N Le Spa, son nouvel espace douceur, forme, sérénité, propulse le palace niçois dans une autre dimension, celle des 5-étoiles où le bien-être joue partie égale avec l’hébergement hors pair et la gastronomie étoilée.
Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû
«Pourquoi voulez-vous que j’installe un spa dans mon hôtel ? La Méditerranée est au pied du Negresco », rétorquait toujours Jeanne Augier, propriétaire pendant 60 ans du 5-étoiles le plus célèbre et le plus convoité de la Côte d’Azur, tout comme elle ne se chagrinait pas qu’Atout France rechigne à lui attribuer le titre de palace : « Vous savez, je m’en moque de la commission d’attribution du label palace. Ce qui m’intéresse, c’est de faire ce que je veux, comme je veux. Cet hôtel m’appartient, je suis libre. » Madame, comme l’appelaient ses salariés avec déférence, est décédée en janvier 2019, à 96 ans. Sans héritier, sans famille. Après un imbroglio juridique improbable, les gestionnaires, adoubés par les autorités, se préoccupent désormais avec rigueur de la bonne marche et de l’évolution du Negresco. Tout en lui conservant son style si particulier, derrière sa façade Art déco, inscrite depuis 1980 au répertoire des Monument historiques.
Dans quelques mois, le septième et dernier étage et la tourelle, où vivait Jeanne Augier, deviendront des suites avec une vue époustouflante. Et parce qu’aujourd’hui, même avec la mer en vis-à-vis, les hôtes veulent s’ébrouer dans une piscine, transpirer dans un hammam, se relaxer sous les doigts experts de thérapeutes, N le Spa les comble, les époustoufle même, depuis son inauguration en février dernier. Un spa avec, en guise de clin d’œil à Madame, un ravissant Matisse qu’elle conservait dans ses appartements, désormais accroché dans le salon d’accueil. Jean-Philippe Nuel, architecte français, respectueux des lieux chargés d’Histoire, a été missionné par les Amis de Madame Augier, association qui, aux côtés de Lionel Servant, directeur, veille à l’identité artistique et à l’héritage culturel, pour que le spa ne jure pas, bien au contraire, dans cette « ambassade française pour l’art ». Message reçu à 100 %. Rien de clinique, rien de déjà vu.
Sous les corniches et les moulures d’origine du plafond, entre le parquet en points de Hongrie, les marbres de Carrare, les meubles en bois blond édités sur mesure, les canapés et les paravents s’habillent de cotonnade, de tissus fleuris signés Christian Lacroix. Chaque espace révèle une œuvre rare, un marbre blanc de Psyché et l’Amour, une sculpture cubiste, Femme se peignant les cheveux d’Alexandre Archipenko, par exemple. Et côté barbier, le buste en terre cuite de Salvador Dalí rappelle l’amitié indéfectible qui liait l’artiste à l’hôtelière à laquelle il confiait volontiers Babou, son ocelot de compagnie. Nul doute que Madame aurait finalement succombé avec délectation, Babou entre ses bras, à une promenade de santé, des sept suites de soin évoquant les lieux incontournables de Nice à la piscine en Inox parée de grosses perles façon Othoniel. Et que, gourmande comme un chat, félin qu’elle adulait, elle aurait, dans la salle de repos, croqué quelques friandises préparées dans les cuisines de Virginie Basselot, cheffe étoilée.
La beauté, tout un art
Artiste reconnu en son domaine, Olivier Couraud, créateur de la maison de soins majeurs de beauté Olivier Claire, 100 % naturels, a pensé une carte en adéquation avec le spa du Negresco. En vedettes, le Grand Soin Lumière corps et le Grand Soin Majeur de Beauté visage, protocoles signature holistiques, sur mesure anti-âge. Grâce à l’expertise combinée du savoir-faire Olivier Claire et des thérapeutes, ces soins magnifient à long terme la peau, dénouent les tensions musculaires. À vivre à deux, dans la cabine duo, pour un moment émotionnel fort, La Femme et l’Homme, deux massages « genrés » selon l’expression à la mode, prenant en compte la physiologie, la psychologie et le psychisme de l’une et l’un, pour une heure de détox et de relaxation sensuelle.
Article paru dans le numéro 135 d’Hôtel & Lodge.
