Montréal, le vent en poupe

Froid dehors, chaud dedans, structurée et bohème, conviviale et pétillante, francophone et polyglotte, telle est Montréal, une étoile montante dont le rayonnement se diffuse dans tous les domaines en Amérique du Nord. Droit devant !

Texte Jean-Bernard Carillet

Comme un air de movida… Effervescente, hyperactive, tournée vers l’avenir, Montréal s’affirme comme la mégapole la plus décomplexée, la plus tendance d’Amérique du Nord, en passe de détrôner Toronto, sa rivale de toujours, et de marcher sur les plates-bandes de New York. Des rives du Saint-Laurent jusqu’aux pentes du Mont-Royal, une telle énergie fait plaisir à voir… et à vivre, même pour le visiteur de passage. Et pourtant, de prime abord, Montréal ne provoque pas un coup de cœur. Il y règne un certain fouillis architectural, un brin déconcertant pour un regard européen. La cité-phare du Québec séduit sur la distance, s’incorpore sur la durée. Il suffit de laisser la magie opérer. On découvre alors une cité caméléon qui étale sa diversité comme un étendard furieusement moderne et s’aime comme elle est : un patchwork harmonieux de cultures, d’architectures, de modes de vie et de modes tout court. Ajoutons-y une douceur de vivre, malgré (ou à cause de ?) un climat aux saisons très marquées. Comment résister à une ville aussi heureuse de son sort et qui répand autant de bienveillance ? N’est-ce pas cette vertu qui attire les Français, nombreux à s’installer au Québec et en particulier à Montréal (entre 3 000 et 4 000 par an selon les chiffres officiels), tout autant que le confort, la qualité des festivals et de la programmation culturelle, la diversité des cuisines et l’accès facile à une nature souveraine ?

© Shutterstock

Les Montréalais sont unanimes : après la visite du centre-ville, composé du Vieux-Montréal et de Downtown (le quartier des affaires, avec ses gratte-ciel façon Manhattan), il faut faire des pas de côté pour s’immerger dans les quartiers périphériques, qui forment autant de villages aux visages très différents. On surfe avec bonheur de l’un à l’autre. La communauté française adore l’ambiance du Plateau-Mont-Royal, branché et accueillant, avec ses pimpantes maisons de brique. Le Mile End, bobo en diable, est proche, tout comme Villeray et le Mile-Ex, qui se sentent pousser des ailes. Vers le sud, voici le canal Lachine et ses anciennes friches industrielles reconverties en habitations. Attention, pépites ! La Petite-Bourgogne, Saint-Henri et Verdun sont les quartiers pas encore gentrifiés qui aimantent les créatifs… et les gourmands. On n’y compte plus les ouvertures de restaurants et de cafés tenus par de jeunes talents qui font souffler un vent nouveau sur la scène culinaire montréalaise, aujourd’hui l’une des plus novatrices du continent. Côté hôtellerie, la ville commence tout juste sa mue. Pour l’heure, les grandes enseignes internationales tiennent encore le haut du pavé, et la majorité des établissements sont typiquement nord-américains, autant dans leur aspect – des gratte-ciel très fonctionnels – que leur décoration, aseptisée. Mais là encore, une nouvelle dynamique se fait jour. De jeunes designers et architectes lorgnent d’anciennes bâtisses pleines de charme dans les quartiers émergents, qu’ils envisagent de transformer en boutique-hôtels. Affaires à suivre !


Humaniti, Lifestyle et design

Ouvert en 2021 en plein centre-ville, l’Humaniti incarne une nouvelle approche dans l’hôtellerie montréalaise haut de gamme : plus stylisée, plus créative, avec un esprit boutique.

L’Humaniti mise sur l’art de vivre pour séduire une clientèle à la recherche de prestations personnalisées. Le cellier-cave à vins, une référence dans tout le Québec, accueille des dégustations commentées par la sommelière. © DR

Tout premier établissement au Québec de la marque Autograph Collection de Marriott International, l’Humaniti bouscule les codes de l’hôtellerie traditionnelle qui prévalaient dans la mégapole québécoise. L’édifice, dans le quartier des affaires, à une encablure du Vieux-Montréal, se démarque par son architecture audacieuse signée du studio de design Andres Escobar, l’un des plus influents d’Amérique du Nord. Conçu en forme de H, avec deux tours jumelles reliées, tout en verre et en métal, il s’inscrit à mille lieues des constructions massives des années 1960 qui dominent aux alentours.

Avec 193 clés (dont 16 suites) sur 19 étages (seulement), il s’inscrit, à l’échelle de Montréal, dans la catégorie des hôtels de capacité moyenne. Le ton est donné dès la réception, qui occupe une large surface au rez-de-chaussée. On a l’impression d’entrer dans une galerie d’art contemporain, égayée de sculptures et de canapés colorés, comme une invitation à poser ses valises et à profiter de l’ambiance, que l’on sent détendue et conviviale. L’esprit des lieux ? Celui d’un resort urbain axé sur l’art, l’écoresponsabilité et le bien-être. Dans les chambres, on est séduit par le code couleurs : jaune moutarde, bleu marine, gris souris et orange brûlée. Le mobilier est design et moderne, avec des formes arrondies qui viennent adoucir les angles de la pièce.

La piscine en rooftop de l’Humaniti fait bien des envieux à Montréal. Aménagée comme une oasis urbaine, avec des touches végétales, elle se prête aussi bien au farniente qu’aux animations pendant l’été. © DR

Les baies vitrées, du sol au plafond, laissent passer un maximum de lumière naturelle. Tous les produits de bain et les boissons du minibar sont végans, écologiques et fabriqués localement. Le plastique est banni. Au neuvième étage, dédié au bien-être, les murs du couloir, en partie végétalisés et ornés de peintures et d’œuvres d’art, débouchent sur le spa : quatre salles, un espace réservé à la manucure et à la pédicure, et une belle gamme de produits écologiques. Au même niveau, la salle de gym fait bonne impression, avec des appareils innovants fabriqués en bois et auto-alimentés, fonctionnant sans électricité. Fierté de l’établissement : le bar-lounge-restaurant H3, au deuxième étage, un cocon multisensoriel pour épicuriens.

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La table, à base de produits du terroir revisités, est renommée dans tout-Montréal. Et que dire du cellier-cave à vins au milieu de la salle, tenu par Leslie, sommelière passionnée ? Avec 5 000 références, c’est l’un des repaires les plus courus des œnophiles de la province. Cerise sur le gâteau (et une rareté à Montréal) : une grande piscine extérieure, aménagée sur une terrasse surélevée (accessible depuis le neuvième étage), avec des animations en période estivale.


Trois boutique-hôtels hors norme

Les hôtels avec une touche historique ne sont pas légion dans le centre-ville, mais il existe des pépites. Focus sur trois établissements pleins de cachet.

01 – HÔTEL BIRKS

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Un voyage dans le passé, avec tout le confort d’aujourd’hui : tel est l’ADN du Birks, situé en plein cœur du centre-ville dans un immeuble historique du xixe siècle, ancienne résidence du célèbre bijoutier canadien Henry Birks. La bâtisse, haute de six étages seulement, compte 132 chambres réparties en sept catégories. Dotées de grandes baies vitrées, elles sont très lumineuses. Au rez-de-chaussée, près de la réception, se déploie une brasserie à l’européenne où ont été conservées des moulures, des colonnes et des dorures d’époque. Fait rare dans ce secteur densément urbanisé de la ville, le Birks se prévaut d’une vue dégagée (sur la place Phillips).

02 – HÔTEL ST-THOMAS

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Un établissement qui dénote à Montréal. Au milieu des mastodontes de plusieurs centaines de chambres, le St-Thomas, lui, est fier de ne proposer « que » 23 clés. Situé dans un superbe bâtiment historique classé auquel a été ajoutée une aile plus récente, ce boutique-hôtel ravira les visiteurs en quête d’un havre intimiste et d’un accueil personnalisé. Les espaces communs sont agrémentés de tableaux d’artistes montréalais. Les chambres mélangent des matériaux différents (bois, acier, cuir, marbre) et disposent, pour la plupart, d’une terrasse avec une vue dégagée. L’ensemble donne une impression de luxe discret et feutré, du plus bel effet.

03 – LE PETIT HÔTEL

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Une bâtisse classée du xixe siècle, dans une rue pittoresque du Vieux-Montréal : presque un décor de cinéma ! À cet emplacement en or, les 28 chambres marient avec bonheur le cachet de l’ancien, qu’apportent les murs en brique, les fenêtres en ogives et les garde-corps en fer forgé, et l’esthétisme du design contemporain, que portent le mobilier québécois fabriqué sur mesure, les haut-parleurs Marshall Bluetooth et les notes de couleur orangées.


Montréal foodie : 4 adresses gourmandes

La scène culinaire à Montréal est en pleine effervescence. Démonstration dans quatre lieux gourmets et gourmands, à tester absolument.

01 – JATOBA

Chic, exquis, raffiné mais sans ostentation. Dans le quartier des affaires, le Jatoba fait frémir le palais des amateurs de cuisine asiatique revisitée avec une touche créative et fusion. Le tataki de bœuf ? Parfait. Les nigiris de saumon royal ? Divins. Tout est étudié dans les moindres détails : textures, saveurs, présentation, éclairage et mobilier. En prime, un service impeccable. Un bel équilibre entre assiette, ambiance et décor.

02 – PERLES ET PADDOCK

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Le cadre, un ancien garage rénové dans un quartier émergent, est séduisant, la philosophie de l’établissement aussi : du local, du saisonnier et du frais. Le tout mâtiné de créativité, avec des plats végétaliens et sans gluten dans l’air du temps, goûteux et soigneusement présentés. La salle est divisée en plusieurs sous-espaces (dont un bar central), dominés par d’immenses fenêtres et un puits de lumière. Des plantes suspendues apportent une note végétale bienvenue au lieu. 

03 – GALAXIE BRASSERIE

Il n’aura fallu que quelques mois pour que cette brasserie typiquement montréalaise s’impose dans le quartier des Spectacles. La vaste salle à manger, joyeuse et colorée, ornée d’immenses plafonniers métalliques et de peintures de musiciens, abrite les agapes de bons vivants, venus se régaler de classiques français et québécois, enrichis d’influences italiennes. Vu le côté très animé et festif de l’établissement, qui fait le plein à chaque service, mieux vaut éviter d’y aller pour un dîner en tête-à-tête…

04 – BROUILLON CAFÉ-BUVETTE

© Yasuko Tadokoro

Actif du matin au soir, le Brouillon est l’étoile montante du quartier Villeray, près du fameux marché Jean-Talon. S’y côtoient télétravailleurs, hipsters, gourmands et caféinomanes, dans une ambiance cool. La carte, courte mais équilibrée, inclut d’inspirantes propositions végétariennes. On fait dans la simplicité, le bon petit plat, avec des produits locaux et de saison, à déguster dans une salle moderne égayée de tonalités miel.


Les 4 adresses préférées d’Alexandre Divay

Concierge de l’hôtel Humaniti, ce Français installé à Montréal depuis quatre ans, amoureux de la ville, n’a de cesse d’en découvrir les trésors pour ensuite les partager.

© DR

01 – MONTREAL PLAZA
« Un restaurant à l’image de la ville : éclectique. Dans l’assiette, des associations de saveurs et de textures originales, comme le bœuf grillé au sabayon, vraiment excellent. Côté service, c’est aussi très Montréal :
à la fois décontracté et professionnel. »

montrealplaza.com

02 – LA CABANE DU COUREUR
« L’adresse idéale pour une expérience authentiquement canadienne. Dans cette emblématique cabane à sucre, on vient chaque saison goûter la nouvelle cuvée de sirop d’érable et déguster un repas 100 % à l’érable. Le chef, Jean-Sébastien, est un passionné. »

cabaneducoureur.ca

03 – AMÉA CAFÉ GOURMAND
« Proche du musée des Beaux-Arts, ce café d’inspiration italienne est une halte idéale après une visite culturelle. Le décor vaut à lui seul le détour : soigné, moderne et convivial. Surtout ne pas manquer la spécialité, le croissant à la pistache, aux fraises et à la rhubarbe, un petit bijou de gourmandise ! »

ameacafe.com

04 – THE CLOAKROOM
« Ce speakeasy est caché dans un bâtiment du xixe siècle, à côté d’un magasin de confection de tailleur. Sa spécificité ? Pas de menu, chaque cocktail est personnalisé selon votre envie du jour par le mixologue. »

cloakroombar.co/montreal


Ils font bouger Montréal

Azamit, Icône de style, directrice de création et styliste

« Montréal ne se dévoile pas au premier abord. Il faut faire un effort pour la découvrir et la ressentir. Quand je me suis installée ici, j’ai été séduite par l’énergie qu’elle dégage. Elle ne s’impose pas, elle laisse chacun tracer son propre chemin, en toute liberté. J’aime aussi son côté dual, à la fois structuré à l’anglo-saxonne et bon vivant à l’européenne. Je vis dans le Vieux-Montréal, j’adore ce quartier où j’ai parfois l’impression d’être à la campagne. Pour sortir, j’ai un faible pour le quartier de Saint-Henri, un coin secret, près du canal de Lachine, avec plein de nouveaux bars et restaurants. »

Zébulon Perron, Architecte d’intérieur

« Je suis un enfant du Mile End, un quartier qui a beaucoup changé en 20 ans, tout en conservant son âme. Mon père est anglophone, ma mère francophone, je suis typiquement montréalais ! On vit en ce moment une période faste à Montréal. La ville est en pleine ébullition, autant dans le domaine économique que dans la restauration, le design et la culture. Nous sommes le Berlin de l’Amérique du Nord, un monde à part, singulier, insulaire. Pour s’en imprégner, il faut s’éloigner du centre et explorer les quartiers périphériques, notamment Villeray, la Petite-Italie, Mile-Ex, Verdun et la pointe Saint-Charles. C’est ça, Montréal : un kaléidoscope de microcosmes. »

Carnet pratique

Y aller : la compagnie Air Transat assure des vols quotidiens directs Paris-Montréal, à partir de 393 €. airtransat.com

S’informer : mtl.org/fr, le site officiel de Tourisme Montréal.

Article paru dans le numéro 128 d’Hôtel & Lodge.

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