Conférence des Nations Unies sur l’Océan l’an prochain, arrivée du tour de France en juillet dernier, la belle méditerranéenne séduit. Avec une offre hôtelière renforcée, haut de gamme : 3 000 chambres en plus versus 2020, dont 60 % classées 4 et 5-étoiles. Comme ces quatre nouvelles adresses…
Texte Anne Marie Cattelain-Le Dû et Raphaëlle Elkrief
01 – HÔTEL DU COUVENT
En 2021, après plus de sept années d’imbroglios, la mairie de Nice signait avec Perseus, société de l’entrepreneur Valéry Grégo, un bail emphytéotique de 93 ans. Bail pour convertir en 5-étoiles de 88 chambres, dans le respect de son histoire, le couvent fondé en 1604 par les Clarisses, chassées par la révolution en 1793, puis occupé par les Visitandines jusqu’en 1960.




Désormais, hôtes et curieux, slalomant dans les ruelles étroites du Vieux-Nice, ahanant sur le raidillon pavé, franchissent la porte cochère, happés par l’odeur du pain ; celui cuit dans la boulangerie des religieuses remise en état, comme leur herboristerie, leur bibliothèque, leur jardin en restanques. Pour réhabiliter le couvent, conservant en état tout ce qui pouvait l’être, Grégo a convoqué ses fidèles : le Studio Mumbai et le Studio Méditerranée de son frère Louis-Antoine Grégo, architecte, et, pour la décoration intérieure, le studio Festen. En « mère supérieure », épaulée par ses 280 employés, Myriam Kournaf Lambert, Niçoise de cœur, hôtelière rompue aux adresses décalées, veille à chaque détail, de la madeleine maison, offerte en guise de bienvenue, aux butlers attachés aux suites remarquables. Le chef Thomas Vetele, habitué des tables étoilées, épure, « dépoussière » selon ses propres termes, ses assiettes, pour coller au concept général : simplicité, écoresponsabilité. Cuisinant en priorité légumes et œufs de la ferme du couvent, que gère un ami de Valéry, à Touët-sur-Var. Style monastique des chambres monochromes, restaurant où trône une table du xvie siècle, dénichée à Bologne, semblable à celles des réfectoires religieux, spa avec bains romains, uniformes monacaux, tout évoque l’esprit des lieux. Ainsi, invitée par Valéry Grégo, Mère Marie-Chantal, seule religieuse encore en vie ayant pris l’habit ici dans les années 1950, retrouvera peut-être ses marques. Non offusquée, comme certains clients américains, de l’absence d’une salle de fitness et de télévision dans les chambres.
Brins de poésie

Des fleurs à foison : Jean-Patrice Mege, « le » fleuriste du cours Saleya, livre deux fois par semaine des brassées de fleurs et compose des bouquets de saison, en relation avec Majid Mohammad, fleuriste lyrique, créateur de Muse Montmartre à Paris. Gourmandises en chambre : 100 % niçoises, avec les délices salés du Clos de Laure, épicerie fine, et, version sucrée, les merveilleuses confiseries de la Maison Auer.
02 – MAMA SHELTER NICE
Quand le 11e Mama français, le 18e dans le monde, s’installe dans trois immeubles début xxe du quartier de Riquier, celui qui monte, il joue les pionniers et les aimants, aspirant pêle-mêle voyageurs et Niçois. Son architecte d’intérieur, Benjamin El Doghaïli, instruit de l’histoire de la cité, de l’attrait pour ses couleurs, ses lumières, de Braque, Picasso, Léger, de Staël, Cézanne, a puisé son inspiration tout autant dans leurs œuvres que dans le quotidien de la ville, ses marchés, ses placettes, ses échappées vers la mer, son héritage italien. Sur les murs blancs des 101 chambres, il a jeté comme un peintre sur une toile une palette méditerranéenne, vert olive, brun-rouge cachou, jaune safran, bleu outremer, qu’il a soulignée de noir, maquillée de rose. Pour égayer la nuit et les rêves.


Festif, joyeux, gourmand, ce Mama invite, selon les heures, la couleur du ciel, à choisir l’une ou l’autre de ses tables. Valeur sûre par tous les temps, illuminé de frises, le grand restaurant du rez-de-chaussée, façon brasserie sudiste où les planches à partager narguent les salades vitaminées, où, le dimanche, le brunch, incontournable des Mama, réunit les tribus. Balnéaire, agréable par brise légère et soleil, le rooftop avec sa piscine, ses transats, son Big Green Egg où grésillent viandes, poissons, légumes et son comptoir à pizzas proposées à la part pour croquer sans façon. À toute heure. Comme un éternel air de vacances, douze mois sur douze.
03 – PALAIS SEGURANE
Boutique-hôtel reconstruit à l’identique d’un bâtiment démoli lors des travaux d’aménagement du tram, exigence des Bâtiments de France dans ce quartier des antiquaires et du port Lympia classé au patrimoine mondial de l’Unesco, ce 4-étoiles dirigé par Yan et Rémi Bensabath, Niçois, affiche sa différence et son ancrage local avec conviction.


Le bar Catherine – pour Catherine Ségurane, lavandière, héroïne niçoise qui, au xvie siècle, aurait assassiné un assaillant turc – avec sa terrasse, dévoilant le musée d’Art moderne et d’Art contemporain, se transforme et évolue au cours de la journée. Club brunch le matin pour le petit déjeuner, puis de 18 heures à minuit, cocktails, finger food niçoise, et soirées DJ menées par Matthieu Alfandari, Niçois itou, transfuge de l’Experimental Group. Le restaurant Colita, géré, entre autres, par Armand Crespo, propriétaire de belles adresses épicuriennes dans le Vieux-Nice, métisse plats colombiens et recettes niçoises, comme la daube, les panisses et la polenta. On aime ses 43 suites, équipées d’une kitchenette se prêtant, selon leur superficie, de 20 à 90 m2, aux séjours de deux à huit personnes. On apprécie la salle de cinéma de huit places et l’espace spa avec cabine, sauna et hammam, privatisables à l’envi pour s’accorder des instants bien à soi, organiser des petits événements personnels. Avec la colline du château en toile de fond.
04 – PAM HOTEL
En entre au PAM Hotel comme on pénétrerait dans une beach house de la côte ouest américaine. Pari réussi pour l’architecte d’intérieur et designer Michaël Malapert qui, dans ce nouveau terrain de jeu niçois, réinvente le concept du séjour en ville en y injectant une bonne dose de cool californien. Sa mission ? Transformer un bâtiment sans âme en une adresse pleine de caractère, où chaque détail compte. Béton ciré rose, néons lumineux, planches de surf suspendues aux murs… et sympathiques clins d’œil, entre les vinyles des Beach Boys et les hot dogs à commander depuis la fenêtre ouverte sur la rue.


Dans les étages, les 102 chambres jouent sur le rétro avec des touches modernes : têtes de lit façon sunset, motifs géométriques, et des palettes de couleurs qui évoquent les fins de journée à Venice Beach. Un cadre décontracté, bien loin du faste que l’on associe souvent à la Côte d’Azur et qui surfe au contraire sur le véritable lifestyle niçois, dans le quartier de Riquier encore un peu endormi mais qui attise déjà les convoitises du monde de l’hospitalité. Côté food, direction Pamela’s, le bar-restaurant de l’hôtel qui s’ouvre sur un jardin version jungle urbaine. Ici, pas de superflu mais une cuisine simple et généreuse inspirée des diners californiens, entre ribbs et potatoes, mac & cheese ou avocado toast. Où l’on peut tout aussi bien choisir d’y commencer la journée par un délicieux petit déjeuner healthy que de la terminer, à l’heure de l’apéritif, en profitant des sessions de musique live.
Article paru dans le numéro 136 d’Hôtel & Lodge.