Dans l’archipel de Turks & Caicos, Pine Cay

Quarante îles dans l’archipel de Turks & Caicos, non loin des Bermudes, six habitées. Et une privée, Pine Cay, au plus près de la faune marine et des oiseaux, entre bancs de sable et coraux. Un club d’amis devenu Relais & Châteaux.

Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû

Prisé par les people, les stars, les Turks & Caicos s’expose souvent à la une des magazines, de Parrot Cay, l’île la plus VIP, à Providenciales, dite Provo, fief du Club Med. On a ainsi vu Rihanna chevauchant un scooter des mers, entourée d’une escouade de proches et de gardes louchant de son énorme yacht vers les rivages de Pine Cay. Mais interdiction formelle d’y accoster, les plages et les eaux sont sous haute surveillance, les embarcations « étrangères » tenues à distance respectable.  « Nous bénéficions d’un statut spécial et souhaitons préserver la tranquillité de nos hôtes tout en protégeant la faune et la flore spécifiques de Pine Cay, ne serait-ce que les pins endémiques qui lui ont donné son nom », explique Sandrine Langlade qui, avec son mari Christian, directeur général, choisis par l’assemblée des propriétaires, gèrent le boutique-hôtel, source de revenus indispensable. « Nous nous inscrivons dans l’esprit club d’un lodge intimiste, poursuivant l’histoire commencée dans les années 1960 », confie Christian.

Dilemme journalier : se précipiter dans les eaux translucides et tièdes de l’océan Atlantique ou jouer les contemplatifs depuis la piscine, guettant les baleines. © DR
Au petit déjeuner, on bâtit son programme : plongée, cueillette de sand dollars (« dollars des sables »), croisière au large, paddle, exploration de la mangrove, des sentiers de randonnée… © DR
Un décor design et chaleureux en harmonie avec l’environnement, imaginé en accord avec Tim Simond, architecte d’intérieur possédant l’une des 36 villas sur Pine Cay. © DR
Plaisir de quitter, pieds nus, sa villa connectée avec le sable, pour gagner la longue plage, y déambuler seul pendant des heures en marchant au bord de l’eau. © Kira Turnbull

Une sacrée épopée ! Celle d’abord d’un comte autrichien, Ferdinand Czernin, fils du dernier Premier ministre de l’Empire austro-hongrois qui, ayant découvert à la fin des années 1950 Pine Cay et sa source d’eau douce, caresse l’utopie d’y jeter les bases d’une communauté de proches, une espèce de phalanstère. Quelques années plus tard, il croise Georges et Marou Nipanich, couple polonais aventurier, visionnaire, entrepreneur. Ils confrontent leurs rêves, partagent la même passion pour cette lande plate. Aucune construction humaine. Rien que de longues plages de sable bordant des criques profondes où, sous les rayons, l’eau turquoise semble se parer de diamants, une mangrove, des platiers, des roches laminées par le vent et l’eau rappelant le sol lunaire. Ensemble, les rêveurs contactent les autorités. Le gouvernement britannique – l’archipel relève du Commonwealth – leur concède d’abord un bail agricole, puis un titre de propriété. Peu à peu, 36 de leurs proches achètent des parcelles, construisent des villas selon leurs goûts, leurs envies, leurs moyens. Avec, au cœur de cet ensemble, un club-house, The Meridian Club, où ils se retrouvent à l’heure de l’apéritif, des repas, pour se distraire, danser, etc. L’utopie devient réalité avec, en vis-à-vis, la troisième plus grande barrière de corail au monde, spot de plongée et d’observation. Eugenia Grandchamp des Raux, artiste, photographe française, arrive à Pine Cay en 1976 avec ses parents, qui veulent construire ici une villa en cas d’attaque nucléaire. « J’étais enceinte de ma fille, j’avais 22 ans. Mais pour moi c’était l’extase absolue et une sensation de liberté totale », raconte Eugenia, encore émue. Une épopée de bâtir ici, une tâche aussi rude qu’ériger Versailles, selon elle, la maison étant haut perchée pour résister aux ouragans : « Pas d’avion desservant l’île, pas d’électricité, pas d’hôtel, évidemment. Juste une bande de gens atypiques qui déjeunaient ensemble au Meridian Club, sur une table en bois, dansaient, jouaient de la guitare et terminaient systématiquement les soirées dans la mer ou la piscine. Pour moi c’était, c’est toujours, l’île des Mickey, véritable ode à l’amitié. J’y viens dès que je peux avec mes petits-enfants, qui adorent. Tous les propriétaires s’y retrouvent pour fêter le nouvel an. Scrutant après le réveillon aux lueurs de l’aube l’horizon pour tenter d’apercevoir les premières baleines migrer. Elles passent entre fin décembre et début avril. »

Des fonds d’une grande richesse qu’on explore en apnée ou avec une bouteille en compagnie de Samantha Kildegaard, plongeuse émérite qui connaît les meilleurs spots. © DR
Les flamants roses aiment se poser dans la mangrove en fin d’après-midi. On les observe à distance raisonnable pour ne pas perturber leur rythme, leur repos. © DR

La plupart des pionniers, comme les Nipanich, sont décédés. Certains descendants ont vendu, d’autres ne viennent plus. Mais une poignée d’irréductibles, comme Eugenia, se battent pour conserver le caractère privé de Pine Cay. Dans ce but, pour dégager quelques revenus indispensables à l’entretien de l’île, ils ont créé une mini-structure hôtelière de 14 chambres et suites. Tim Simond, l’un des propriétaires, architecte d’intérieur, s’est chargé de métamorphoser en ce sens le Meridian Club, tout en gardant l’esprit des lieux qui, l’an dernier, a permis à Pine Cay de convaincre Relais & Châteaux de l’adouber, seule propriété des Turks & Caicos relevant de ce label.

Pour la saison 2024, le Tiki Beach Bar se dédouble afin de permettre aux hôtes, les jours où le vent souffle, d’admirer, protégés, les couchers de soleil. ©Kira Turnbull
© DR
Couple dans la vie et en cuisine, Melissa González Mesén et Pablo Cabrera Navarro, costaricains, signent la carte, le barbecue hebdomadaire et les paniers pique-nique. © DR

Un 5-étoiles convivial

Tim Simond vient, pour la saison 2023-2024, d’achever une phase de travaux, entre nouvelles suites et aménagement du bar. Toutes les vastes chambres, connectées directement à la plage, sont couleurs sable et mer. Le pin et le bois flotté dominent. Massages formidables au Sand Dollar Spa ou dans sa chambre. Un seul restaurant dedans-dehors à la carte signée des chefs costaricains Melissa González Mesén et Pablo Cabrera Navarro. Et, lieu de toutes les rencontres le soir au coucher du soleil, près de l’océan, le Tiki Beach Bar, avec le plus olé olé des cocktails, le Spicy Margarita du barman, pour chanter et danser sous les étoiles.

Un séjour grandeur nature 

Initiation à l’apnée, snorkeling, « cueillette » sur les bancs de sable des sand dollars (« dollars des sables »), coquilles d’oursins de la famille des Scutellidae blanchies par le soleil, en compagnie de l’experte Samantha Kildegaard.

Balades en mer avec le capitaine Ricardo au plus près des baleines, de décembre à avril.

Randonnées avec un guide naturaliste, à pied, à vélo, en voiturette électrique, sur les 14 kilomètres de pistes, de la mangrove à l’aquarium, réserve naturelle, de la rive où se posent les flamants roses à la forêt de pins endémiques, qu’entretient et replante une université florentine.

Y aller

Deux options : via Londres, escale à Nassau avec British Airways qui atterrit à Providenciales, l’aéroport international des Turks & Caicos. Le voyage dure environ 16 heures, escales comprises (à partir de 720 €), via New York, puis 3 h 30 de vol vers Providenciales. Entre 13 et 20 heures au total, escales comprises avec Delta Air Lines (à partir de 950 €). 

À l’arrivée, possibilité de prendre un hélicoptère ou un petit avion de Providenciales (5 minutes de vol), ou de venir en vedette affrétée par l’hôtel (30 minutes de l’aéroport). L’hôtel gère et réserve les transferts.

Article paru dans le numéro 131 d’Hôtel & Lodge.

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