Au détour d’une ruelle de l’Alfama, quartier le plus ancien de Lisbonne, on découvre avec enchantement le Memmo. Dominant toutes les coupoles d’églises et de couvents, voici le poste d’observation idéal pour contempler le fleuve et le ciel changeant.
PAR SABINE BOUVET – PHOTOS MANUEL ZUBLENA
Partir à Lisbonne, c’est larguer les amarres. Le temps d’un week-end, on pose ses bagages à bord du Memmo Alfama pour un voyage immobile les yeux rivés sur le Tage. Accrochée à la colline du château St Georges, nichée voire cachée au bout d’une impasse pavée où le linge claque au vent, cette nouvelle adresse regarde l’Alfama dégringoler en pente douce et en couleurs vers le fleuve. Conçu en un dédale de terrasses tels des gradins en surplomb d’une scène, l’hôtel offre un spectacle quotidien aux premières loges : celui du seul quartier n’ayant pas été détruit pendant le tremblement de terre de 1755.
Aucune voiture dans le lacis labyrinthique qui fait songer à une petite médina. Alors la première chose qui frappe quand on arrive en terrasse, c’est le silence. Rare et précieux dans la capitale. Seuls le sifflotement d’un canari dans sa cage, un air de fado ventilé par une radio qui grésille ou une conversation entre voisines d’une fenêtre à l’autre viennent perturber le calme. Car on est ici dans un village. L’hôtel a investi plusieurs maisons, tout en conservant leur caractère familial. Preuve en est, les anciens fours à pain circulaires aux toits de briquettes, ont été convertis en petits salons. Patiemment, pendant plusieurs années, Rodrigo Machaz, propriétaire du Memmo, a racheté les maisonnettes de cette ruelle. Dernière acquisition : le studio d’un photographe allemand avec vue imprenable, pièce maîtresse de cet assemblage. Aujourd’hui, derrière ses immenses baies vitrées coulissantes, l’ancien atelier baigné d’une sublime lumière – celle-là même qui exerce une fascination unique sur les photographes – est converti en bar à vins. Mais on y vient aussi à toute heure du jour pour le petit-déjeuner ou l’incontournable duo café et pastel de nata. Pour le reste, on passera le plus clair de son temps en terrasse. Et le choix est vaste, car le Memmo s’articule autour d’une succession de lounges à ciel ouvert d’où l’on savoure la contemplation de la ville offerte au vent, au soleil et au regard subjugué par tant de beauté.
Couvertures tissées au Portugal et pochettes de disques vintage en tête de lit sont autant de tendres clins d’oeil à l’âme lusitanienne