Manoir, villa, cottage, maison basse… de la Bretagne à la frontière espagnole, l’architecture se conjugue au pluriel sur le littoral Atlantique. Un vrai patchwork de styles, dont certains hôtels de charme et de caractère se font les dignes ambassadeurs
Par Céline Baussay et Anne-Marie Cattelain Le Dû
Les Hautes Mers, Île d’Yeu : iode à gogo
Sur le sentier côtier qui, de Port-Joinville à la pointe des Corbeaux, ondule de plage en plage, cette huitième adresse des Domaines de Fontenille scrute l’Atlantique. Seul hôtel islais ouvrant sur le large, semblant sorti d’une bande dessinée, il conte la mer et les marins, la plage et les vacanciers. L’ancien Caillou Blanc, repensé par Luc Brochard, architecte nantais, et l’Agence 44 avril, mis en scène par Guillaume Foucher, l’un des propriétaires, débute sa première saison toutes voiles dehors : 17 chambres 4-étoiles habillent de bleu les rêves avec pour unique tempo celui des vagues et du nordet. À la table Vent Debout, Nawal Rezagui, la cheffe, louvoie entre faune marine et terrestre. Sa généreuse épaule d’agneau parée d’épices douces, ses couteaux relevés d’une pointe de gingembre et de wasabi parlent de la lande et du rivage. L’été prochain, si les vents sont portants, un spa et quelques chambres supplémentaires s’ancreront là.
À savoir : foudroyés par la beauté du site, Guillaume Foucher et Frédéric Biousse ont aussi acquis et métamorphosé le Bar de la Meule, sur le quai de ce port de pêche de poche. Resto, bar, glacier, à l’intérieur et en terrasse. À 10 minutes à vélo des Hautes Mers.
Le Grand Hôtel des Thermes, Saint Malo : atout forme
Posé sur le sable, ce 5-étoiles bâti au XIXe siècle non loin du cœur palpitant de la cité corsaire joue en priorité la carte du bien-être. Ses 177 chambres et suites communiquent avec la thalassothérapie, facilitant le va-et-vient des « curistes ». Fort de ce positionnement, le propriétaire, tout en enrichissant son offre de soins, a repensé et réorganisé, avec l’agence de design de Saint-Lunaire Yana K, la réception, le restaurant Cap Horn, certaines des cabines de thalasso et la salle de relaxation Brouillard Marin. Chêne, marqueterie, faïence, teintes oscillant entre le bleu profond de la Manche et le rose poudré, nacré, de la plage, donnent une allure plus actuelle à l’ensemble. Émouvants, des visuels et des panneaux décoratifs évoquent la sculpture monumentale de l’albatros au cap Horn. Ils rappellent que jusque dans les années 1950, des marins embarquaient de Saint-Malo vers ces latitudes… et qu’après chaque campagne, des hommes manquaient à l’appel.
À savoir : pour personnaliser au mieux les nouveaux programmes « Mer et poids optimal » et « Mer & bien-être détox », les thérapeutes des Thermes ont mis au point, avec des experts, des bilans préalables nutrition-santé.
Domaine de Rochevilaine, Pointe de Pen Lan, Billiers : Fort comme le roc
Neuf siècles d’histoire contemplent l’horizon sur cette pointe du Sud Finistère. Neuf siècles entre abbaye, commerce du sel, halte militaire, avant de devenir auberge en 1956, puis hôtel en 1998. Boutique-hôtel plutôt, car seules 34 chambres et suites, dont quatre nouvelles, panoramiques, se blottissent derrière les 300 mètres de façades maritimes. Contre vents & marées, jouxtant l’immense spa marin – un des premiers imaginés en France –, elles accueillent au long cours, 12 mois sur 12, les hôtes. À la barre, Bertrand Jaquet, épaulé par sa fille et son gendre, garde le cap pour que l’hôtel demeure l’un des fleurons de l’hôtellerie bretonne et de la collection Relais & Châteaux : mélange des styles et des genres, entre manoirs bretons reconstruits pierre à pierre et design contemporain pour Coiffes, Rivages, Voyages et Belle de Vilaine, les suites estampillées 2022 ; halte gastronomique aussi, avec en ligne de mire un menu tout homard de l’entrée au dessert. Miam !
À savoir : le spa propose en exclusivité une gamme de soins Nopal® à base de pulpe de ce cactus originaire du Mexique, hyper-régénérants, vrais cataplasmes pour l’épiderme. Le cactus nopal, très bien adapté au climat breton, y croît sans difficulté… Bravo pour l’empreinte carbone en prime.
Le Toiras, Saint-Martin-de-Ré : tous en terrasses
À nouvelle saison, nouveau look. Symbole du port, avec sa tour datant du XIIe siècle et son architecture rétaise, le 5-étoiles sort de son sommeil hivernal paré de nouveaux atours. Pierre-Yves Rochon, architecte d’intérieur, spécialiste reconnu de l’hôtellerie de luxe, a « pimpé » ses 20 chambres et suites, son restaurant George’s, le lounge, et imaginé un nouveau bar où des cocktails affriolants défilent en tenue de nuit. Le George’s, cœur stratégique, battant du petit déjeuner jusqu’au coucher de lune, se prolonge en terrasse sur le quai, offrant en spectacle le va-et-vient des bateaux, la lumière océane et la marche des nuages. Sa carte très marine et locavore (sole, thon, poulpe…) s’encanaille d’épices bien dosées et de viandes accompagnées de légumes saisonniers. Afin que gourmandise rime avec diététique et plaisir.
À savoir : après dîner, on file à quelques dizaines de mètres déguster une glace ou un sorbet à La Martinière, Maison 100 % rétaise. Et si on réserve l’étonnante crème glacée pomme de terre grenaille de l’île pour une entrée, on lèche avec délectation la glace pralinée aux algues, tandis qu’avec la Schtroumpf, les enfants se dessinent des moustaches bleues.
Saint-Christophe, La Baule : nostalgie, nostalgie…
Quatre villas 1900, la plus ancienne datant de 1913, ont été réunies pour créer ce joli 4-étoiles sur la Côte d’Amour, nouvelle propriété de Beautiful Life Hotels, groupe familial breton (Le Grand Bé à Saint-Malo, le Royal Émeraude à Dinard, etc.). Quatre maisons de villégiature, symboles de l’époque des premiers bains de mer, comme il n’en existe malheureusement presque plus sur le remblai. Souvent appelées par un prénom, comme pour signifier leur attache familiale, elles brillent par leur architecture tout en harmonie : façades en pierre, modénatures en briquettes, frises en mosaïque, vérandas, balcons en bois, bow-windows ou tourelles en angle, lucarnes et pignons couverts… Récemment rénové de fond en comble, le Saint-Christophe se blottit à l’ombre des pins avec 39 chambres et suites toutes différentes, au style anglais volontiers excentrique, et une excellente table.
À savoir : cinq minutes à pied, et voilà l’immense baie en arc de cercle et sa plage de sable fin qui s’étire de Pornichet au Pouliguen sur 9 kilomètres. Tout près aussi, l’avenue du Général-de-Gaulle, avec toutes ses boutiques chics, et le marché de La Baule-Escoublac, incontournable.
Villa du Moulleau, Arcachon : pépite authentique
Nouveau membre de la chaîne Les Collectionneurs, ce petit hôtel aux airs de maison de famille est en phase avec son quartier, Le Moulleau, réputé pour sa plage, l’une des plus belles d’Arcachon. Discret, paisible, il compte 21 chambres donnant sur le jardin et la piscine, dont une suite en rez-de-jardin parfaite pour quatre personnes. Bâtie en 1895, hôtel depuis 1960, tout juste rénovée par ses nouveaux propriétaires dans une optique écologique, la villa a conservé son style arcachonnais : la conception haute et asymétrique, la façade en pierre et brique, les lambrequins dentelés, la toiture à large débord surmontée d’épis…
Les Bords du Lac, Hossegor : surf attitude
Après Les Baux-de-Provence et Courchevel, Iconic House inaugure cet été dans les Landes une troisième maison assortie – c’est le concept – de services hôteliers et de conciergerie personnalisés et de propositions d’expériences exclusives. Pour cette version grand luxe de la surf house, les fondateurs de la collection ont déniché entre les pins, face au lac d’Hossegor et à deux pas de la plage, une vaste demeure basco-landaise (380 m2 !) habillée de rouge et de blanc, de pans de bois et d’encorbellements. Ils en ont confié les clés à la décoratrice Dorothée Delaye, particulièrement bien inspirée. C’est grand et beau, chic et cool. Très Sud-Ouest !