Désormais entre les mains du groupe Millésime, l’hôtel iconique d’Anglet a été entièrement rénové et agrandi avec une nouveauté insolite : dix lodges flottant sur le lac. Il redevient un lieu de vie, à la fois chic et décontracté, dans un cadre enchanteur.
Texte Céline Baussay / © Photos Gaëlle Le Boulicaut, Mathilde Ranchon
Dans les années 1930, un Écossais fou d’Espagne et de la côte basque, Sir Reginald Wright, construit en pleine verdure et en bord de lac, à cinq minutes des plages, un petit palais à l’étonnante architecture hispano-mauresque. Il y convie tout le gotha en villégiature à Biarritz à de joyeuses fêtes mondaines. Des décennies plus tard, autour des années 2000, le rugbyman Serge Blanco l’achète et entreprend une première restauration majeure, pour l’ancrer dans la modernité. Celle que vient d’entre- prendre le groupe Millésime (également propriétaire, entre autres, du Domaine de Raba près de Bordeaux et du Grand Hôtel du Soleil d’Or à Megève), est encore plus ambitieuse : 5-étoiles, membre de Relais & Châteaux, Brindos, Lac & Château – c’est son nouveau nom – possède aujourd’hui 24 chambres et 5 suites spacieuses et élégantes, 10 lodges flottants, un impressionnant spa Gemology, un restaurant du terroir supervisé par la cheffe Flora Mikula avec une vue panoramique sur le lac et plusieurs espaces pour boire un verre, grignoter des pintxos ou savourer d’in- croyables pâtisseries maison. Au choix, dans un grand salon aux allures de cathédrale, dans l’intimité du bar écossais (clin d’œil à Sir Reginald Wright), sur le ponton à fleur d’eau, au bord de la piscine…
Marie-Christine Mecoen, la directrice artistique de Millésime, basque elle-même, a orchestré cette résurrection. « Le château avait perdu son identité au fil du temps. Alors, confie- t-elle, j’ai voulu recréer son esprit d’origine, théâtral, festif, faire entrer la nature, les couleurs végétales et la lumière avec de grandes baies vitrées, exploiter ses volumes extraordinaires, revamper ses anciens fauteuils, ses boiseries. »
La magie et la poésie se sont aussi invitées dans son travail : « Une légende raconte que, une nuit de septembre, chaque année, tous les nénuphars du lac se transforment en fées habillées de voilages blancs qui dansent sur ses eaux. Je me suis inspirée de cette histoire pour créer les lustres en cascades de perles de verre que l’on retrouve un peu partout, pour les rideaux légers, les nombreux miroirs, la signature olfactive de l’hôtel, les noms de certaines chambres comme la Boléro… » Autre volonté de Marie-Christine Mecoen et du groupe Millésime, affirmer l’identité basque comme un leitmotiv, par petites touches : on découvre ainsi à Brindos une chocolaterie aux couleurs de la maison bayonnaise Cazenave, des tissus aux rayures emblématiques de Jean-Vier, des sols en céramique de chez Cazaux, une institution à Biarritz.
À cela s’ajoutent, ici et là, pas moins de 150 jarres basques, des beaux livres sur les traditions régionales dans la bibliothèque, des soirées musicales avec des bandas locales… sans oublier un cocktail exclusif, Gorria, à base de gin Brana au piment d’Espelette, de Bitter des Basques et de liqueur Patxaran Egiazki.
Dormir sur le lac
Ils ne sont pas accessibles par la rive, encore moins à la nage ! Seul moyen de les rejoindre, les petits bateaux électriques accostés au pied du château. Les 10 lodges flottants alignés sur le lac de 10 hectares, à bonne distance les uns des autres (sans vis-à-vis), sont équipés comme des suites d’hôtel, avec salle de bains double, salon, terrasse, une ou deux chambres, et sont autonomes en énergie. Les deux lodges Millésime, reconnaissables à leur toit-nénuphar vert, possèdent en plus un bain nordique en plein air. Reliés au sol par deux ancres, ils bougent peu, à peine un petit mouvement de va-et-vient, comme une glissade sur l’eau. Leur décoration intérieure évoque un univers vaporeux, tout en légèreté, avec de fins voilages rayés, un lit d’une blancheur immaculée, du mobilier en bois doré, un canapé en velours pour profiter de la vue sur les canards sauvages qui barbotent, les carpes qui bondissent hors de l’eau, et, le soir, admirer le coucher du soleil qui embrase le château et la rive opposée.
Article paru dans le numéro 124 d‘Hôtel & Lodge.