Tout au Clos des Terres Soudées, bâtisse crème ourlée de briques, évoque la vigne. Son nom, celui d’une parcelle de Pinot, sa décoration, son adresse, rue Saint Vincent, patron des vignerons. À Vrigny.
Les cinq chambres de l’ aïeul
En plein coeur du parc naturel régional de la Montagne de Reims, dominant les vignes disciplinés, Vrigny sous le soleil de plomb d’août, retient sa respiration. Les vendanges sont encore loin et on guette les lourds nuages et les zébrures de l’orage, espérant que la grêle épargne les parcelles. Les images des vignobles bourguignons récemment dévastés obsèdent tout un chacun. Dans ce village de 200 habitants comptant 22 viticulteurs, tout le monde dépend du raisin.
Isabelle et Éric Coulon, enfants et petits-enfants de vignerons le savent bien. C’est aussi pour cela qu’ils ont transformé la maison de leur grandpère en mini boutique-hôtel. Pour ouvrir Vrigny, le désenclaver. Profiter de la proximité du TGV dont ils ont maudit la récente arrivée, perturbant le paysage. « Nous imaginions un lieu privilégié pour inviter nos importateurs étrangers, et accueillir des voyageurs avides de découvrir la vraie Champagne »,explique Isabelle.
Depuis l’ouverture fin avril, la réalité dépasse leurs rêves les plus optimistes : 50% de taux d’occupation. Jordaniens, Russes, Brésiliens, Japonais, Britanniques, Belges et Français cohabitent sans frontières sur le livre d’Or, appréciant de piqueniquer au pied des ceps avec pour horizon cette mer végétale, louant l’atmosphère du Clos et Laurence, la maîtresse de maison au solide passé hôtelier.
Champagne à tous les étages
Pour rester infiniment champagne, le décorateur rémois Patrick Deglane a conceptualisé l’idée des propriétaires d’évoquer le vin dans chaque pièce, sans sombrer dans le kitsch. De vrais ceps noircis en tête de lit, devenus sculptures, d’immenses photos d’effervescence retenue dans des flûtes, des plants presque abstraits et des portes coulissantes en bois blond, comme celles des granges voisines en guise de volets et de rideaux. «Pour humaniser la maison, j’ai trouvé aux Puces de Saint-Ouen des portraits du XIXè », explique Isabelle.
C’est elle aussi qui, en parcourant les salons du meuble et du design, a déniché les consoles et miroirs d’Eichholtz, les luminaires Judeco et les commodes Signature. Tandis que Patrick Deglane, le décorateur amoureux du style 50, trouvait chez Yota Design des chauffeuses cosy et des fauteuils Abraham, et chez Henzel canapés et tables basses.
« Le soir, lorsque parfois nous passons au Clos et que nous voyons nos hôtes flûtes à la main, relax dans les canapés du salon, échangeant entre eux comme des amis, nous devinons que la partie est presque gagnée… », se réjouit Éric.