Hôtel Sinner Paris : Vade Retro, Satanas?

De l’encens en volutes parfumées, des chasseurs en soutane, une crypte-boutique, un confessionnal-business center…et des accessoires pour pimenter les jeux amoureux. On aime Sinner… ou pas. Nous, ce 5-étoiles hors normes nous a mis en joie. Bénis soient les audacieux !

Les couloirs sombres, les éclairages feutrés entretiennent le mystère de cet hôtel pas tout à fait comme les autres.

Certes, les esprits chagrins crient au scandale, au sacrilège. Certes, les puritains se choquent d’oser s’emparer de symboles religieux et de les contraindre à une cohabitation avec des objets généralement réservés aux maisons closes, officiellement disparues de la capitale. Mais ici, l’histoire s’écrit avec élégance et panache. Le service se déroule sans accroc, affable et souriant.

Malin, le Sinner possède aussi des chambres communicantes.

Les chambres assurent, grâce à une literie d’exception et une isolation parfaite, un sommeil d’ange ou des incartades de démon. La table oblige à sacrifier avec délice au péché mortel de gourmandise. Alors, on profite des lieux et on s’amuse à dénicher ces petits trucs qui suggèrent le passé et le présent de ce quartier du Haut-Marais qui, peu à peu, réécrit joliment son histoire.

L’ascenseur, en clair-obscur…

En 1969, le président Pompidou décide de confier à Renzo Piano et Richard Rogers, deux architectes italiens devenus depuis fort célèbres, la construction sur le plateau Beaubourg d’un immense ensemble culturel. Il pense alors que ce centre va entraîner la rénovation du quartier aux rues étroites bordées des plus vieilles maisons de Paris, comme celle, datant de 1407, de l’alchimiste Nicolas Flamel, rue de Montmorency.

La crypte, cabinet de curiosités éclairé à la bougie.

Mais non… Pompidou est trop visionnaire. L’architecture tubulaire et colorée dérange. Et rien ou presque ne se passe. Le salpêtre continue de ronger les murs, les bâtisses de se dégrader. Jusqu’à ce qu’une poignée d’intellectuels, de créateurs, de bobos et d’homosexuels s’entichent du quartier, chassant plus loin, l’immobilier flambant, les grossistes asiatiques. Alors fleurissent enseignes fashion, resto et bars branchés.

Le Sinner, fiché au centre, entre Arts et Métiers et République, aimante les habitués qui se retrouvent en grappes au bar, mais surtout, en premier lieu, les étrangers, créatifs et artistes. Tous étonnés de la mise en scène théâtrale au hasard des longs couloirs sombres – chut, on vous laisse la découvrir -. Ravis de la décoration raffinée de Tristan Auer, designer dans l’air du temps (Hôtel de Crillon, Les Bains…). Empressés de gagner Ablutio, le spa by Orveda (marque écoresponsable) et sa piscine inspirée des bains romains. Prêts à plonger dans l’ambiance si parisienne, si inventive et ludique du Sinner.

Quelque 400 œuvres d’art sont exposées dans l’hôtel.

UNE VRAIE APPROCHE ARTISTIQUE
Pour donner une âme et du sens au Sinner, Emmanuel Sauvage, directeur général du groupe français Evok (qui compte aussi le Brach et le Nolinski dans sa collection d’hôtels), a mis à contribution un trio d’artistes très impliqué.

Musique : métisse, très présente, moderato dans la journée, elle va crescendo jusqu’au bout de la nuit. Aux manettes, Fred Viktor, fondateur et directeur de création du studio Enterstice, avec ses vinyles incroyables.

Littérature : de nombreux ouvrages, sur Paris notamment, sont à disposition dans les chambres. Ils ont été choisis par Anatole Desachy, libraire indépendant, spécialisé dans les livres rares qu’il traque dans le monde entier.

Art : Amélie du Chalard, créatrice du site Zeuxis spécialisé dans la vente d’œuvres contemporaines pour particuliers et propriétaire de deux galeries pensées comme des appartements, a sourcé des pièces rares, sculptures, tableaux, mais aussi chaises d’Helmut Palla et armures de Nadine Altmayer.

Bon à savoir : le Sinner colle à l’actualité artistique de la Paris, organisant des concerts, des expos, des conférences…

Impressionnant par ses volumes, le bar est à l’image du quartier : ouvert, élégant et créatif.

Le troisième hôtel parisien du groupe Evok, ouvert cet été, est aussi celui au concept le plus hardi. S’il est vrai que le quartier du Haut Marais se prête au jeu, que l’humour prévaut, ce 5-étoiles réinvente les codes d’un Paris chic et coquin à la fois, d’une capitale qui n’a pas froid aux yeux.
Groupe : Evok.

Chambres : 42 chambres et 1 suite. Difficile de souffler son coup de cœur, c’est un choix très personnel qui dépend de son humeur, de la personne accompagnante… Chambre double de 400 € à 950 €.

Table : un seul restaurant, où le chef Adam Bentalha propose une cuisine ethnique, nomade, de partage, passant des plats africains à des recettes d’Amérique du sud. C’est très bon et généreux. Seul regret : la carte des vins restreinte, pas à la hauteur. Bonnes pâtisseries de Yann Brys. Un bar ultra-festif.

Activités : spa Ablutio by Orveda, hammam, mini-piscine, boutique-concept- store, business center. Aux alentours immédiats, centre Pompidou et rues de shopping mode, déco…

LE + l’audace d’un concept sulfureux abouti sans vulgarité ; le spa écoresponsable, vegan, unisexe, inspiré de l’ayurvédique.

Publié dans Hotel & Lodge numéro 110

Sinner
116 rue du Temple,
75003 Paris
www.sinnerparis.com

Texte: Anne-Marie Cattelain-Le Dù

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