Le tour du monde en France : de la Mongolie à l’Aubrac

On vient en Aubrac comme on entre en terre promise. Grands espaces, immenses étendues sauvages, paysages désertiques, sommets enneigés et yourtes pour des nuits insolites… Il flotte dans cette région au cœur de la France comme un air de Mongolie. Et un parfum de liberté.

Texte Caroline Ithurbide

Encore méconnues, et donc préservées, l’Aubrac et la Mongolie pourraient être sœurs si elles n’étaient pas séparées par 7300 kilomètres. À première vue, la ressemblance est frappante : un même relief caractéristique et des hauts plateaux enclavés. Si l’Aubrac est cerné par trois départements (l’Aveyron, le Cantal et la Lozère), la Mongolie est quant à elle prise en tenaille entre la Chine et la Russie. Deux pays montagneux, marqués par la rigueur climatique, deux ancestrales terres d’élevage et de nomadisme, arpentées aujourd’hui par les marcheurs du monde entier et parcourues par les cavaliers de tous niveaux.

En Mongolie, les vallées et les collines en pente douce sont magnifiées par la lumière flamboyante du coucher du soleil. © Shutterstock
Avec ses plaines à perte de vue, le plateau de l’Aubrac se révèle, au petit matin et en fin de journée, mystérieux et envoûtant. © A. Méravilles / OT Tourisme en Aubrac

D’ailleurs, on trouve au Villaret, sur le causse Méjean, les mêmes petits chevaux de Przewalski, trapus et sauvages, qu’aux abords du désert de Gobi, puisqu’ils y ont été réintroduits au début du xxie siècle. Autre similitude : les yourtes. Il n’est pas rare d’en apercevoir, disséminées dans le paysage aubracois. Or ces tentes circulaires, conçues pour résister à des températures extrêmes, qui se montent et se démontent de plaine en plaine lors de la transhumance, ne sont rien d’autre que l’habitat traditionnel des familles mongoles depuis plus de 2 000 ans. Aujourd’hui, elles sont devenues le symbole du renouveau touristique en Aubrac. Cohabitant à merveille avec les burons de pierre, ces anciens chalets fromagers reconvertis en établissements hôteliers ou en restaurants d’altitude : des haltes idéales pour déguster de l’aligot et une viande de qualité.


La promesse de l’aube en Aubrac

Burons, yourtes, maisons d’hôtes de caractère… les hébergements insolites fleurissent dans la région, toujours au plus près d’une nature abrupte et fascinante.

01 – LA COLONIE

À La Colonie, esprit loft et décoration mi-industrielle, mi-brocante. © DR

Ce fut d’abord un hôtel puis une colonie de vacances, stratégiquement placé à l’entrée d’Aubrac. En 2006, Cyril s’empare des lieux et les restaure pour créer une maison et table d’hôtes, devenue l’adresse hype de la région. Ici une photographie chinée en Californie, là un vieux banc d’écolier ou une baignoire en fonte… « Dans la grande salle du rez-de-chaussée, nous avons gardé l’esprit brocante avec un soupçon de galerie d’art, tandis qu’à l’étage, les cinq chambres et les deux appartements donnent l’impression qu’on est dans une grande bâtisse familiale », note Cyril. À La Colonie, on vient à 2, 5 ou 10, le bâtiment est même entièrement privatisable. Une immense cuisine collective est accessible à tous. Sur la table, des produits du marché, de la charcuterie, des vins du terroir, et, pourquoi pas, du champagne.

02 – LE BURON DE LA CHAMBE

Le buron de la Chambe, datant du xviie siècle, a été sauvé in extremis, puis rénové de fond en comble. © DR

À une heure et demie de voiture du village d’Aubrac, à la frontière du Cantal, ce buron, petite maison en pierre posée au milieu de rien, à 1 300 mètres d’altitude, servait autrefois à protéger les bergers et leurs bêtes. Elle peut aujourd’hui accueillir jusqu’à 10 personnes dans un confort certes basique, mais dans un cadre élégant et ressourçant, où tout concourt à la déconnexion, au rythme de la nature. « Les travaux ont duré huit ans, nous avons dû tout rénover. Il fallait être tarés et in love », s’amuse Nancy, une Américaine tombée sous le charme de la région. Sous d’imposantes poutres, deux chambres chauffées au poêle à bois et aux lits immenses recouverts de peaux de mouton se partagent une salle de bains éclairée à la bougie (comme le reste d’ailleurs !) et équipée d’une baignoire-abreuvoir… pas banal ! On arrive ici à pied ou en 4×4, après s’être arrêté à la boucherie de Christophe Magne, dans le village de Vic-sur-Cère, pour faire le plein de trésors locaux. Ensuite, on se laisse porter par la lumière rasante et le murmure de la campagne…

03 – LES ESPRITS SAUVAGES

Les chevaux de la ferme équestre Les Esprits Sauvages, de retour de balade. © DR

Une yourte, une roulotte, des chevaux islandais, du lait de jument en guise de cocktail de bienvenue… « Car en Mongolie, toutes les personnes qui entrent dans votre maison ont droit à un verre d’airag, cette boisson typique à la fois acide et rafraîchissante. Ici, on ne fait pas fermenter le lait, mais on a conservé la tradition », explique Mathilde, la créatrice de ce lieu hybride, agricole, touristique et culturel, en plein cœur du parc naturel régional de l’Aubrac, sur la commune de Saint-Chély-d’Aubrac. Depuis cinq ans, elle accueille avec son mari les urbains en manque de nature. « Nous organisons des treks sur mesure, qui peuvent durer deux ou trois jours, et des balades à cheval » : des excursions comparables à celles proposées à l’autre bout de la planète, dans la province du Khentii. Là où un adage dit qu’« un Mongol sans cheval est comme un oiseau sans ailes ».

04 – L’ANNEXE D’AUBRAC

La chambre « Transylvania », entièrement décorée par Virginie Salazard. © Marie-Lou Salazard

Comment croire qu’un lieu aussi surprenant ait pu voir le jour dans le minuscule village de Saint-Chély-d’Aubrac ? Après une carrière de mannequin qui l’a fait voyager dans le monde entier, Virgine, originaire du Vercors, pose ses valises dans l’Aveyron et ouvre avec son compagnon, Daarwin, cette étonnante maison-hôtel propice au lâcher prise et à l’inspiration. Dans chacun des trois grands salons trône une immense cheminée en pierre. À l’étage se déploient cinq chambres et suites à la décoration unique, sorte de voyage immobile entre la Russie, la Transylvanie ou encore la Bavière. Nos préférées : la suite « Aubrac » et sa double baignoire posée directement sur de la roche locale, et la « Romanov », mansardée.

3 bonnes raisons d’aller en Aubrac

J.L. Bellurget

La randonnée : notamment sur la via Podiensis, le plus ancien sentier qui mène à Saint-Jacques-de-Compostelle et traverse l’Aveyron.

Le golf : celui de Mezeyrac, à 10 kilomètres du village de Laguiole, est un 9 trous entre rivière et forêt de chênes centenaires. L’été, le plaisir se prolonge à la piscine de la pool house, une ancienne ferme en pierre et lauze. 

La table de Sébastien Bras : l’enfant du pays et génie de l’assiette, qui a volontairement renoncé à ses trois étoiles Michelin, réinvente à Laguiole les saveurs de la région au Suquet, son restaurant gastronomique, dans un vaisseau en verre et métal surplombant le célèbre plateau.

Pour en savoir plus

Le site Tourisme en Aubrac : tourisme-en-aubrac.com.

Le livre Bras. Le goût de l’Aubrac : une belle histoire de succession, une déclaration d’amour du chef du Suquet, Sébastien Bras, aux paysages et aux produits du terroir (éd. Phaidon).

Article paru dans le numéro 127 d’Hôtel & Lodge.

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