Sur les terrasses et dans les jardins des hôtels, les aménagements extérieurs et leur mobilier outdoor apportent une certaine douceur de vivre, de la gaieté, avec parfois un souffle de nostalgie. Nous incitant avec gourmandise à retrouver le sens du calme et du charme.
Texte Aliette de Crozet
Le jardin du Domaine Reine Margot Paris Issy – MGallery Collection, avec son if centenaire, ses bancs et ses arbres fruitiers, descend en pente douce jusqu’au mur d’enceinte de l’ancien château de Marguerite de Valois. À l’horizon, la tour Eiffel semble planer, comme égarée dans ce paysage bucolique. Les séminaristes de Saint-Sulpice qui hantaient cette retraite d’Issy-les-Moulineaux, aux portes de Paris, en ont fait un havre de paix. La proximité de la porte de Versailles – à deux stations de métro – attire de nombreux visiteurs des salons. Et Camille Devaux, la directrice du Domaine Reine Margot, récemment inauguré, apprécie de recevoir beaucoup de Parisiens venus pour le week-end : des adeptes du « staycation », contraction des termes stay et vacation qui permet de s’évader du quotidien quelques heures, dans sa propre ville. Ils se prélassent sur les fauteuils du verger de 5 000 m2, visitent la serre, cueillent les mirabelles en saison. Alors que les parents déjeunent en terrasse, les enfants courent entre les plates-bandes. Le dimanche, pendant les brunchs, un kids club est prévu. Chaises et fauteuils, confortables, intemporels, participent à cette atmosphère.
« Un château de famille existe par son jardin, sa forêt, ses allées où se balader seul ou main dans la main après le déjeuner », explique Thierry Goux.
À la tête de Rinck, faisant perdurer la tradition française d’ensemblier-décorateur, l’architecte et décorateur s’est offert un rêve d’enfant : le château de Saulon, ses salons du xviiie siècle, ses fossés médiévaux, sa glacière romaine, à la sortie de Dijon. Pour le partager avec une petite centaine de privilégiés (le lieu compte 42 chambres), son scénario exclut volontairement la technologie. La déconnexion est au programme, pimentée d’une pincée de retour dans le passé. Le pitch : on est reçu en amis par une vieille famille française. À l’intérieur, les meubles s’empilent dans un joli mélange. Dehors, des barrières en osier vivant bordent l’étang et la rivière Sansfond : « Nos hôtes vibrent grâce à des équipements bruts et graphiques, en bois. Les agrès de notre parcours de santé reflètent la forêt, comme nos tables et tabourets inspirés des tréteaux de laitier, à l’image de ceux créés par Charlotte Perriand. » La maraîchère, une architecte-paysagiste reconvertie, cultive le potager pour qu’il diffuse couleur et beauté pendant les quatre saisons.
Après la pandémie, les terrasses parisiennes ont également fait le choix de la mélodie du bonheur. Résistantes au soleil comme à la pluie, les chaises en rotin de la Maison Gatti, sur la terrasse de Fauchon l’Hôtel, font face à l’église de la Madeleine. Posés sur les cannages de couleurs entremêlées, plaids ou coussins cramoisis chantent la vie en rose : « L’idée était d’évoquer la joie de vivre et la gourmandise dès la terrasse, de valoriser le moment présent », note le directeur, Arnaud Morandi. Et aujourd’hui, les voitures du boulevard ne dissuadent plus les clients – beaucoup, d’ailleurs, sont électriques. » Version guinguette ou brasserie chic, l’extérieur est synonyme de fête.
La Ferme d’Augustin à Ramatuelle, dans le Var, joue une partition différente. Son directeur, Christophe Vallet, a passé l’hiver à remplacer les pavés en pierre naturelle, à brosser les banquettes en châtaignier et les tissus Pierre Frey. Avec son potager, son grand jardin, ses arbres centenaires, sa maison de famille est un refuge de nature dans le golfe. Mais cela n’empêche pas l’innovation. Il voulait aussi, explique-t-il, faire la différence en proposant une expérience exceptionnelle liée au bien-être. L’idée : une piscine d’eau hyper-ionique, la seule en France, basée sur une technologie française, Sublio. Dans l’eau à 32 degrés, il ajoute des oligoéléments pour hydrater et nourrir la peau. Innovantes aussi, les solutions architecturales de KE Outdoor Design ont donné un nouveau souffle à la traditionnelle pergola. Autoportantes, adossées au mur ou insérables en niche, elles séduisent les hôteliers, comme ceux de The Villa Casa Casuarina à Miami ou de la Casa Bianca al Mare près de Venise, déterminés à créer des espaces de convivialité élégants, et confortables. En extérieur comme en intérieur.
En Sardaigne, une place au soleil
Premier toit-terrasse au sud de l’île italienne, celui du Palazzo Tirso Cagliari – MGallery ne désemplit pas. Situé au dernier étage de ce palais-monument des années 1920, il surplombe la vieille ville sarde, le port et le golfe des Anges. « Beaucoup d’habitants de Cagliari viennent vivre la rooftop experience,explique Daniele Basseti, directeur général. Car il se passe toujours quelque chose d’indéfinissable là-haut, ce n’est ni un club, ni un resto, ni un bar, mais un “tutti frutti”. » Dessinés par Marco Piva, l’architecte chargé de la rénovation du Palazzo Tirso Cagliari, la plupart des meubles ont été réalisés par Poltrona Frau. D’autres sont signés Molteni, Varaschin, Ethimo ou encore Talenti, une marque que l’on retrouve aussi à la Masseria Auraterrae dans les Pouilles ou au Manna Resort dans le Sud-Tyrol. Le directeur est formel : « En Italie, nous aimons vivre à l’extérieur, c’est pour cela que nous avons tant de marques merveilleuses d’outdoor ! »
Royal Botania, de la Thaïlande à la Belgique
« Faire dialoguer les créations est plus intéressant que contempler leur monologue », constate le designer Kris Van Puyvelde. Les meubles et luminaires qu’il a dessinés s’exposent ainsi ensemble dans le nouveau showroom de la marque Royal Botania, à quelques minutes de leur berceau, l’usine en brique proche d’Anvers, en Belgique. Leur point commun : le teck. Pour se procurer ce matériau noble de façon durable, la marque a fondé sa propre exploitation de teck, Green Forest Plantation Co., qui emploie 400 personnes dans son usine de 13 000 m2 en Thaïlande. Elle offre sur place un logement gratuit aux salariés et à leur famille et fournit des soins médicaux, un jardin d’enfants…
Vlaemynck, à nous la plage
« Un parasol, c’est une façon de marquer son territoire » explique Claire Tixier. Et marquer son territoire, Vlaemynck sait faire. La marque spécialiste du tissage et du teck est célèbre pour ses parasols, chaises longues et bains de soleil… Elle équipe 98 % des plages de la Côte d’Azur ! Elle le doit au service « Affaires spéciales », dirigé justement par Claire Tixier, et qui offre un service cousu main, sur mesure, à chaque établissement : « Chacun revendique d’être unique, chaque équipement diffère par son logo ou son tissu, sa broderie, son bavolet quand il s’agit d’un parasol, son épaisseur pour un matelas… » Vlaemynck doit aussi son succès à son service de location, assurant la livraison comme la blanchisserie. Et enfin à son service d’entretien : chaque année, 40 000 matelas et pièces de parasols sont réparés et entretenus dans la maison-mère, au sud de Mâcon.
Fermob, rénover pour durer
« Pour Fermob, le jardin est la cinquième pièce de la maison, explique Florence Ferrand, directrice des marques et de la relation clients de Fermob. « Made of France » selon son expression, la marque née dans l’Ain s’invite dans le jardin des Tuileries, à Paris, comme dans les palaces ou les bibliothèques, partout en France. Et ailleurs : la moitié de son chiffre d’affaires se fait à l’international. Fer de lance de la réussite de Fermob : sa durabilité. 95 % des luminaires sont écoconçus, réparables, recyclables et démontables. Pour les chaises, tables et bancs, un service « Re-paint » assure sur demande une nouvelle vie et des couleurs éclatantes à plus de 160 produits Fermob. « Rénover n’est pas réparer, c’est apporter du nouveau. En permettant de jeter un nouveau regard sur son mobilier, ce dernier va vous accompagner pour une nouvelle tranche de vie », commente Bernard Reybier, le dirigeant de Fermob.
Article paru dans le numéro 133 d’Hôtel & Lodge.