Calle Larga XXII Marzo, à la place de la Bourse de Commerce rachetée par le groupe français Evok, entouré de boutiques chics, ce nouveau 5-étoiles ose le luxe décalé.
Texte Anne-Marie Cattelain-Le DĂ»
Pas de canal Ă lâhorizon, pas de gondoles, pas de rivasâ! Mais le dĂŽme de Saint-Marc qui sâencadre dans les fenĂȘtres des chambres aux quatriĂšme et cinquiĂšme Ă©tages, cĂŽtĂ© rue. Les altane, terrasses de bois perchĂ©es sur les toits, intriguent, cĂŽtĂ© cour. Un Venise plus intimiste, plus commerçant, avec pour voisins les enseignes Saint Laurent, Dolce & Gabbana, Chanel, Pomellato⊠en retrait des palais baroques mirant leur magnificence passĂ©e dans les eaux glauques. Le cabinet dâarchitectes Lecoadic-Scotto, associĂ© aux meilleurs artisans locaux, a habillĂ© lâensemble Ă la vĂ©nitienne de miroirs, velours, bois laquĂ©, Ă©toffes et matĂ©riaux nobles. Il a mariĂ© le mobilier classĂ©, hĂ©ritĂ© de la Bourse, Ă des meubles design, doublĂ© les appliques et lustres, eux aussi partie intĂ©grante de la «âŻcorbeille de la mariĂ©eâŻÂ», de lampes et dâobjets contemporains dont une partie dessinĂ©s pour le Nolinski par la designer Mariapia Bellis. Et comme dans chaque hĂŽtel Evok, la curatrice AmĂ©lie du Chalard a constituĂ© une collection dâart Ă©voquant les voyageurs esthĂštes.
De la douceur racĂ©e des 43 chambres â les plus basses, assez sombres, jouxtent le lobby â au Il CaffĂš Ă la carte et la dĂ©contraction italiennes, du bar au plafond peint par Simon Buret avec sa bibliothĂšque de quelque 4â000 ouvrages Ă disposition, le Nolinski dĂ©cline les codes de son aĂźnĂ© parisien, avec des touches personnelles. Celles-ci ont Ă©tĂ© voulues par Emmanuel Sauvage, cofondateur dâEvok et directeur gĂ©nĂ©ral, comme la garde-robe smart des employĂ©es sâinspirant de modĂšles de Pierre Cardin, vĂ©nitien de naissance.
DĂ©but 2024, Palais Royal, la table gastronomique du chef Ă©toilĂ© Philip Chronopoulos, occupera lâimpressionnante salle de 7 mĂštres de hauteur sous plafond, coiffĂ©e dâun lustre de Murano annĂ©es 1950. Bois sombre, couleurs mesurĂ©es, Ćuvres dâart, dont un Picasso de toute beautĂ©, lui donnent un air sĂ©vĂšre que les parfums du dĂ©licieux petit dĂ©jeuner, servi Ă la carte, humanisent un brin.
Visites sur mesure
Piazza San Marco, la boutique 1920, du joaillier Alberto Nardi, avec ses piĂšces contant Venise, pendentifs masques en Ă©mail, bagues Art dĂ©co inspirĂ©es du pont du Rialto, Moretto au visage dâĂ©bĂšne et torse enrichis de pierres prĂ©cieuses, Ă©vocation dâOthello ou le Maure de Venise de Shakespeare.
Campo Santo Stefano, les pantoufles vĂ©nitiennes de PiedĂ terre, dĂ©clinĂ©es en de nombreuses couleurs et matiĂšres, avec des semelles pour les porter Ă lâextĂ©rieur.
Ă Murano, les entrepĂŽts annĂ©es 1920 dâAvem bourrĂ©s de crĂ©ations vintage. Elles seront vendues aux enchĂšres pour financer le redĂ©marrage des fours et des ateliers arrĂȘtĂ©s il y a 15 ans.
Ăgalement Ă Murano, la Fondation Berengo, Ă©ditant des artistes contemporains de renom, comme Juan RipollĂ©s, Espagnol, Ă©lĂšve de MirĂł, et le Belge Koen Vanmechelen.
Article paru dans le numĂ©ro 130 d’HĂŽtel & Lodge.