La capitale autrichienne marie parfaitement héritage néobaroque et codes contemporains, tout en y injectant un soupçon de transgression. Il n’en fallait pas moins à l’équipe de Philippe Starck pour concevoir le Sans Souci.
PAR ALEXANDRA LAUGIER – PHOTOS JO PESENDORFER
À première vue, il s’agit d’un bâtiment classique, une façade blanche immaculée étrangement réveillée par des illuminations et des tentures prune – un brin kitch avouons-le. D’autant que nous sommes sur Burggasse, au coeur de ce que nous appellerions en France un quartier typiquement “bobo”. Érigé au milieu du XIXe siècle, l’immeuble fut tour à tour hôtel, centre administratif puis siège de l’occupation américaine, ou encore caisse de retraite pour être finalement laissé à l’abandon quelques années plus tard. C’est en 2010 que Norbert Winkelmayer décide de lui redonner de sa superbe et sa fonction initiale : un hôtel de luxe.
Mariage judicieux de design et baroque au coeur d’un nouveau quartier branché
Deux ans et demi de travaux plus tard, les signes ne trompent pas dès le lobby : nous sommes bien dans l’univers de Philippe Starck, ou chez un de ses fervents admirateurs. Tabourets Bonze, banquettes capitonnées et éléments baroques conjugués au présent ; l’âme du designer est là. C’est en effet David Archer de l’agence d’architecture Yoo, fondée par le Français et John Hitchcox en 1999, qui a signé le décor. Une patte que l’on retrouve sans équivoque dans les 63 chambres et suites, adoucie par une sélection de mobilier scandinave et italien parfaitement juste, et bousculée par des lithographies de Roy Lichtenstein ou des photos de l’extravagant Hubertus von Hohenlohe. Mais ne nous méprenons pas, le lieu n’est pas pour autant un simple exercice de style à l’honneur de Maître Starck. Le Sans Souci est un vrai bel hôtel, luxueux et chaleureux. Chacune des chambres jouit d’une très grande hauteur sous plafond, donnant une impression d’espace, même à la plus petite d’entre elles (25m²), la literie y est irréprochable et les salles de bains sont intelligemment conçues. Mais ce sont surtout dans les détails que l’établissement marque sa différence et tout son intérêt. Tout y est doux, fluide, sans grande ni mauvaise surprise. Une jolie valse… revigorée par quelques notes de rock.