Fini les pompiers sur le parvis de la cathédrale de Reims ! Reste la tour où séchaient leurs tuyaux, observatoire à 360° sur la ville. L’eau, désormais, coule des jets hydromassants dans le bassin et, glacée, de la douche tonique du nouvel espace bien-être de La Caserne Chanzy.
Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû
Après la Première Guerre mondiale, Reims se reconstruit, les architectes privilégiant l’Art déco. Ainsi, en 1926 la caserne des pompiers, « flambant » neuve, s’affiche sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame, épargnée. Pendant 60 ans, les camions rouges, sirènes hurlantes, rythmeront la vie du quartier au grand dam des riverains. En 1986, la caserne se délocalise. Les bâtiments abandonnés accusent quelques signes de vieillesse. Jusqu’à l’ouverture en 2019 d’un hôtel de l’Autograph Collection de Marriott flirtant avec l’édifice religieux classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Cinq ans après l’ouverture, pour répondre à l’exigence de sa clientèle, américaine et britannique entre autres, assoiffée de soins au retour de ses balades dans les vignes et chez les vignerons, le 5-étoiles revoit de fond en comble son spa. Décoration plus lumineuse, plus smart, marques partenaires, aménagement plus rationnel. Désormais, sur deux étages et 450 m2, cohabitent la salle de fitness, l’espace « humide » avec bassin à jets hydromassants, hammam, jacuzzi et l’espace soins, doté de cinq cabines. Au menu, deux maisons françaises, Biologique Recherche, spécialisée dans la personnalisation grâce à sa gamme très ciblée, et Vinésime, aux ingrédients issus de la vigne.
Avant d’établir un protocole, Ambre, excellente et bienveillante thérapeute, analyse l’état de l’épiderme grâce à une machine traduisant en schémas colorés le degré d’hydratation, de sensibilité, de souplesse de la peau au niveau du front, des yeux, des joues, du menton. Étonnée d’apprendre que la frange adoptée dès le plus jeune âge protège efficacement la peau des agressions de toutes sortes, soleil, pollution en une, limitant l’apparition des rides. Contente pour une fois que le diagnostic conclue à une certaine maturité des fibres… car le remède se présente sous la forme d’une crème, mise un point par le créateur de Biologique Recherche pour son épouse ménopausée. Une crème comme un gâteau, onctueuse, fleurant bon la vanille. Et qui, après une semaine d’application, prouve son efficacité. Reste à tester, tout aussi gourmand, « Vendanges en Cité des Sacres », soin signature de Vinésime, à base de pinot noir, de cassis et d’huile volupté. Cocktail embaumant.
L’esprit des lieux
On peut s’étonner, tout en s’en réjouissant à titre personnel, que les bâtiments de France, plus que sourcilleux, aient d’abord autorisé l’ouverture d’une caserne, puis d’un hôtel à cinquante mètres d’une des plus remarquables cathédrales de France. La moitié de ses 40 chambres et suites la scrutent avec émotion. Avec deux exceptionnelles, les suites Skyline et 500 qui – comme ce nom l’indique – logent au cinquième étage, prolongées d’une grande terrasse pour, de jour comme de nuit, contempler les statues et les flèches. Autre plaisir, après un stop incontournable au bar à champagne, s’installer à La Grande Georgette, table bistronomique du chef Julien Raphanel qui mérite de décrocher vite une étoile. Sa benjamine, juste née, Little Georgette, s’affiche tout aussi délicieuse mais plus light, et l’été en terrasse, sur le parvis. Pourquoi La Grande Georgette ? Une tradition chez les pompiers de baptiser la grande échelle du prénom de l’épouse du premier capitaine. Georgette… très années 1930.
Article paru dans le numéro 139 d’Hôtel & Lodge.
