Pour Hôtel & Lodge, le directeur du design de la marque au losange décrypte la nouvelle Renault 5 électrique, star incontestée de l’automne.
Texte Maxime Ricard
La Renault 5 sera la it-car des mois à venir. La campagne de communication autour du lancement de ce modèle a déjà commencé, et on en voit circuler dans les rues, avant même que les premiers exemplaires soient livrés. Explication : des employés de Renault participent aux ultimes développements de cette citadine à moteur électrique dont la marque attend beaucoup, tant en termes commerciaux que d’image. L’objectif est de prendre pied durablement sur un marché de l’électrique appelé à s’étoffer rapidement dans les années qui viennent, quoi qu’en pensent les inconditionnels du moteur thermique.
Pour convaincre, la R5 mise en premier lieu sur un design spectaculaire, qui évoque le passé mais s’avère parfaitement moderne quand on le considère dans le détail. Techniquement, cette nouvelle icône du made in France se montre tout à fait apte à rivaliser avec une concurrence des plus huppées, Mini en tête, avec sur la version haut de gamme une batterie de 52 kWh qui lui permet de revendiquer une autonomie supérieure à 400 km dans des conditions idéales (on ne parle pas de l’autoroute en hiver, donc !). De plus, l’auto peut miser sur sa présentation intérieure des plus flatteuses, que servent des matériaux de qualité. Enfin, elle dispose d’un équipement unique au monde : un porte-baguette en osier, proposé en option à 50 €. Pas vraiment une bouchée de pain, certes…
Gilles Vidal : « La Renault 5 s’inspire en réalité de trois voitures : la R5 originelle, la Supercinq et la R5 Turbo 1. Les petits feux avant et la silhouette rappellent bien sûr le premier modèle sorti en 1972, mais les feux arrière réinterprètent ceux de la Supercinq, nettement plus imposants. Quant aux ailes larges, elles évoquent celles de la R5 Turbo, modèle spectaculaire s’il en est. L’idée était de retrouver l’esprit global de tous ces modèles, plutôt que de créer une voiture qui regarderait le passé de façon un peu obsessionnelle. »
G.V. : « Il est plus difficile de faire revivre une voiture du passé que de partir d’une feuille blanche. Mais si vous regardez la voiture dans le détail, à travers différents close-up, il n’y a aucune connotation rétro ou vintage. »
G.V. : « Le but de la Renault 5 est de contribuer à rendre l’électrique abordable. C’est finalement la même mission que la R5 en 1973, durant la crise pétrolière. Les situations ne sont pas directement comparables, mais le contexte de société est assez similaire. »
G.V. : « Les couleurs de la voiture lui donnent un esprit différent. Il y a le vert qui fait référence à une teinte historique de la R5, et le jaune qui est la couleur de la marque Renault. Vous observerez que cette peinture se compose de paillettes très fines qui donnent une texture très contemporaine. Le blanc, le noir et le bleu sont plus sobres. À titre personnel, j’avoue un faible pour cette dernière couleur. Avec le jonc de toit doré, elle adresse même un clin d’œil à la Clio Williams ! »
G.V. : « Regardez la grille de refroidissement décentrée sur le capot. On pouvait se demander que faire de ce rectangle. Sur le concept-car, c’était là que prenait place la prise de recharge. Mais sur une vraie voiture, ce n’est plus possible, car c’est peu pratique à l’usage et cela peut abîmer la carrosserie d’avoir le câble posé là. On a donc décidé d’y intégrer l’indicateur de charge, avec un 5 composé de 5 barres verticales lumineuses dont chacune correspond à 20 % de charge. Ça rend la voiture plus cool, elle s’adresse directement à son propriétaire. Cela peut s’apparenter à une futilité, mais cela génère un plaisir d’usage extraordinaire. »
G.V. : « L’habitacle procède de la même démarche que l’extérieur du véhicule. Les sièges avant, avec leurs maintiens latéraux très marqués, s’inspirent directement de ceux de la R5 Turbo. Quant à la planche de bord, elle n’est pas plus fine qu’une autre, mais le fait qu’elle se compose de deux strates l’allège visuellement. On a voulu insuffler à l’habitacle un esprit “mobilier”. »
La nouvelle R5 en chiffres
Dimensions : (L x l x h, en mètres) : 3,93 x 1,81 x 1,50 m.
Puissance : 95, 120 ou 150 ch.
Autonomie : 300 ou 410 km selon version.
Tarifs : à partir de 25 000 €, bonus déduit.
Gilles Vidal en voyage
Vos routes préférées ?
J’ai fait mes études à l’Art Center College of Design de La Tour-de-Peilz en Suisse, entre Vevey et Montreux. Venant d’Auvergne, je faisais la route en longeant le lac Léman par le nord, où se succèdent petits villages et vignobles. C’était magnifique. Sinon, je suis originaire de Salers, un village médiéval resté dans son jus, à 1 000 mètres d’altitude. Les routes permettant d’y accéder sont délicieuses, et il n’y a pas besoin de rouler très vite pour en profiter. Je m’y rends aujourd’hui en Austral, mais j’ai hâte de les tester en R5 électrique !
Une route de rêve ?
J’adorerais faire un road-trip en Mongolie, avec de longues routes désertes et peu d’êtres humains dans le paysage.
Des souvenirs d’un hôtel ?
Le Refuge de Solaise, à Val d’Isère, dans une ancienne arrivée de téléphérique. C’est perché à 2 500 mètres d’altitude, on y profite parfois d’un ciel tout rose et on est quasiment coupé du monde en cas de tempête. On y vit autrement.
Article paru dans le numéro 136 d’Hôtel & Lodge.