Jardins parfumés, bassins qu’éclaboussent des fontaines, Atlas en ombre chinoise, patios de marbre vêtus… Sous ses airs de palais arabo-andalou, le nouveau 5-étoiles battant la campagne incline à la rêverie.
Texte Anne Marie Cattelain Le-Dû / Photos Alan Keohane
Loin de la cacophonie, des embouteillages, de l’air chargé d’odeurs entêtantes de Marrakech, l’Oberoï, ses 11 hectares de verdure et ses 76 villas avec jardin et piscine privés, s’abordent comme une parenthèse, une respiration, une résidence secondaire aux allures de palais arabo-andalou. Une bénédiction, pensée avec intelligence par Patrick Collier, architecte français, pour profiter du meilleur de Marrakech sans en subir les contraintes, pour marquer le pas, vivre en autarcie quelques jours. Au calme ! Tout à portée de main, hormis les souks, les mosquées et les galeries d’art de la ville rouge qu’on gagne en 15 minutes, si l’envie nous démange.
L’ennui? Quel ennui? Commencer la journée par savourer, face à la longue pièce d’eau qu’argente le soleil matinal et qu’animent de leurs piaffements les hirondelles assoiffées, un petit déjeuner où les baghrir, crêpes aux mille trous, légères, rutilantes de miel, le disputent aux melaoui brillantes de beurre, au jus d’orange frais et lassi à l’acidité adoucie d’un soupçon de fleur d’oranger. Puis, la brise venue des montagnes calmant les premières ardeurs solaires, flâner au hasard des allées serpentant du jardin d’herbes aromatiques des chefs aux carrés de simples et aux massifs à grandes fleurs. Une heure, deux heures à enrichir ses connaissances botaniques avec la complicité d’un jardinier, à s’arrêter à l’ombre d’un eucalyptus lire Au plus beau pays du monde, dernier ouvrage de Tahar Ben Jelloun, contant son Maroc.
Midi… le temps venu, sous un parasol indien rond et frangé, près de la piscine, de parfaire son bronzage en dégustant une salade fraîche avec, pour les plus gourmands, une corne de gazelle et un thé à la menthe. Voilà, l’après-midi s’annonce sans hausser le ton… Valse-hésitation entre une sieste dans sa villa, un massage relaxant au spa domicilié lui aussi dans le jardin, un plongeon dans la piscine, voire les trois, histoire d’égrener les heures.
Le ciel, déjà, change de ton, abandonnant le bleu layette au profit du bleu nuit clouté des premières étoiles. Drink lové près du comptoir du bar Vue ou en terrasse pour regarder les nuages se fracasser sur la masse sombre de l’Atlas et répondre à l’ultime question : s’attabler au Siniman, pour sa pastilla au pigeon, son couscous aux sept légumes et à l’agneau, ou au Tamimt, pour ses gambas au wasabi et son bar tandoori ?
Article paru dans le numéro 127 d’Hôtel & Lodge.