Ouvert en décembre dernier, la Maison Cheval Blanc Randheli, dans l’ atoll de Noonu aux Maldives, compte bien caracoler en tête des hôtels de luxe de l’archipel. Et se donne les moyens de gagner ce pari.
PAR ANNE-MARIE CATTELAIN-LE DÛ
QUAND L’HYDRAVION AMERRIT en douceur, « Arch », sculpture en bronze de Vincent Beaurin, éclaboussée de soleil, aveugle les huit passagers du vol privé. En prenant pied sur le ponton de teck, l’oeuvre révèle son propos : deux chevaux courant à très vive allure. « Aux Maldives, la loi interdit les représentations extérieures d’animaux », précise Jean-Michel Gathy, l’architecte concepteur des lieux. « L’artiste a donc choisi cette ellipse pour marquer le territoire de ce resort du groupe LVMH, frère des sables de celui des glaces de Courchevel ». Malgré les milliers de kilomètres séparant les deux membres de cette écurie, leurs similitudes s’imposent. Avec une constante : l’art de vivre à la française. Voila pourquoi le personnel de Randheli salue tous les hôtes d’un « Bonjour », appelle les bambins « Petit Monsieur », « Petite Mademoiselle ». Voilà pourquoi encore le chef Laurent Chancel décline, avec talent, dans les cinq restaurants, une gastronomie de haute volée, rare sous ces latitudes, que le jeune chef pâtissier Samuel Loison redouble de créativité et que Julien Laugier, sommelier, règne sur une cave d’anthologie. Avec un faible pour l’oenothèque du restaurant « le 1947 », collection de 690 bouteilles et 411 références, dont quelques Château Yquem 1954 et une verticale de Cheval Blanc. Voilà aussi pourquoi les couverts sont siglés Christofle et les assiettes Sylvie Coquet. Et qu’il n’est ici pas question de butler mais de majordome, attaché à chacune des 45 villas, et assisté si besoin par quatre « alchimistes », là pour répondre aux demandes les plus inattendues. « Pour moi, assure Jean- Michel Gathy, les cinq îles de 9 hectares formant le domaine sont la synthèse parfaite entre le raffinement asiatique et l’art de vivre à la française. Le chêne y est incrusté de galuchat, le rotin asiatique est coupé puis traité à la peinture brossée, procédé très français. La table décline toutes les nuances, les subtilités d’un trois-étoiles. Et le spa concilie avec bonheur le meilleur des deux civilisations. »