Depuis plus de cent ans, les électricos sillonnent la capitale portugaise, érigée sur sept collines, et conduisent au coeur de ses quartiers les plus pittoresques. Démonstration en trois jours et deux lignes de tram.
Par Camille Flocon / Photos Visit Lisboa
Jour 1 : de Baixa à l’Alfama
Le jour se lève sur la ville basse, Baixa. Son artère principale, la rua Augusta, et les larges places, le Rossio, la praça da Figueira et la praça do Comercio, s’animent lentement. Les tramways au charme rétro, jaune vif, en tôle cabossée et en bois clair patiné par le temps, circulent déjà. Sur le Largo Martim Moniz, l’eléctrico numéro 28 est prêt à partir. Le coup d’envoi est donné par un son de cloche. La mécanique s’emballe, elle démarre cahin-caha et prend de la vitesse vers le quartier de Graça. Les banquettes en lattes de bois ne sont guère confortables, mais qu’importe…
Lisbonne s’est construite sur sept collines. Ses rues en pente et ses terrasses offrent des points de vue spectaculaires.
Premier arrêt au Miradouro de Santa Luzia. Lisbonne possède de nombreux belvédères avec des panoramas magiques sur toute la ville, mais celui-ci offre sans nul doute la plus impressionnante des vues sur les toits de l’Alfama et sur l’estuaire du Tage. La rua Augusto Rosa, qui longe les rails du tram, mène à la Sé, imposante cathédrale aux allures de forteresse, et à l’église Santo Antonio.
Les lignes de tramway mènent aux principaux monuments de la ville.
Plus haut, le Castelo de São Jorge, le berceau historique de la cité, se contourne par un chemin de ronde, bordé de pins. Bienvenue dans l’Alfama et son dédale de ruelles : escaliers tortueux, façades décorées d’azulejos, balcons fleuris en fer forgé, fontaines, odeur de châtaignes grillées… Ce quartier populaire, empreint de poésie, a conservé son atmosphère médiévale et, surtout, toute sa magie. C’est encore plus vrai le soir venu, quand, des cabarets, résonnent les voix envoûtantes du fado.
Jour 2 : Belém
Une cloche qui sonne, des tintements de ferraille et des craquements de bois : le bruit caractéristique de l’eléctrico devient vite familier. Le numéro 15 emmène aux confins de la ville, vers l’ouest. À Belém, sur les bords du Tage, le soleil inonde les quais, mais la brise océane rafraîchit l’air. Adresse délicieusement réconfortante, la pâtisserie Antiga Confeitaria de Belém prépare depuis 1837 les meilleurs pastéis de nata, ces petits flans servis tièdes et saupoudrés de cannelle. Autour se concentrent quelques-uns des principaux vestiges du passé colonial et maritime du Portugal : le monastère des Hiéronymites et son cloître, si riche en détails et ornements, puis la tour de Belém, chef-d’œuvre de l’art manuélin, tous deux classés au patrimoine mondial de l’Unesco.
Du haut du Monument des Découvertes, en forme de proue de navire, les touristes admirent la rose des vents en marbre dessinée sur le sol et se perdent en rêveries en imaginant le départ en mer des grands explorateurs portugais. Le Centre culturel de Belém, imposante bâtisse de marbre, ramène illico au temps présent. En particulier si l’on visite son fleuron, le musée Berardo et son exceptionnelle collection d’art moderne et contemporain appartenant à José Berardo, l’une des personnalités les plus riches et les plus influentes du Portugal.
Jour 3 : du Chiado au Bairro Alto
Ce matin, le tram numéro 28 fait encore du zèle. Il se faufile comme il peut dans les rues en lacets, rase les murs crépis, frôle les piétons. Des gamins s’accrochent à l’arrière. Arrivé au quartier du Chiado, il est temps de descendre. Les salons de thé, les librairies et la collection du musée national d’Art contemporain du Chiado, entièrement dédié à l’art portugais et aménagé par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, en font le haut-lieu de la vie culturelle et intellectuelle lisboète. Le superbe ascenseur tout en fer de Santa Justa s’ouvre sur un nouveau panorama.
Le Monument des Découvertes et les azulejos sur les façades : deux icônes de l’histoire portugaise.
Plein ouest, c’est le Bairro Alto : un vieux quartier labyrinthique, plein de vie, avec ses ateliers d’artisans et ses échoppes traditionnelles délabrées, mélangés aux concept stores de jeunes créateurs et aux bars branchés. Du haut du mirador de Santa Catarina, la douce lumière lisboète s’atténue en douceur sur la ville et le Tage. Une fois la nuit tombée, le tram 28 est toujours là pour ramener à bon port.
Carnet pratique
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Article paru dans le numéro 114 d’Hôtel & Lodge