalade une colline plein est. Au sommet, sur une table nappée, english breakfast tea fumant et cookies calment la fringale. Pas un bruit, pas un souffle, pas un animal. Rien, juste en ombre chinoise, solitaire au fond de la déclivité, un Aloidendron dichotomum, aloès arborescent endémique, au tronc ventru gonflé d’eau.

L’oryx gazelle est l’un des rares animaux du désert de Namib (qui signifie « grand vide »). Il supporte jusqu’à 45 °C de chaleur. Difficile d’en apercevoir entre janvier et avril, saison la plus chaude.

Sans préavis, minéral et végétal virent au rouge cuivré alors que les premiers rayons transpercent la montagne. Incandescence extrême s’étalant, comme la lave en fusion, avant que le soleil jaune s’élève dans le ciel repeignant cette fois le paysage en or pâle. Deux heures de contemplation muette, presque de méditation. On plie bagage pour redescendre dans le bush où deux cavaliers, ayant choisi leur monture dans les écuries de Sonop, trottinent.

Dès le lobby, le style du lodge s’affiche : celui d’un campement d’explorateurs britanniques smart au xixe siècle. Antiquités, tapis, objets divers créent une illusion plus que parfaite.

Lazarus, en botaniste émérite, nous guide vers un buisson vert d’eau d’Euphorbia virosa, semblable à un cactus géant à la sève mortelle : « Seuls les rhinocéros et les éléphants s’abreuvent sans dommage de ce liquide blanc. » Mais d’éléphants, de rhinocéros, plus de traces dans les parages, chassés depuis des lustres par la chaleur extrême. Oryx gazelles, plus rarement lions du désert et léopards, traînent parfois dans les parages, lorsque l’humidité accourue de l’océan proche – une soixantaine de kilomètres – rafraîchit les sables.

Chaque tente suite domine le désert. La nuit, si on le souhaite, on dort sans obturer les ouvertures. La brise rafraîchit les pièces et aucun bruit ne perturbe les rêves.

Tandis que sans vergogne, peu impressionnées par les nageurs, des dizaines d’alouettes des dunes s’abreuvent et s’ébattent dans l’eau de la piscine du lodge, posée au ras des sables. Ainsi va la vie rythmée par le mercure. Slow, slow, lorsqu’il grimpe au-delà de 30 degrés, plus active le matin avant 9 heures et le soir après 18 heures, lorsqu’il chute brutalement. Invitant à sillonner les dunes, pieds nus flattés par le velouté tiède du sable, avant de trinquer à ces espaces préservés et aux San, bushmen, plus anciens habitants de la Namibie et d’une partie de l’Afrique australe, nomades longtemps persécutés, sédentarisés désormais pour la plupart.

Un peu à l’écart du lobby, au point culminant du lodge, les joueurs et joueuses de billard se retrouvent en soirée pour disputer quelques parties et partager au bar des cocktails exclusifs.

Arnaud Zannier : fil conducteur, l’émotion

P-DG de Zannier Hotels, ce Lyonnais, installé à Gand, en Belgique, est un hôtelier et un voyageur passionné.

Allure et teint de baroudeur, Arnaud Zannier fête les dix ans de sa collection d’hôtels née à Megève. Le but : créer une hôtellerie nouvelle pour esthètes en quête d’authenticité, de minimalisme, d’émotion. Un positionnement résumé par la formule « Simple Mastery », la recherche de la grandeur dans chaque chose, à chaque instant, même minime. « L’histoire namibienne, confie-t-il, commence dans notre hôtel au Cambodge par ma rencontre avec Angelina Jolie. L’actrice, sensible à notre approche environnementale, me parle de la Namibie où, depuis 2006, le docteur Rudie van Vuuren et son épouse Marlice veillent au sein de la Fondation N/a’an ku sê à la sauvegarde de la faune et au mieux-être des habitants. Je suis allé sur place, j’ai sympathisé avec Rudie et Marlice. Ils m’ont permis d’acquérir, avec leur fondation, un terrain de 9 000 hectares. Aujourd’hui, la Zannier Reserve by N/a’an ku sê assure la préservation des richesses naturelles et la pérennité de la faune sauvage. Les résidents du lodge Omaanda, construit dans le respect le plus total de l’environnement et de la population, profitent des lieux, découvrant lions, léopards, zèbres, éléphants… Un an plus tard, à six heures de route, le Sonop est sorti des sables du Namib. J’ai ressenti un tel choc en voyant d’avion ce désert que je me suis projeté dans la peau d’un explorateur foulant cet univers lunaire. J’ai imaginé des hôtes aussi bouleversés que moi. Avec mes équipes et des entreprises locales, on a conçu ce camp de dix tentes aux ossatures en bois laminé, ultra-confortables, résistant au vent et aux pluies. Puis on a installé des panneaux voltaïques pour produire toute l’énergie et creusé dix puits afin de s’approvisionner en eau. Maintenant, je me concentre sur les deux hôtels en cours de construction au Mexique, ouverture, si tout va bien, en 2022-2023. »

Carnet de voyage

Plus que jamais, compte tenu de la situation, un séjour au long cours se prépare avec un spécialiste. Outre la connaissance parfaite du terrain, il suivra en permanence votre dossier, vous informera des formalités à accomplir et vous alertera en cas de changement de dernière minute. Exclusif Voyages, des sœurs Arbib avec 22 ans d’expérience, coche toutes les cases.

Cette agence a été testée lors de ce séjour en Namibie dans les hôtels Zannier. Premier stop, le lodge Omaanda, non loin de l’aéroport international, au cœur d’une réserve privée avec nombre d’animaux sauvages et d’oiseaux. Seconde escale au Sonop, dans le désert du Namib à la minéralité bouleversante.

Vols Air France A/R Paris-Johannesburg, vols domestiques A/R Johannesburg-Windhoek, transferts privés A/R aéroport-Omaanda, navettes aériennes A/R Windhoek-Sonop, 2 nuits en « Bedroom hut » à l’Omaanda, 2 nuits en « Bedroom tent » au Sonop. Pension complète, boissons (hors champagne et alcools premium), deux excursions safaris par jour, activités diverses, cheval, vélo, cinéma en plein air, etc. : à partir de 5 560 € par personne.

Le soir, on savoure l’excellente cuisine du chef namibien Paulus, à la lueur des chandeliers. Et on dîne autour d’une immense table recevant une douzaine d’hôtes, ou dans la petite salle, plus intimiste.

Zannierhotels.com/sonop/en

Exclusifvoyages.com

Article paru dans le numéro 116 d’Hôtel & Lodge

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