Entre Méditerranée et Adriatique, Alpes et lacs, villes mythiques et villages traditionnels, palais, villas et masserias, la péninsule italienne aimante depuis 200 ans la fine fleur des voyageurs, Britanniques, Français et Américains en tête.
Dossier réalisé par Anne Marie Cattelain Le Dû et Céline Baussay
Ombrie : Castello di Reschio
Isolée, perchée sur une colline, au sein d’un domaine de 1 500 hectares à la frontière de la Toscane, cette « forteresse » millénaire (les actes datent la fin de sa construction à 1050 et son début à 950) accueille des hôtes depuis le printemps. Surpris de découvrir après avoir traversé deux ravissants patios, 36 chambres et suites, 4 restaurants et 2 bars. Avec en point d’orgue la Tower Suite au cinquième niveau, qui dévoile, sur 360°, le panorama animé de mille nuances vertes.
À proximité, 9 maisons de village juste remises en état, sur les cinquante de la propriété, comblent celles et ceux qui sont épris d’intimité extrême. Avec ses cyprès, ses bassins et ses ruines non encore relevées, le Castello semble échappé d’une toile « paysagère » de Pietro Vannucci, dit le Pérugin, qui travailla dans le même atelier que Léonard de Vinci. Sérénité, poésie, romantisme : tiercé placé pour une parenthèse luxueuse et déconnectée que spa, hammam, sauna, piscines intérieure et extérieure, fruits, légumes, vins, miel et huile de la propriété teintent de bien-être.
Pouilles : Masseria Calderisi
Le domaine s’étend sur 8 hectares d’oliviers, d’amandiers et de citronniers, avec les collines en toile de fond et le village de pêcheurs de Savelletri à quelques minutes. La masseria elle-même s’organise autour d’une place centrale, avec piscine et terrasse. Munichois d’origine, Jutta et Max von Braunmühl ont sillonné le monde avant de trouver leur éden dans le talon de la Botte. Jugeant la bâtisse trop grande pour une maison de vacances, ils décident, en 2019, d’y créer un hôtel de charme.
Résultat : 24 chambres et suites, un restaurant de cuisine locale avec son propre four à bois d’olivier pour cuire les pains, pizzas et focaccias, un mini-spa qui exploite les bienfaits des olives et des huiles, une boutique avec des marques italiennes (Valentino, Missoni…) et de jolies céramiques fabriquées dans les environs. Entre ses murs blanchis à la chaux et ses pierres blondes, le lieu est empreint d’une atmosphère apaisante et d’une élégance simple. À l’image des Pouilles.
Lac de Côme : Mandarin Oriental
En choisissant le studio milanais d’Eric Egan pour transformer la Villa Roccabruna construite en 1799, soit 220 ans plus tôt, le Mandarin Oriental a tiré la bonne carte. Les 52 suites et 21 chambres ouvrent, pour les plus agréables, à la fois sur le lac et sur le parc botanique dessiné par Patrizia Pozzi.
Double bonheur invitant à suivre la marche du soleil et des nuages, le friselis des eaux chatouillées par le vent soufflant des pré-Alpes lombardes. Si l’air refroidit, on se réfugie dans la Sala mandarin, ancien salon chinois de la villa dominant le lac, appréciant l’afternoon tea et les pâtisseries d’Ettore. À moins de, désertant le confort douillet du spa, braver les éléments dans la piscine extérieure flottant sur le lac. Comme en apesanteur.
Piémont : Nordelaia
Inauguré en juillet dernier, ce micro-hôtel est né sur les ruines d’une ferme de 800 ans, au centre d’un terrain de 5 hectares dans les vignobles du Montferrat, inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, qui produira bientôt le vin maison. Les 12 chambres et suites, certaines en rez-de-jardin, d’autres à l’étage, offrent des atmosphères, des décors très différents, tour à tour romantiques, rustiques, cosy, luxueux… Le spa, lui, est niché sous les voûtes.
Une extension a été créée pour abriter notamment le restaurant supervisé par le chef étoilé Andrea Ribaldone, avec vue sur la mer de vignes et les collines environnantes. Le développement durable étant au cœur de ce projet développé par le studio anglais These White Walls, Nordelaia possède des dispositifs de pointe en matière de géothermie, d’isolation ou encore de collecte d’eau, depuis une source trouvée sur place.
Toscane : Paradis Pietrasanta
Souvent comparé à Saint-Paul-de-Vence, Pietrasanta est un village connu autrefois pour ses sculpteurs de marbre, et aujourd’hui pour ses galeries d’art. Des Français y ont acheté récemment un palazzo défraîchi, accolé à une forteresse du XVe siècle.
En charge de la restauration, la jeune agence parisienne Point3architecture a travaillé avec des artisans locaux les matériaux qu’ils maîtrisent à la perfection : marbre, terre cuite, céramique, fer forgé, enduit à la chaux décliné en teintes naturelles dans les 12 chambres décorées de tapisseries murales.
Les œuvres d’art issues de la collection personnelle des propriétaires côtoient des luminaires et meubles italiens des années 1970. Une verrière le long du rempart illumine le restaurant. Le paysagiste Jean Mus a apporté la touche finale en mettant en scène le jardin d’agrumes, au bout de la vaste terrasse.
Côte amalfitaine : Borgo Santandrea
Le dernier-né des hôtels de luxe de la côte amalfitaine culmine à 90 mètres au-dessus de la mer et du hameau de pêcheurs de Conca dei Marini. Les propriétaires, deux familles italiennes, ont entrepris trois ans de travaux pour réhabiliter la propriété datant des années 1960, et aménager 29 chambres et suites, toutes avec vue, 3 restaurants et 2 bars. Les plus beaux matériaux et le meilleur de l’artisanat transalpin apparaissent un peu partout : le marbre blanc issu de différentes régions du pays, les lampes en verre soufflé de Vénétie, des pièces de marque (mobilier Molteni, tissus Dedar, amenities Acqua di Parma…).
Deux paysagistes basés à Ischia ont conçu les jardins en terrasses qui descendent jusqu’à la plage privée de l’hôtel, au pied de la falaise, dévoilant un impressionnant patchwork de plantes méditerranéennes : oliviers, citronniers, jasmin, myrte…
Lac de garde : Monastero Arx Vivendi
Colonisant les espaces communs de l’ancien monastère fortifié et le grand jardin dédié à la culture des simples et des plantes médicinales, comme la pratiquaient autrefois les moines, ce 4-étoiles design, aux tonalités grises, déroule ses 40 chambres et suites non loin des rives.
Dans cette retraite hédoniste, sans trahir la spiritualité du lieu, on se repaît de silence et de nature abrupte. Telle une respiration, une pause bienvenue.
Province de Naples : Grand Hôtel Excelsior Vittoria
À Sorrente, en surplomb de la Méditerranée, face au Vésuve et à Naples, ce Leading Hotels of The World géré depuis 1834 par les Fiorentino, très engagés dans la culture, fête cette année le centenaire de la disparition du ténor italien Enrico Caruso.
Comme Richard Wagner, « la voix du siècle » aimait se ressourcer entre rivage bleu azur et jardin aux essences méditerranéennes. Suite à son nom, concerts, exposition incitent les hôtes des 79 chambres, certaines récemment rénovées, à se remémorer son répertoire.
Près de Rome : Palazzo Fiuggi
À 50 minutes de route de la capitale, dans une région réputée pour les vertus médicinales de son eau de source, ce somptueux palace au style Liberty a été entièrement rénové et reconverti en retraite de grand luxe, dédiée à la médecine et au bien-être.
Sur un site naturel grandiose, il propose un impressionnant panel de soins personnalisés, traditionnels ou ultra-modernes, complété par une haute gastronomie, partie prenante des programmes, orchestrée par le chef triplement étoilé Heinz Beck.
Toscane : The Rosewood Castiglion del Bosco
Au cœur des vignes du val d’Orcia, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, la propriété huit fois centenaire conte une campagne chic à deux pas de Florence.
Massimo Ferragamo, fils de Salvatore, a relevé un village ruiné et poursuit son œuvre : il vient d’ajouter 19 suites aux 23 existantes et aux 11 villas, autour d’un golf 18 trous. Et Rosewood, le groupe gestionnaire, a choisi pour son spa Santa Maria Novella, gamme inspirée des baumes que fabriquaient les Dominicains florentins au XIIe siècle.
Article paru dans le numéro 118 d’Hôtel & Lodge