Baie de Mahajamba à Madagascar : Lodge de Terres Blanches, voyage en terre vierge

À 35 minutes en coucou de Majunga, Fleur et Éric livrent
aux hôtes de leur boutique-hôtel les richesses naturelles
de Sofia, région totalement méconnue et préservée
de la côte nord-ouest de Madagascar.
Voyage en terre vierge.

Par Anne-Marie Cattelain Le Dû / Crédit photographies © TEMPTING PLACES / DR

Éric Drevet, copropriétaire de Terres Blanches, assure sur demande les transferts de Majunga avec son Jabiru. La piste privée en latérite longe le lodge.

Avec violence et soudaineté, le varatraza, vent de terre, balaie la latérite de la piste d’atterrissage bosselée, striant d’un voile orangé le turquoise de l’océan Indien. Quelques minutes auparavant, Éric a posé sans encombre son Jabiru, avion miniature australien, presque à la porte du lobby. Un vol éblouissant longeant, à droite, des kilomètres de plages immaculées, désertes, bordées de tsingys marins, pinacles rocheux acérés jaillissant des eaux ; à gauche, le ballet gracieux des longues pirogues à voile débordante des pêcheurs nomades. On aurait aimé voler des heures pour s’imprégner de la beauté intrinsèque de l’île rouge détachée du continent africain depuis des millions d’années, flottant entre Afrique et Asie. Fin juin, l’hiver diffuse sa lumière douce, peignant de couleurs subtiles, contrastées, la végétation, l’océan et le ciel. L’ocre soutenu de la terre souligne ce tableau d’un paradis que, hélas, depuis des années, les politiques sans scrupule saignent à blanc. Ici, à Antanimalandy, dans la baie de Mahajamba, la terre et les eaux préservent les villageois d’une misère extrême. Et le Covid lui-même ne s’est pas échoué sur ses rivages perdus.

Le cirque rouge, à 20 minutes de bateau du lodge, dédale de tsingys d’argile et de pierres tendres sculptés par l’érosion. À découvrir juste avant le soleil couchant.

Pour récupérer des 10 000 kilomètres parcourus, des trois vols successifs, on gagne le deck aux poutres quadrillées coiffées de palmiers Satrana. Check-point des Terres Blanches, ceint de 7 hectares clôturés pour éviter que chèvres et zébus dévorent les plantations. Pas de chichis, le luxe de l’exceptionnel, éloge de la simplicité. Huit lodges, des meubles en bois locaux – palissandre, palétuvier, bois flotté récolté sur le rivage – designés par Renaud, le menuisier du lodge, dont d’admirables fauteuils arrondis, lourds comme des enclumes.


À 800 mètres du lodge, on rejoint le belvédère par un sentier escarpé pour observer les tortues et les bancs de poissons, mais aussi pour déjeuner en tête à tête.

 « Industriels dans le textile, stressés, navigant d’une unité de production à l’autre, nous voulions changer de vie, explique Fleur. Amoureux de Madagascar, nous avons sillonné l’île à la recherche du lieu idéal. Après des jours et des jours, nous avons trouvé et repris il y a sept ans Terres Blanches, lodge à bout de souffle géré par une famille belge, ensorcelés par cette côte que nous ne connaissions pas, condensé des
plus beaux paysages malgaches entre mangroves, dédales de tsingys, criques vierges et forêt de baobabs aux multiples espèces… Depuis, nous améliorons la propriété. »


Renaud, le menuisier malgache, crée quasiment tout le mobilier, des fauteuils et canapés de la terrasse aux têtes de lit en bois flotté ramassé sur la plage.

Le lendemain de ces confidences, dans la baie de Moramba, accessible seulement par mer, un pique-nique, langoustes grillées juste pêchées au menu, confirme les propos de Fleur. Les eaux translucides parsemées de patates de corail que sillonnent de multiples espèces de poissons s’alanguissent sur le sable blanc nacré, d’une finesse extrême. Ourlant la plage de poche, enserrée entre des tsingys qui, à marée basse, semblent en apesanteur, les baobabs, dont l’étonnant Adansonia rubrostipa à l’écorce sculptée de motifs artistiques par un champignon non nocif, cohabitent avec leur cousin, le Pachypodium lameiri, aux bouquets abondants de fleurs blanches, et le gracile moramba ayant donné son nom au lieu. Certains comparent Moramba à la baie d’Along, au Viêt Nam, au regard de ses nombreux îlots la piquetant. Une insulte, presque ! Car ici, rien ne trouble le silence. Des armadas de bateaux ne déversent pas des hordes de clients dans des guinguettes disgracieuses. Moramba, vierge de toute pollution, de tout apprêt, laisse le cœur en vrac et la mémoire gravée d’images qu’on aimerait éternelles.

Les psys l’assurent, la frustration est essentielle à l’homme pour forger sa personnalité, continuer son chemin. Ici, la mienne atteint son paroxysme. Mais, un jour qui sait, comme Brigitte, métisse malgacho-réunionnaise, je monterai un campement de fortune dans une des anses de Moramba pour, du matin au soir, regarder la marche des nuages et du soleil, ramasser les porcelaines, les cônes, les branches de coraux noirs échouées et nager, nager en compagnie des raies mobulas, des requins-corail inoffensifs, des poissons-clowns et cuire des langoustes sur la braise.  


La nature, des vasques perchées sur des troncs de bois aux tsingys marins de Moramba… et aux grands lémuriens propithèques de Coquerel – Sifaka en malgache –, sous haute protection.
Endémiques, les baobabs Adansonia rubrostipa à l’écorce sculptée d’étranges dessins par un champignon inoffensif.

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