Afrique du Sud : Tswalu, chez mon ami le pangolin

Dans le Kalahari, Tswalu, plus grande réserve privée d’Afrique, veille à la préservation des espèces menacées, dont le pangolin. Sur place, un seul lodge, connecté à son spectaculaire environnement naturel, point de départ d’un safari surréaliste.

Par Anne-Marie Cattelain Le Dû

14 mars 2020. Embarquement pour Johannesburg. En France, la Covid sème la panique. Responsable supposé, un pangolin, seul mammifère à écailles. Achetée le 17 novembre 2019 sur un marché de Wuhan, en Chine, cuisinée en ragoût, la pauvre bête jouit d’une réputation satanique. Alors la croiser, non merci !

On dîne dans les dunes, oreilles aux aguets, tentant de percevoir le rugissement des lions et les aboiements des lycaons (chiens sauvages).

Lorsqu’après le vol long-courrier, l’avion à hélices soulève un nuage de latérite, le parfum fumé, épicé, de la savane, ses étendues en kaléidoscope ocre et vert facilitent l’amnésie. J’oublie tout. À moi, les 100 000 hectares de la réserve ne comptant qu’un seul lodge, en deux unités : Motse, récemment rénové, neuf suites en dur, et Tarkuni, cinq immenses tentes. Quinze heures après avoir quitté le 9e arrondissement de Paris, j’hérite de la suite Suricate.

Dilemme : dormir sous une des cinq tentes de Tarkuni ou dans une des neuf suites en pierres apparentes de Motse ?

À Tswalu, chaque ranger bâtit un programme sur mesure pour ses clients. J’adore les léopards, je déteste les chiens sauvages, je souffre d’ornithophobie, la peur des oiseaux. « OK », note Kosi, mon guide personnel, avant de m’expliquer la réserve. C’est là que le pangolin surgit : « Nicky Oppenheimer, Sud-Africain, ex-P-DG de la société d’exploitation de diamant De Beers, choqué par la dégradation écologique de cette partie du Kalahari, a racheté en 1998 un domaine de chasse et ses 35 fermes pour le transformer en sanctuaire écologique. Désormais, 80 espèces de mammifères, dont les plus rares – zèbre de montagne, rhinocéros, lion à crinière noire et pangolin – cohabitent sur les 1 000 km2 classés réserve naturelle depuis 2014. Les propriétaires financent aussi des chercheurs de l’université du Witwatersrand, à Johannesburg, pour étudier les animaux les plus fragiles, dont le pangolin de Temminck. » Reconnu en voie d’extinction par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées, l’animal jouit d’une haute protection, ce qui ne l’empêche pas d’être l’un des plus braconnés au monde. D’assassin, le pangolin devient victime.

Le soir, les hôtes échangent leurs impressions en prenant un verre sous l’auvent prolongeant le living de Motse.

En ce milieu d’après-midi, inutile d’espérer le croiser, il ne sort que la nuit. Kosi propose comme alternative de s’inviter au goûter des suricates qui pointent leur museau dans les plaines vers 17 heures. Le spotter, installé sur un siège surélevé, chahuté par la piste bosselée, espionne les alentours.

Le pangolin, très peureux s’enroule sur lui-même quand un ennemi s’approche, un homme par exemple. Il n’y a plus qu’à le cueillir.

Alerte oiseaux ! Des centaines de mes ennemis ailés vont et viennent autour d’un arbre boursouflé. « Ce sont des républicains sociaux, passereaux endémiques, architectes des plus grands nids du monde. À Tswalu, certains de ces nids, presque centenaires, mesurent 10 mètres de long et abritent quelque cinq cents oiseaux », m’informe Kosi. Hypnotisée par ce ballet besogneux, je capte à peine l’appel par talkie-walkie signalant des suricates à quelques centaines de mètres. Go ! À pied, derrière Kosi armé d’un fusil préventif, je slalome entre les touffes d’épineux rabougries quand, devant moi, se dresse, en sentinelle, un suricate. Ses yeux bleutés cernés de noir radiographient l’horizon, tandis que cinq autres griffent le sol pour déloger les insectes et s’en goinfrer. Une heure à les regarder, tentant de déchiffrer la signification de leurs cris modulés.

Traitée avec des produits naturels non toxiques pour préserver l’environnement, la piscine s’anime surtout en fin de matinée ou le soir après le coucher du soleil.

Brusquement, le ciel vire à l’orangé. Le bush, à bout de souffle, transpire mille parfums. En voiture ! Sur la colline devenue rousse, Kosi repère, comme gravées sur la roche fauve, 15 lionnes progressant en file indienne. En contrebas de la piste éphémère tracée entre les folles graminées par ces femelles affamées, un oryx broute. Les lionnes se séparent. Un petit groupe contourne la future victime qui, repérant soudain l’ennemi, amorce un demi-tour, se jetant dans la gueule des chasseresses restées en arrière. En quelques secondes, mise à mort exécutée, l’air se charge d’effluves sanguins métalliques avant que ceux, nauséabonds, des entrailles ne les dominent.

Famille de lions à crinière noire, comme Cecil, abattu en 2015 par un contrevenant espagnol.

19 heures. Nuit bleutée, légère brise. Le rugissement d’un lion détourne le 4×4 de son chemin vers le lodge. L’oreille avertie du spotter télécommande le véhicule. Quelque 500 mètres plus loin, dans le faisceau des phares, deux mâles à crinière noire se projettent, esquissant des manœuvres d’intimidation. Impressionnant scénario concluant cette escapade en brousse avant un drink sous les étoiles et un dîner signé Jan Hendrik van der Westhuizen, premier Sud-Africain distingué d’un macaron au Michelin pour son restaurant niçois le JAN.

Massage relaxant sur la terrasse de sa suite ou soins dispensés au spa, en cabine, deux options bien-être après un safari.
Vers 6 heures le matin, avantde partir en brousse, on retrouve son guide dans le salon autour d’un café et de quelques cookies.

Nicky Oppenheimer : confidences d’un membre de la famille propriétaire de Tswalu

« En découvrant pour la première fois Tswalu, j’ai été bouleversé par ses paysages de dunes, de savane, sa flore, sa faune, mais aussi sa dégradation. J’ai alors souhaité m’investir dans la préservation de ces terres épuisées par l’agriculture. Au cours de ces 20 dernières années, nous avons créé la plus grande aire de conservation d’Afrique pour restaurer l’écologie tout en respectant le patrimoine culturel, historique et spirituel du Kalahari, mais aussi contribuer au développement socio-économique de la région. Deux cents employés nous épaulent dans cette mission, dont une équipe de gestion de la réserve responsable des routes, des clôtures, de l’approvisionnement en eau, de l’habitat, et une équipe de sécurité qui patrouille de jour comme de nuit pour empêcher toute activité illégale, y compris le braconnage. Nous  offrons ainsi aux hôtes de Tswalu l’occasion de vivre des expériences uniques tout en bénéficiant d’un service d’excellence. »

Motse, au pied du Korannaberg, seule chaîne de montagnes du Kalahari.
Plaisir extrême d’un pique-nique gastronomique dressé dans la brousse.

Tswalu, Afrique du Sud Tswalu.com Makila.fr

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