Un design sophistiqué plein d’humour, bourré d’allusions aux prestigieux paquebots des années 20 reliant les deux continents. Une situation exceptionnelle en bordure de la Tamise dans un quartier bouillonnant. Le Mondrian innove sérieusement dans le petit monde de l‘hôtellerie de luxe londonienne.
PAR JULIETTE LAVIGNE
La récente inauguration de l’hôtel Mondrian dans l’ancien Sea Containers House a fait grand bruit dans la capitale britannique. Véritable balcon sur la Tamise, ce bâtiment des années 70 est situé entre l’Oxo Tower et le Blackfriars bridge, à quelques minutes à pied de la Tate Modern, du théâtre du Globe de Shakespeare, du London Eye et du Borough Market. Le designer Tom Dixon, qui a conçu le projet aidé de son équipe du Design Research Studio, a choisi comme fil rouge de rendre hommage à l’ancienne fonction du bâtiment et à l’âge d’or des transatlantiques reliant l’Angleterre au Nouveau-Monde. Partout, il multiplie les clins d’oeil au monde de la mer.
Dès le lobby, le ton est donné : une immense voûte de cuivre évoquant indubitablement la coque d’un paquebot des années 20 domine la réception et occupe tout un côté de l’espace, se prolongeant en une harmonieuse courbe jusqu’à l’intérieur même du restaurant… La maquette du Queen Mary, trônant à côté du comptoir du concierge, et la gigantesque sculpture − toujours signée Dixon − en forme de maillons d’une chaîne d’ancre bleu cobalt qui accueillent les visiteurs ne laissent plus aucune place au doute. Ce rappel marin est de mise jusque dans les luxueuses toilettes de femmes au rez-de-chaussée, déclinant miroirs-hublots et force détails d’ingénierie.
Fil conducteur récurrent
Au restaurant Sea Containers, on aime le sousmarin jaune surplombant le bar et l’ancienne colonne de navigation en bois. Le chef Seamus Mullen propose une carte qui met en avant des plats mixant le meilleur de la cuisine anglaise et américaine avec des produits de saison, comme il se doit aujourd’hui. La meilleure table ? Bien sûr, une de celles posées le long de la baie vitrée. Dans le prolongement, au Den, un salon ultra cosy idéal pour prendre un verre, toujours avec vue sur le fleuve, des maquettes des portecontainers enfermées dans des bibliothèques de verre servent de claustras.
L’espace a été ponctué de vieux compas, sextants et autres scaphandres.. Toujours pour mettre en avant l’identité anglo-américaine du lieu, juste à côté, le Dandelyan, avec son bar en marbre vert, ses accueillants Chesterfield et ses meubles vintage, se donne des allures de cercle privé pour gentlemen. On y goûte des breuvages exceptionnels préparés par M. Lyan, le chef barman, tels le cocktail-signature Koji Hardshake à base de whisky, de jus de citron et de crème, ou le Southbank au rhum Bacardi, citron, pamplemousse, soda.
Des chambres vue sur fleuve
Dans les ascenseurs, jolie surprise : des hologrammes grandeur nature ornent les parois, représentant Tom Dixon en cosmonaute et Viviane Westwood en reine Elisabeth Ier. Chaque étage est identifiable grâce à une impressionnante mappemonde de couleur différente plantée sur le palier. La plupart des 359 chambres et suites se déclinent en une dizaine de catégories, de la standard, 29 m2, à la plus prestigieuse la “River view appartement” de 112 m2. La majorité offre une vue superbe sur la Tamise.
Côté déco, le gris des murs est heureusement relevé des touches fuchsia des dessus de lit et de l’intérieur du dressing, et rythmé de peintures murales et pièces iconiques telles que la Wingback Chair signée Tom Dixon… Les salles de bain avec leur marbre blanc et leurs grands miroirs piqués de grosses ampoules ne sont pas sans rappeler les fastes d’Hollywood. Dernier lieu emblématique du Mondrian, certainement le Rumpus room : le bar entièrement vitré posé au sommet de l’hôtel, au 12e étage, se veut la parfaite métaphore d’un bar panoramique de bateau de ligne.
Réussi : le panorama qu’il offre sur la ville est tout simplement époustouflant, et la carte des champagnes magnifique. Ultime fierté du lieu, la salle de projection de 61 places, industrielle chic, bleu cobalt et laiton. Quant au centre de bien-être “Agua Bathhouse and Spa”, entièrement carrossé de blanc, il déploie 6 vastes salles de soin et propose gommages corporels, massages, soins de thalassothérapie et d’aromathérapie… On vote une mention très bien à l’espace manucure-pédicure en pierres blanches fermé par une paroi en verre dépoli. Encore une facétie de Dixon : on se croirait dans un igloo ! Le salon de relaxation, percé d’une monumentale goutte d’eau en cuivre et d’un canapé blanc serpentant le long du mur est quant à lui hors compétition.