Complètement transformé et agrandi, l’ancien couvent du xviie siècle, dans le pays de Forcalquier, sublime son héritage historique et adopte un style plus contemporain, incarné par son nouveau spa L’Occitane. Plus qu’un hôtel, un cocon de bien-être et de sérénité.
Texte Céline Baussay
Les anciens clients le reconnaîtront à peine. Le Couvent des Minimes a été désossé et, à partir d’une coquille vide, entièrement repensé et embelli. Après trois ans de travaux, le 5-étoiles a gagné de l’espace, du style et de la lumière avec un parti pris général de couleurs très claires et de larges ouvertures sur le domaine de 8 hectares, les champs de lavande, les prairies fleuries. Désormais, les clients peuvent réserver, au choix, l’une des 34 chambres de la partie historique, toutes avec vue, certaines avec loggia ou terrasse, ou l’une des 15 de l’extension contemporaine.
À leur arrivée, ils pénètrent dans l’hôtel, comme les moines à leur époque, par la chapelle désacralisée, longtemps laissée dans son jus, et qui désormais brille d’un nouvel éclat : 10 mètres de hauteur sous plafond, une superposition de trois gigantesques lustres circulaires (le plus grand fait 5,20 mètres de diamètre !), 18 vitraux d’origine restaurés, un sol en pierre de Bourgogne, des portes en bois sculpté, des passages voûtés tout autour… Voilà sans nul doute l’un des plus beaux lobbys d’hôtel qui soient. À la dimension d’un site patrimonial majeur : créé en 1613 par le marquis Melchior de Forbin de Janson, le couvent a d’abord accueilli les Minimes, un ordre mendiant de moines érudits, avant d’être abandonné, pillé, saccagé, puis transformé en hospice dirigé par des sœurs franciscaines dans les années 1860 et finalement en Relais & Châteaux, en 2008. « Il a toujours été un lieu d’hospitalité, de différentes manières, à toutes les époques », notent Fabien et Valérie Piacentino, les maîtres de maison depuis 10 ans.
Ici, chacun peut trouver son petit coin de tranquillité : un salon caché, un patio, la minuscule bibliothèque, la terrasse sous les platanes ou encore l’un des canapés de L’Alambic, le bar, couvert d’une immense charpente en bois, à l’emplacement de l’ancien cloître, un espace aussi incroyable que la chapelle, dans un tout autre genre. Le troupeau de moutons décoratifs, bien connu des fidèles de l’hôtel, a trouvé refuge sous le monumental escalier quart tournant, et les fauteuils roses et verts ont été remplacés par des pièces de mobilier plus sobres et élégantes. Les céramiques, les luminaires ou encore les tenues du staff ont été dessinés sur mesure par le cabinet d’architectes genevois De Planta, dont c’était le premier projet hôtelier : « Notre priorité était le respect et la mise en valeur d’un patrimoine d’exception, d’un artisanat local fort et de matériaux nobles : le chêne clair, la terre cuite de Raujolles, les pierres provenant des carrières d’Apt, taillées à la main et posées une par une, note l’architecte Anthony Micoud. Nous avons opté pour des couleurs pures, le brun, le blanc cassé, le beige. Le paillage des chaises, le tressage des suspensions, l’osier, le grès, donnent une discrète touche provençale à un ensemble quasi scandinave. »
La métamorphose de l’hôtel s’accompagne de l’ouverture d’un spa L’Occitane de près de 3 000 m2, dans un bâtiment aux lignes contemporaines, en terrasses inspirées des restanques, et au toit végétalisé. À l’intérieur, 10 cabines de soins, des salles de fitness et de yoga, deux piscines (intérieure et extérieure), deux saunas, un hammam, une grotte de sel et un bassin sensoriel qui slalome entre de hauts murs de pierre. L’expérience se poursuit au gastronomique, Le Feuillée, ou plus simplement au bistrot Pamparigouste, « le pays imaginaire » en occitan, menés par le jeune chef bourguignon Louis Gachet, Meilleur Ouvrier de France 2023. Selon lui, « Le Couvent des Minimes, c’est un hôtel-bulle, à l’écart du monde. Avant d’arriver à table, nos hôtes ont déjà suivi une sorte de cheminement, ils sont détendus, en pleine quiétude ». Dans les meilleures dispositions pour apprécier sa cuisine fraîche et généreuse.
Deux chambres exceptionnelles
Surprise dans la n° 104 avec, sur le mur près du lit, une fresque à la madone de plus de 1,50 m de hauteur, mise au jour pendant les travaux, restaurée et protégée sous verre. Les archéologues estiment qu’elle date du xviie siècle. La chambre n° 112, en duplex, a investi la sacristie de la chapelle. À l’étage, les toilettes ont été installées… dans le clocher !
Article paru dans le numéro 130 d’Hôtel & Lodge.