Contre vents et marées, la croisière continue de faire rêver. Esprit yachting ou grand voilier, découverte ou aventure douce, féerie des grands espaces ou magie des petits spots bien cachés… La navigation sur les fleuves et mers du monde reste une expérience intense, exotique, à nulle autre pareille.
Dossier réalisé par Céline Baussay et Anne Marie Cattelain Le Dû
Club Med 2 : c’est un fameux cinq mâts
Trente ans après sa mise à l’eau, le plus grand voilier du monde, battant pavillon français, attire encore tous les regards. Nul besoin de voir son nom sur la coque, il se reconnaît comme aucun autre, au large ou en escale, à sa silhouette élancée, sa blancheur impeccable, ses cinq mâts majestueux. Une fois déployées, ses sept voiles lui donnent une allure folle. Le Club Med 2 affiche des mensurations parfaites : 187 mètres de long, 20 mètres de large, 8 ponts très aérés, 186 cabines grand confort, un faible tirant d’eau (5,40 mètres) pour entrer dans les ports et les baies. À bord, une restauration conçue en partenariat avec l’école hôtelière Ferrandi, un spa Sothys, un espace Yoga ByHeberson, un hall nautique à fleur d’eau pour les amateurs de kayak, paddle, snorkeling et même ski nautique, des excursions en petits groupes et les soirées dont Club Med a le secret. Cette année, le voilier navigue dans les Caraïbes jusqu’en mars, puis en Méditerranée jusqu’en octobre.
À savoir : après la remise à neuf récente des cabines, des balustrades et des ponts en teck, le prochain carénage, en octobre, sera l’occasion d’un lifting complet de la salle de spectacles et du restaurant gastronomique.
Commandant Charcot Ponant : palais des glaces
Atteindre le pôle Nord géographique, voir la banquise changer de forme et de couleur, partir en kayak de mer à la rencontre des Inuits, observer les ours polaires et les baleines avec des guides-naturalistes, partager les recherches de scientifiques à bord… Voilà la promesse inédite du nouveau fleuron de la flotte Ponant, battant pavillon français et aussi breton, en clin d’œil au propriétaire de la compagnie, François Pinault.
Le Commandant Charcot, navire de haute exploration polaire éco-conçu, hybride, propulsé au gaz naturel liquéfié, transforme les passagers en aventuriers des pôles, en Arctique en été, en Antarctique en hiver : le voyage ultime pour beaucoup. Au-delà des extraordinaires expériences à vivre, le luxueux brise-glace de croisière met lui-même la barre très haut avec un design intérieur signé Jean-Philippe Nuel et Jean-Michel Wilmotte, une offre gastronomique orchestrée par les équipes d’Alain Ducasse, un spa Biologique Recherche et sa piscine intérieure.
À savoir : deux des 135 cabines sont exceptionnelles, la Suite duplex, 94 m2 avec balcon et jacuzzi, et la Suite de l’armateur, 115 m2 avec une longue-vue Zwarovski à disposition sur la terrasse.
Aqua Nera : dérive amazonienne
Depuis 13 ans, Aqua Expeditions sillonne les fleuves du monde à bord de bateaux respectueux de l’environnement et des communautés. Le dernier, l’Aqua Nera, mis à l’eau en 2021, 63 mètres de long, dessiné par le cabinet Noor design, navigue au Pérou, sur l’Amazone, d’Iquitos à Nauta. Ses vingt cabines dévoilent les rives en panoramique et sa vitesse de croisière, 12 nœuds, invite à rêver sur le deck, nager dans la piscine, savourer un cocktail au bar, profiter du spa et du billard.
Chaque matin, pour quitter le navire, on emprunte une barque à fond plat pour slalomer entre les méandres jusqu’aux villages indiens isolés et les rios de la réserve Pacaya-Samiria, patchwork de lagunes, marais, prairies humides. Silence pour ne pas effrayer les quelque 200 espèces animales, surprendre le jaguar, suivre le vol des toucans, s’amuser du manège des singes capucins, pêcher des piranhas, deviner, dans les eaux opaques, un lamantin ou une tortue charapa, espèces menacées.
À savoir : Makila Voyages, créateur de voyages sur mesure, programme cette croisière sur le fleuve Amazone, qui représente la plus grande réserve d’eau douce de la planète (12 %). D’où la nécessité de stopper net la déforestation de ses rives.
Aranui 5 : ultime trait d’union
Construit à Shanghai, l’Aranui 5 est un cargo mixte qui bat pavillon français avec un équipage en majorité marquisien. Mastodonte de 126 mètres de long, pesant 3 200 tonnes, il tisse l’unique lien entre les six îles Marquises habitées et le reste du monde, transportant tout type de marchandise.
104 cabines et deux dortoirs de huit lits accueillent les croisiéristes. Sensible au mal de mer, on réserve au pont 3. Amoureux des cabines luxe avec vue, on opte pour le pont 9. 1 450 kilomètres de Tahiti aux Marquises pour vivre au rythme du déchargement et chargement du fret. Pendant ces escales contraintes, les passagers arpentent les îles, visitent les tombes de Jacques Brel et de Paul Gauguin à Hiva Oa, l’atelier de Joseph Vaatete, sculpteur, conservateur du petit musée de la Mer de Ua Huka – l’île aux chevaux –, et l’épicerie-bazar de Vaima sur Fatu Hiva.
À savoir : l’épidémie de Covid-19 ayant retardé la construction de l’Aranui 6, les armateurs proposent, outre cette route traditionnelle, des croisières aux îles Australes, Cook, Gambier et Pitcairn. Mais émotionnellement, la plus riche demeure celle des Marquises.
Nour El Nil : concert éolien
Explorer le Nil à bord d’une dahabiya, ne circulant qu’à la voile, c’est privilégier la lenteur, égrenner doucement les riches heures de l’histoire égyptienne. Depuis dix ans, Nour El Nil, société fondée par trois amis, Enrique, Eleonore et Memdouh, le marin, fort de trente ans de navigation sur le fleuve des dieux, dispose d’une flottille de six voiliers de 45 à 57 mètres de long, propulsés par deux voiles latines. Ils naviguent en général de concert de Louxor à Assouan. Les derniers-nés, Adelaïde en 2019 et Agatha en 2020, les plus luxueux, décorés par la propriétaire-designer Eleonore, disposent d’une poignée de suites.
La cuisine d’excellence, le personnel local bienveillant enchantent la vie à bord. Pour visiter les lieux sacrés tel que les temples de Khnoum, Edfou, Kom Ombo, pique-niquer sur les rives, nager dans le Nil, les embarcations accostent en quelques sites figés dans le passé qu’habitent des contemporains : paysan cravachant son âne récalcitrant, enfants rigolards plongeant dans le fleuve, femmes craintives se voilant le visage.
À savoir : les premières dahabiyas furent conçues par des architectes et charpentiers britanniques qui, au xixe siècle, les imaginèrent pour les voyageurs fortunés.
World Explorer, Rivages du Monde : et vogue le navire
Dernier né de la flotte Rivages du Monde, le World Explorer est un yacht d’expédition maritime qui combine élégance, espace, respect de l’environnement et haute technologie : ainsi, il est équipé de moteurs hybrides Rolls Royce qui n’occasionnent aucune émission de gaz à effet de serre lors des manœuvres dans les ports. Mais avant tout, c’est un bateau à taille humaine, de 126 mètres de long. 180 passagers peuvent embarquer à son bord, séjourner dans les spacieuses cabines toutes ouvertes sur l’extérieur, profiter de la bibliothèque, du spa by L’Occitane, de la piscine extérieure chauffée, de la piste de course…
Au niveau du pont 7, un salon d’observation invite à apprécier à 180° le spectacle qui défile au rythme de la progression du bateau, lors d’itinéraires exclusifs, dans les fjords du Grand Nord, le long des côtes atlantiques ou encore du Maroc au Cap Vert.
À savoir : les guides d’excursions et des visites, les experts intervenant lors des conférences thématiques, le directeur de croisière ainsi que les accompagnateurs, sont tous francophones.
Article paru dans le numéro 120 d’Hôtel & Lodge