7 paradis cachés à travers le monde

Des villas dans la jungle avec leur plage privée, des demeures historiques rénovées, des maisons de campagne au milieu des vignes… Partout, du Vietnam au Panama en passant par l’Italie ou le Portugal, quelques pépites hôtelières réussissent à allier l’excellence et la discrétion. Autant de refuges confidentiels, promesses de bonheurs simples et d’expériences authentiques, qui favorisent la reconnexion avec soi et ses passions profondes.

Texte Céline Baussay, Delphine Cadilhac, Anne Marie Cattelain Le Dû et Sirine Errammach

« Le luxe, c’est la rareté, la créativité, l’élégance », disait Pierre Cardin. Une définition que certains hôtels parmi les plus exclusifs du monde reprennent à leur compte de la plus belle des manières. Soignant tout aussi bien l’esthétique de leur écrin précieux que le service ultra-personnalisé. Cultivant un art de recevoir sans ostentation, et sincère. De plus en plus adepte du contre-courant, le groupe Zannier a choisi d’implanter dans une province du Vietnam à l’écart des circuits touristiques habituels son tout dernier resort, le Bãi San Hô. Loin de tout, mais à proximité des petits ports de pêche et des villages traditionnels : un retour aux sources du voyage. La quête d’une certaine authenticité, d’une immersion dans la culture locale, c’est aussi le concept de SOWK Resort en Thaïlande qui propose, dans sa formule tout inclus, une impressionnante palette d’expériences en immersion. Lui, pousse l’obsession du secret jusqu’à ne pas communiquer son adresse exacte, sur l’île de Koh Phangan, tout en étant situé à quelques minutes des stations balnéaires et des plages connues pour leur Full Moon Party. Autre refuge VIP, l’écoresort Islas Secas au Panama, dans l’archipel éponyme, qui monte encore en gamme avec Casa Cavada, sa spectaculaire villa posée sur un promontoire dominant l’océan Pacifique. Les paysages grandioses, la biodiversité exceptionnelle attirent les amoureux d’une nature sauvage, parfois hostile, et qui se réjouissent, le soir venu, de retrouver le confort feutré de leur suite. Beaucoup plus proche, Castelfalfi, en Toscane, domine une vallée couverte de vignobles et d’oliveraies, que ses clients parcourent à pied, à vélo, à cheval ou pourquoi pas à Vespa. Sans parfois jamais croiser personne.

Quelque part sur l’île de Koh Phangan, en Thaïlande, le SOWK Resort borde une succession de petites plages de rêve séparées par des rochers. Un petit air de Seychelles… © Leandro Mariani de Freitas

Nul besoin d’être totalement isolé, pourtant, pour gagner les faveurs des voyageurs sensibles à la philosophie du luxe discret : l’Hotel La Palma à Capri, ouvert l’an dernier sous étiquette Oetker Collection, se trouve tout près de la Piazzetta, au cœur de l’animation de l’île au large de Naples, survoltée en haute saison. Mais une fois les portes franchies, il apparaît comme une oasis de calme, au raffinement extrême. Avec Amoure, le groupe français Maison Albar offre l’hôtel de luxe qui manquait à la région de Braga, au nord du Portugal, dont le patrimoine historique et religieux exceptionnel, et notamment le sanctuaire de Bom Jesus do Monte, classé au patrimoine de l’Unesco, attire les foules. Pour autant, là aussi, la propriété devient un havre de paix dès lors qu’on s’installe quelque part dans son immense jardin ou dans l’un de ses salons cosy. En toute intimité, seul ou avec les siens. 


01 – SOWK RESORT
Le secret de la jungle

Il existe sur l’île de Koh Phangan, dans le golfe de Thaïlande, un endroit isolé et ultra-confidentiel, réservé à une poignée d’hôtes, dont bon nombre de stars et de VIP. Un hôtel speakeasy qui propose une expérience du luxe rare et précieuse.

Le Français Guillaume Brachet a multiplié les surprises dans son mini-hôtel. Ici, une capsule suspendue à un rocher, au milieu de la nature luxuriante. © Sophie Flügel,

Personne n’en connaît l’adresse exacte. Aucune indication au bord de la route. Et une position sur Google Maps floue ou peu fiable. « Je la modifie régulièrement pour brouiller les pistes… et les voisins sont complices, s’amuse Guillaume Brachet, les yeux pleins de malice. Le fondateur de SOWK Resort (SOWK pour « Somewhere Only We Know », littéralement « quelque part que nous seuls connaissons ») a quitté Monaco pour s’installer à Koh Phangan en 2011, sur ce terrain qu’il a défriché à la machette de longs mois avant d’imaginer ce qu’il allait en faire… « Mes parents se privaient pour un voyage, pour une nuit dans un très bel hôtel. Et moi, à 14 ans, je dessinais des maisons et des palaces tropicaux. Alors voilà… » Juriste fiscaliste international mais aussi designer, il a tout construit, dessiné lui-même la majorité des meubles et éléments du décor, fabriqués sur place.

Le seul moyen d’accès au resort n’est pas aisé : il faut marcher pendant 5 minutes sur un chemin aménagé, entre escaliers de bois et pierres fixées, pour descendre en contrebas de la colline… Mais surtout, au retour, il faut remonter la pente, au prix d’un vrai effort physique. Les trois villas pour deux personnes se tiennent à bonne distance les unes des autres, en surplomb d’une baie et de trois plages qui rappellent celles des Seychelles. Toutes ont vue sur mer et la Beach Villa est directement posée sur le sable. Elles accueillent seulement deux personnes. Pas d’enfant de moins de 16 ans. Et aucun visiteur extérieur n’est autorisé. Seuls les oiseaux et parfois un singe curieux traversent la propriété. Chaque villa réserve son lot de surprises : un toboggan reliant la chambre à la plage, une barre de pompiers, une balançoire dans la salle de bains, un immense hamac au-dessus de la canopée, une douche en plein air, un lit rond surdimensionné (deux fois la taille d’un king size !)…

Comme les trois villas, l’Hedonist s’étend sur deux niveaux. À droite, la chambre de la Beach Villa, romantique, avec un lit rond XXL et une vue à 180° sur la mer. © SOWK Resort
© Victor Henrique Rodriguez
Le couple de cuisiniers, des réfugiés birmans, donne des cours de cuisine locale, à la demande, dans un décor idyllique. © Victor Henrique Rodriguez
Chaque villa possède un espace très cosy pour s’allonger, buller, face à la mer ou la jungle, dans un décor original, entre artisanat local et pièces chinées.© SOWK Resort
La salle de bains en extérieur de la Beach Villa, grande ouverte sur la nature, marie les éléments sur mesure en bois et pierre. © SOWK Resort

Même s’il est possible de réserver une, deux ou même les trois villas, comme dans n’importe quel hôtel, le concept de SOWK Resort a été pensé dès l’origine pour aller bien au-delà de l’offre d’hébergement : il s’appuie sur une personnalisation du séjour poussée à l’extrême, avec des activités incluses dans le tarif de base, au même titre que la pension complète et les transferts. Au choix, dans la « SOWK Full Experience », chaque jour, un package « expériences » (deux activités par villa) ou « détente » (quatre soins par villa). L’équipe de conciergerie a ainsi mis au point environ 80 expériences, animées par une soixantaine de personnalités, triées sur le volet, pour leur excellente connaissance de l’île, de sa culture et de ses traditions : randonnée dans la jungle avec un expert des plantes médicinales, sortie en mer de nuit avec un pêcheur qui utilise des méthodes ancestrales, atelier de fabrication de bijoux, initiation à la boxe thaï, séance de coaching détox, visite d’un marché local et cours de cuisine, beach party sur une plage méconnue pour danser sous les étoiles… « Avant l’arrivée du client sur place, nous échangeons avec lui entre 100 et 200 messages via WhatsApp, pendant 3 à 4 mois », explique Guillaume.

Le menu des repas comme les lieux où ils sont servis, dans la villa, dans leur jardin, sur la plage ou n’importe où ailleurs : tout est à la demande, du 100 % sur-mesure. Idem pour les prestations bien-être : se faire masser au pied d’un rocher pour profiter de son magnétisme ou sur le sable à l’ombre d’un palmier ? C’est possible. Au SOWK Resort, le client est roi. Ses goûts, ses envies, sa personnalité guident son programme. Il n’a plus qu’à se laisser porter. Et à savourer. C’est le mantra de Guillaume : « Le luxe se mesure à l’intensité de l’émotion. »

Des inventions écologiques à partager

Le respect de l’environnement s’est inscrit très logiquement dans le projet : « Il n’y a pas d’impact sur le site, note Guillaume. Et si j’arrête un jour d’entretenir les villas, elles vont se décomposer, se composter. » Il a lui-même conçu une piscine naturelle en circuit fermé avec une eau filtrée par les plantes, une fosse septique qui ne rejette aucun polluant dans le sol, ou encore un système d’air conditionné hybride naturel à base de pots en terre cuite, de sable et d’eau… « À ce stade, ce n’est plus de l’écologie, c’est du sens commun ! » Ses inventions, simples, peu coûteuses, faciles à réparer, ne sont pas brevetées. Il les partage sur sa chaîne YouTube « How to change the world for beginners » et en accueillant sur place, régulièrement, des architectes, des ingénieurs et des étudiants curieux de rencontrer ce Géo Trouvetou si malin et de savoir comment dupliquer ses idées. Au sein du resort, 80 % des produits utilisés au quotidien proviennent de l’île et notamment des fermes que le SOWK accompagne dans leur transition écologique. Enfin, les employés sont pour la plupart des réfugiés birmans qui ont fui la guerre.

02 – ISLAS SECAS
Refuge VIP au Panama 

Avec l’ouverture de Casa Cavada, une villa spectaculaire avec sa plage privée, Islas Secas renforce son statut de paradis insulaire exclusif. Sous ce même nom, un archipel dans l’océan Pacifique, un écoresort grand luxe, une destination en soi où la nature est préservée et l’intimité absolue.

En journée, préférer se rafraîchir dans l’océan aux heures les plus chaudes et le soir venu, rejoindre la piscine pour assister au coucher du soleil. © DR

À l’aéroport de Tocumen, le principal du Panama, l’avion Twin Otter, paré de vert et logoté Islas Secas, donne déjà le ton. Il faut cependant se montrer patient : même si la destination s’annonce prometteuse, une bonne heure et demie de vol sur fond de bourdonnement des moteurs est nécessaire pour la rejoindre. L’occasion de survoler le canal du Panama et les paysages verdoyants qui jalonnent le trajet… quand celui-ci n’est pas rythmé par d’intenses averses, climat tropical oblige.

Situé à 32 kilomètres au large de la côte pacifique du pays, dans le golfe de Chiriquí, l’archipel des Islas Secas compte 14 îles volcaniques. Seule Isla Cavada, dont le nom fait écho aux grottes qui s’y trouvent, a été aménagée. Autrefois avec de simples pavillons de pêche. Aujourd’hui avec un écoresort, inauguré en 2019, créé et financé par Louis Bacon, homme d’affaires américain et ardent défenseur de l’environnement. Un lieu paradisiaque avec des vues époustouflantes sur l’océan, mais qui se mérite, selon Antonio Aja, son directeur : « Les îles ne conviennent pas à tout le monde, prévient-il. Il faut être à l’aise avec la nature, les moustiques et la vie marine… Une sorte de filtre fait que ceux qui choisissent de venir ici se sentent vraiment chez eux. Cette année, l’un de nos clients est revenu cinq fois ! » Le caractère privé et exclusif du lieu attire notamment des célébrités, dont il préfère taire les noms.

Tracer son chemin dans la végétation exubérante de ces îles au paradis, à l’ombre des palmiers : l’un des plaisirs simples à Islas Secas. © DR
Croisière en bateau, observation des baleines, mais aussi plongée et randonnée… Toutes les activités proposées ont un lien avec la nature. © DR
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Islas Secas offre un service 5-étoiles, discret et attentionné, jusque dans ses chambres immergées dans la nature, comme celles d’un lodge. © DR

Pour les 32 hôtes d’Islas Secas, parfois moins, les journées s’écoulent entre les séances de yoga, les massages au spa, les bains sonores (les sons apaisants de bols chantants favorisent la relaxation et la méditation), les expériences culinaires à la Terrazza et les excursions en mer (demi-journée de pêche dans l’archipel, snorkeling, plongée, croisière…) ou dans la forêt (randonnée nature pour observer les oiseaux…). « Notre mission est de reconnecter les gens avec la nature, souligne Beny Wilson, responsable conservation du resort. Islas Secas célèbre la beauté de l’environnement et offre un cadre idéal pour l’exploration, même pour les enfants. » Car l’archipel possède une biodiversité particulièrement riche : « 128 espèces de plantes, 80 espèces d’oiseaux, 750 espèces de poissons, 15 espèces de reptiles et deux populations de baleines à bosse, 9 espèces de crabes… » 

Quant à la couleur de l’eau, « plus verte et moins cristalline que celle des Maldives », explique Beny, « elle est due à une forte concentration d’algues, qui la rend moins claire mais attire une grande richesse d’espèces marines. La première fois que j’ai plongé, je ne pouvais pas en croire mes yeux ! » Ce qui l’étonne toujours ? « Voir les baleines qui migrent sur environ 800 km depuis l’Antarctique pour rejoindre les eaux chaudes du Panama, ou observer l’immense colonie de fous bruns et de superbes frégates avec leurs petits, à Isla Coco ». Une richesse naturelle précieuse et préservée : dans l’archipel, les trois quarts des îles sont inexploitées et aucun projet de construction n’est prévu.

Dans l’intimité de Casa Cavada

© DR

Aux sept maisons au toit de chaume (casitas) que comptait déjà le resort Islas Secas, est venue s’ajouter, en juin dernier, Casa Cavada : une villa de 770 m2 avec quatre chambres et leur salle de bains, un salon, une cuisine, une salle à manger, un espace fitness, un bar, une piscine à débordement et une plage privée. Un lieu de villégiature de prestige, entre la forêt et l’océan, à vivre en famille ou en tribu. Pour le cabinet d’architecture Hart Howerton (The Lodge at Sea Island et Mauna Lani aux États-Unis, Half Moon Resort en Jamaïque…), le principal défi consistait à l’intégrer parfaitement dans son environnement, sans l’affecter. Pour les intérieurs, l’agence de design Studio Tre était dans la même logique : on retrouve ainsi un toit en eucalyptus ondulant, un carrelage sur mesure aux motifs indigènes avec des textures et des couleurs inspirées des coquillages, des roches et des paysages panaméens, et des tapisseries tissées à la main représentant la flore et la faune locales. Au niveau inférieur, la grotte ornée de blocs de lave des hautes terres de Chiriquí et de fresques inspirées de l’art indigène offre le cadre idéal pour prolonger les soirées : observation des étoiles, séance de cinéma, dégustation de s’mores (de la guimauve grillée et du chocolat entre deux biscuits) autour d’un feu de camp…

La Compañía, escale historique à Panama City

Après un vol de 11 heures depuis la France, une première nuit s’impose à Panama City, la capitale du Panama. Adresse de choix dans le Casco Viejo, le centre historique classé au patrimoine mondial de l’Unesco, l’hôtel La Compañía, membre de The Unbound Collection du groupe Hyatt, a été érigé sur le site d’un ancien couvent jésuite. Il possède 88 chambres réparties en trois ailes – coloniale française, coloniale espagnole et Beaux-Arts (américaine) –, une piscine, un spa, une salle de sport, une bibliothèque et une cave à vins renfermant plus de 1 800 bouteilles provenant de 12 pays. On se régale de spécialités françaises au restaurant 1739, de mets internationaux à El Santuario, et de cocktails et mocktails au rooftop Capella.

03 – L’HOTEL LA PALMA
L’âme caprese

Puiser son inspiration au gré de ses balades dans Capri, telle a été la démarche du designer Francis Sultana pour composer l’écrin de 50 clés d’Oetker Collection là où le Locanda Pagano, premier hôtel de l’île, ouvrit en 1822.

Dans l’escalier central, fresques en bleu et discret motif de palme : vraies signatures du 5-étoiles. © DR

« Je suis tombé amoureux de Capri à 20 ans, lors de mon premier séjour sur cette île qui, lorsqu’on s’écarte de la poignée d’artères touristiques, qu’on grimpe des marches de guingois, qu’on se perd dans ses ruelles, ses venelles, révèle son authenticité, sa beauté brute »… Alors comment résister à la proposition d’Oetker Collection de rénover l’hôtel qui, de la terrasse de son bar restaurant, plonge au cœur de la ville et de son rooftop Bianca, révèle la mer et le ciel mariés ? C’est ainsi que Francis Sultana, architecte d’intérieur, designer, éditeur de mobilier et d’objets, galeriste londonien, ambassadeur culturel de Malte – il est né à Gozo, île sœur –, signa son premier hôtel. Avec comme lignes conductrices l’intemporalité et la continuité de deux cents ans d’histoire, au temps où le premier propriétaire Locando Pagano accueillait les artistes connus ou non, fortunés ou sans le sou. Ces derniers acquittaient leur note en peignant sur les murs ou en y accrochant leurs toiles. Certains sont devenus célèbres, mais au cours des rénovations successives, leurs œuvres ont disparu au grand dam de Sultana qui, pour évoquer ce passé généreux et artistique, demanda à Roberto Ruspoli, artiste italien, de dessiner des fresques aux tracés bleus. Tout comme il visita des dizaines de fois la villa Lysis, bâtie sur les hauteurs de Capri en 1904 par le baron Jacques d’Adelswärd-Fersen pour, entre le style Art nouveau et Louis XVI, puiser des idées : « Cette villa abandonnée de longues années a résisté grâce à la qualité des matériaux : marbre, faïences, bronze, mes éléments préférés que j’ai utilisés à l’envi, mais sans emphase. » Certes, à l’Hotel La Palma, la délicatesse triomphe avec modestie, des teintes claires à dominante bleu pâle et vert tendre, aux subtils détails : le palmier discret coiffant les robinets, la signature olfactive addictive, exclusive, créée par Culti Milano, les amenities Angeli de Firenze du parfumeur Santa Maria Novella, les verres soufflés forme gobelet à la table du Gennaro’s – qui porte le prénom du chef étoilé créant la carte. Comme dans une villa chic des années 1950 qu’on quitte en fin de matinée pour poser sa serviette entre rochers et sable à Da Gioia, la plage privée de La Palma, pour savourer, entre deux brasses, un poisson grillé à la perfection par le chef Esposito, qu’on regagne à l’heure de l’aperitivo après une pause au spa pour un massage Tata Harper, un soin régénérant Augustinus Bader ou une mise en beauté. Avant de flâner sur la terrasse ombragée de sa chambre et dans la nuit naissante, se repaître du silence retrouvé, des teintes pastel des maisons alentour, en un mot, de Capri. Projetant déjà son prochain séjour à réserver bien à l’avance, l’hôtel affichant vite complet. Choisissant Pâques, juillet ou août si on aime la dolce vita, version tropézienne, mai, juin ou octobre, si on privilégie avant tout la sérénité, le calme, l’authenticité.

Le secret du bonheur : piscine en rooftop, suites avec terrasse, jardinet et fleurs à foison. © DR
Francis Sultana, designer, décorateur, a dessiné du mobilier sur mesure et décliné une palette à dominante bleue. © DR
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À quelques minutes en navette ou bateau de l’hôtel, Da Gioia, sa plage privée, pour nager, bronzer et apprécier bar et restaurant. © DR

Fiesta et dolce vita

La Taverna Anema E Core, c’est un club minuscule, une cave, une boîte, un bar, littéralement accrochée à l’Hotel La Palma et rachetée par ses propriétaires. Quelques coups de pinceau, quelques aménagements discrets, et que la musique, la danse commencent. Aux beaux jours, la fête se déroule autant dehors que dedans dans une ambiance hot, hot, hot. Impossible de résister, de ne pas se laisser entraîner, happer sous le soleil puis la lune et les étoiles.

04 – TAI O HERITAGE
L’empreinte du passé

Sur l’île de Lantau, à 30 minutes en ferry de Hong Kong Central et de ses gratte-ciels vertigineux, débarquer dans le plus historique et secret boutique-hôtel. Bonheur, hors du temps.

Pour parvenir à l’hôtel, on slalome en bateau entre les maisons de pêcheurs. © DR

Lampions et lanternes accrochés pour célébrer mi-septembre la fête de la Lune ponctuent la baie d’Hong Kong, l’animent et la colorent. Et se démultiplient lorsqu’en descendant du ferry on grimpe sur la barque à fond plat qui slalome entre les baraques de guingois perchées sur pilotis des pêcheurs. Saisissant contraste entre le mode de vie de cette communauté tanka, le même depuis des générations, et celui des centaines de milliers de citadins entassés dans les tours de la mégalopole. Deux mondes opposés, à des siècles de distance… 

À l’embouchure du canal naturel, Tai O Heritage Hotel s’impose. Vigie blanche perchée sur la colline scrutant la mer et ses envahisseurs potentiels. Ponton branlant, envolée de marches pour accéder sous la varangue desservant les 9 chambres. Dans la petite réception, deux cellules aux solides barreaux et quelques souvenirs des anciens occupants, la police maritime, excitent la curiosité. Oui, les Britanniques, alors maîtres des lieux, transformèrent bien, en 1902, la jolie demeure en poste de police, puis en 1948 en observatoire de la marine compte tenu de sa situation privilégiée dévoilant sans obstacle, jusqu’à Macao les côtes et la mer de Chine méridionale, partie prenante de l’océan Pacifique. Curieusement, cette situation perdura jusqu’en 2002, soit cinq ans après la rétrocession de Hong Kong à la Chine.

Neuf chambres style cottage s’alignent dans l’ancien poste de police. À leur seuil, un cartouche rappelle leur fonction. © DR
L’ancien mess des officiers avec sa cheminée version campagne anglaise et le ponton branlant pour atteindre le Tai O. © DR
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La varangue de la demeure construite à la fin du xixe siècle domine la mer de Chine et les monts. © DR

Plus de clandestins, plus de danger, Macao étant aussi tombée dans l’escarcelle chinoise, plus de raison justifiant ce poste. Les Britanniques levèrent le camp. Et la maison fermée perdit de sa superbe. Jusqu’en 2009 quand les autorités hongkongaises s’inquiétèrent du devenir des bâtiments historiques et entreprirent de les restaurer. Avec respect ! Gardant nombre d’éléments, tels les volets en fer protégeant à la fois du vent et des assauts de l’ennemi, certains troués de balles en témoignent, l’énorme projecteur en cuivre aux puissants faisceaux lumineux pour scruter les flots, le mât pour hisser chaque matin le drapeau.

Mais plus encore, l’architecte de l’administration s’attacha à conserver l’atmosphère cosy qu’appréciaient les officiers en poste, notamment dans les chambres avec leurs « vraies » cheminées à feu de bois à l’anglaise, leur tissu style cottage, leurs salles de bains à l’identique, avec leurs lavabos en grosse faïence. À l’entrée des neuf chambres, un cartouche discret rappelle leur usage. Une chance, dormir dans la 2111, dite Sea Tiger, nom d’un mont face à l’hôtel qui, de poste d’observation pour les officiers de garde grâce à sa situation dévoilant à 300 degrés la mer devint, en 1950, le mess des officiers en poste ou de passage, pour se relaxer, prendre un cherry, un whisky, un high tea. Comme sur la mère patrie. 100 % British.

Reconnaissance méritée

En 2013, l’Unesco honora l’hôtel, le premier du secteur Asie-Pacifique, de l’award de la meilleure conservation du patrimoine culturel. En 2019, l’HICAP, Hotel Investment Conference Asia Pacific, le récompensa pour la préservation des bâtiments et la réutilisation de nombreux matériaux et éléments d’origine.

Baignades et randonnées

Tai O Heritage est le « camp de base » idéal pour partir randonner à travers les chemins bien balisés qui serpentent sur la colline en face. Randonnées pour débutants comme pour confirmés. Mais aussi pour aller en mer avec un pêcheur, visiter le village, et les jours de grand beau temps, esquisser quelques brasses dans la partie la plus protégée de la baie.

05 – ZANNIER HOTELS BAI SAN HÔ 
L’audace pionnière 

Prônant le décalé, l’authenticité, Arnaud Zannier, à la tête du groupe portant son patronyme, s’aventure en terres vietnamiennes inconnues, dans la province de Phu Yen, à 120 km de Nha Trang. Entre mer de Chine et collines coiffées de villages. Traçant la voie.

La plupart des villas essaimées sur la colline bénéficient d’une vraie piscine ajoutant à leur charme. © Frederik Wissink

La cinquantaine venue, Arnaud Zannier prend des risques, sortant des chemins balisés. Après un premier 5-étoiles asiatique, sublime, au Cambodge, à Siem Reap, à l’ombre des temples, il part à la conquête du Vietnam voisin où fleurit déjà une hôtellerie de qualité. Mais foin de la Baie d’Halong, de Nha Trang, Saïgon, Hanoï ou Hué, l’hôtelier a acquis, dans une province dépourvue d’offre hôtelière, 98 hectares rocheux escarpés, broussailleux, ourlés d’une longue plage en croissant dorée à point, et d’une mer où les poissons jouent à cache-cache entre les coraux, san hô en langue vernaculaire. D’où le nom du resort, qui s’apparente davantage à un boutique-hôtel élégant. Un paradis à quelques encablures des ports de poche aux barques aussi rafistolées que les filets que ravaudent les femmes, de villages où paysans et pêcheurs se partagent la terre et l’eau, de fermes piscicoles gavant à coup de boulettes des espèces écaillées, pangasius, tilapia, plus voraces qu’épicuriennes. Un paradis comptant 73 villas dont 48 dotées d’une grande piscine, certaines perchées, d’autres au bord d’une rizière ou les pieds dans le sable et la mer. Trois ambiances, trois styles. Aux sportifs romantiques, oui, oui, ça existe, les spacieuses villas hissées sur la colline, accessibles par des escaliers en bois, aux marches jouant les équilibristes. Aux poètes, ermites, celles intimistes, avec leur lit à baldaquin ceintes de rizière. Et aux familles avec enfants, les balnéaires s’étalant sur un kilomètre de plage.

Pour mener à bien ce projet peu évident, freiné qui plus est par le Covid, Zannier a engagé l’agence française Studio KO, qui s’est inspirée des constructions alentour en bois et bambou, coiffées de chaume. Les artisans et artistes locaux ont ensuite pris le relais pour exécuter à la perfection les plans, avec en apothéose l’espace spa bien-être couleur terracotta et les trois admirables restaurants, dont le Bà Hài, table vietnamienne, élevé sur pilotis. Puis Arnaud Zannier, épaulé, comme il aime le faire, par des experts, antiquaires, décorateurs installés au Vietnam, à traquer et chiner mobilier et objets, armoires de mariage du xviiie siècle, sièges en rotin du xixe siècle, jarres en terre, pots en faïence, œuvres d’art.

Dans l’ensemble du resort, un service sur mesure, efficace, souriant, digne d’un palace. © Zannier Hotels
Autour de la plage d’un kilomètre, restaurant, bar et villas privilégiées par les familles. © Frederik Wissink
Meubles et objets anciens chinés, matériaux de qualité, lin, bois, osier, travaillés par des artisans, donnent aux chambres un charme fou. © Frederik Wissink
© Frederik Wissink
©️ Frederik Wissink
©️ Frederik Wissink
Arnaud Zannier, avec la complicité du Studio KO, français, puis des entreprises locales, a voulu que dans son immense resort, côté plage, côté colline, côté rizière, chaque espace, chaque pièce évoque grâce aux matériaux et aux méthodes de construction, aux mobiliers, aux couleurs, les demeures traditionnelles des notables, mais aussi les habitats plus modestes des pêcheurs et agriculteurs. ©️ Frederik Wissink

Ainsi cahin-caha, conçu comme un immense domaine de notable vietnamien, Bãi San Hô se patine, prend racine dans un paysage grandiose au cœur d’une péninsule aux multiples trésors, naturels, architecturaux, qui reste à explorer. Et hélas, en dehors du resort, à débarrasser des centaines de milliers de plastiques et de déchets éparpillés aux quatre vents. L’arrivée annoncée, programmée, d’autres 5-étoiles (les fondations du Mandarin Oriental sortent de terre, sur 29 hectares) devraient contraindre les autorités à agir et éduquer les populations au respect de l’environnement. Essentiel à leur survie, tout simplement.

Petit déjeuner métissé

© DR

À l’entrée du restaurant, accroupie, en vêtement traditionnel, Lan Hurong prépare à la demande, sur mesure, des mets que les Vietnamiens dégustent le matin : banh bao à la vapeur avec, selon les envies, porc haché, champignons, vermicelles, œuf, menthe, xôi salés à base de riz gluant et de viande, raviolis végétariens, bún riêu, soupe de vermicelles de riz au crabe, etc. Le sourire de Lan et les parfums s’élevant de son étal attirent le chaland prêt à bousculer ses habitudes. Celui qui rêve de baguette croustillante à la française, de bon beurre, de viennoiseries, d’exquis jambon blanc et d’œuf, pioche dans l’appétissant buffet. Un petit déjeuner rappelant que, depuis la colonisation française, la baguette est tout aussi de mise au Vietnam que les nems et le riz.

Carnet pratique

Y aller : de Paris-CDG à Nha Trang via Hanoï ou Hô Chi Minh avec Vietnam Airlines. Elle figure parmi les 20 compagnies mondiales honorées de cinq étoiles par l’APEX, spécialisée dans l’évaluation de l’expérience clients. Sa classe Business est une des meilleures d’Asie du Sud-Est. Les ao dai, tenue traditionnelle des hôtesses, les cabines et les menus transportent au Vietnam. Un vrai plus. Bon à savoir : en lien avec Air France et la SNCF via le programme « Train + Air », Vietnam Airlines assure des départs de Lyon, Bordeaux, Nice et 23 autres villes. Paris-CDG/Nha Trang A/R en Eco Lite à partir de 1 100 €, Business Classic à partir de 3 200 €. vietnamairlines.com

06 – MAISON ALBAR – AMOURE 
L’essence du bonheur 

L’Amoure, qui vient d’ouvrir sous étiquette Maison Albar, est le premier et le seul hôtel à la hauteur du prestige de la région autour de Braga, troisième ville du Portugal. Une splendide propriété au vert idéale pour recharger les batteries, en toutes saisons.

La Suite Amoure, l’une des plus grandes et des plus belles : 100 m2 et 70 m2 de terrasse avec jacuzzi. © David Pires

À 30 minutes au nord de Porto, c’est une campagne douce et paisible qui déroule ses collines et ses forêts, ses lacs et ses rivières, ses domaines viticoles, d’où provient le fameux vinho verde, et ses petits villages de charme. Moure est l’un d’eux. Et Amoure, le joyau hôtelier de cette bien nommée Vila Verde. Membre de Leading Hotels of The World, ce second opus portugais du groupe français Maison Albar Hotels n’est en rien comparable à son aîné, Le Monumental Palace, inauguré en 2018 dans un immeuble centenaire, en plein centre de Porto. Mais combiner en un seul voyage les deux adresses, profiter tout autant de la campagne et de la ville, et même du bord de mer tout proche, a du sens, même pour un long week-end, et même en hiver, puisque tous deux sont ouverts à l’année. 

« Il y avait à Moure une demeure historique en ruine, celle d’une famille noble, raconte Manuel Santos, le directeur général de l’Amoure et du Monumental Palace. Elle a donc dû être détruite, mais elle a servi d’inspiration pour la nouvelle bâtisse, au style Art déco, avec une touche contemporaine. L’hôtel a été conçu par le studio d’architectes lisboète Domus Concept pour que les clients se sentent comme chez eux, dans le confort de leur chambre et des salons, qu’ils se relaxent dans la nature. » 

La longue piscine intérieure reliée au spa, baignée de lumière naturelle. © DR

À chaque arrivée, l’effet de surprise est là. La porte grandiose au milieu de la façade bleutée s’ouvre comme par magie pour dévoiler un spectaculaire lobby. Partout, des sols en marbre, une belle hauteur sous plafond, des œuvres d’artistes portugais. Un double escalier conduit aux 15 chambres et 11 suites, toutes très spacieuses, dotées de vastes terrasses donnant, d’un côté sur le parc, son lac et sa chapelle, de l’autre sur la longue piscine extérieure cernée par les arbres. Le restaurant célèbre la gastronomie et les produits locaux avec une carte supervisée par le chef français Julien Montbabut – une étoile au Monument (Maison Albar – Le Monumental Palace). Mais l’aménagement le plus réussi reste sans nul doute le spa griffé Ignae, avec hammam, sauna, salle de fitness, cabines de soins et surtout une magnifique piscine avec trois mini-cascades et de hautes fenêtres en arcade qui semblent laisser entrer la végétation luxuriante autant que la lumière du jour.

Passion voitures de luxe

Le bar en rotonde est un lieu d’exposition permanent pour des voitures de luxe et de collection. © DR

Un design sophistiqué, des matériaux nobles, des finitions minutieuses, un confort ultime pour une expérience exclusive : l’Amoure reprend à son compte les caractéristiques de l’automobile de luxe. Jusque dans les détails : la rampe de l’escalier habillée de cuir comme les fauteuils des voitures, le lustre monumental dans le lobby composé de pièces d’un moteur d’Aston Martin… L’explication : l’entreprise propriétaire des lieux collectionne les modèles les plus beaux et les plus rares. Des Ferrari et autres Lamborghini sont exposées sur un plateau tournant dans le bar en rotonde R.P.M. (revolutions per minute). Un employé du staff, pilote lui-même, est chargé de développer des suggestions de road trips pour les clients, d’organiser des concours d’excellence, des lancements de nouveaux modèles. Un poste peu banal dans l’hôtellerie.

07 – CASTELFALFI
Une Histoire qui dure

© DR

Situé entre Pise, Sienne et Florence, Castelfalfi, l’un des plus beaux bourgs de Toscane, apparaît pour la première fois sur une carte en 754 après J.-C. Désormais, certaines de ses bâtisses les plus anciennes sont intégrées à un domaine hôtelier au charme unique, qui porte son nom. On en prend plein les yeux dès l’arrivée, plongé dans un décor digne d’un tableau Renaissance : 2 700 hectares certifiés bio de vignes, oliveraies, forêts et campagnes ondulantes à perte de regard depuis l’une des 146 chambres et suites contemporaines de l’hôtel de luxe au cœur du domaine. Les cyprès typiques font de l’ombre au parcours de golf 18 trous, le plus vaste de la région, comme aux anciennes fermes, rénovées en villas locatives haut de gamme. Une vraie carte postale ! Les protocoles rééquilibrants du remarquable spa RAKxa (à l’image de son homologue thaïlandais) donnent bonne conscience après les inéluctables, mais divins excès dans l’une des six tables du domaine. La diabolique foccacia qui sort du four en guise de bienvenue à L’Olivina, les pâtes fraîches parfumées de la trattoria Il Rosmarino… Apothéose du séjour, le dîner dégustation à La Rocca, table gastronomique du chef exécutif Davide De Simone, lovée dans le château médiéval du bourg, s’orchestre autour d’une partition entièrement végétale inspirée par les ressources du domaine – potager, huile d’olive, miel –, et d’une balade épicurienne revisitant les recettes toscanes. « J’ai rapporté de Londres, où j’ai longtemps travaillé, le goût des épices et des accords inattendus », confie-t-il alors qu’on savoure un étonnant risotto, sauce cacciucco, safran de San Gimignano, os à moelle, mousse d’anchois et persil. Un verre de l’un des crus puissants de la propriété plus tard, on se dit que la Toscane, c’est décidément la bella vita

Un village médiéval perché, devenu resort nature où déconnexion et expériences épicuriennes embrassent une Toscane à la beauté intemporelle. © DR
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Article paru dans le numéro 137 d’Hôtel & Lodge.

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