Tel un paquebot à l’étrave arrondie, Le Bristol taille de nouveau sa route au cœur de Beyrouth. Symbole du renouveau de la capitale libanaise.
C’était l’hôtel où les Libanais aimaient se retrouver, fêter les événements marquants de leur vie, savourer une pâtisserie en famille ou entre amis « Aux Gourmandises », nager dans la piscine sur le toit, se donner rendez-vous à la patinoire, la première et seule du pays alors. Comble du luxe et de la modernité lors de son ouverture en 1951, aux confins de l’Orient et de l’Occident, Le Bristol était aussi le lieu de rendez-vous des grands de ce monde, souverains et chefs d’état qui venaient y débattre des relations internationales houleuses au lendemain de la Seconde Guerre. Pendant les graves affrontements civils qui déchirèrent le pays quinze ans durant, nombre de Beyrouthins y ont même trouvé refuge. Lorsqu’en 1990, le long conflit a pris fin, Le Bristol, qui n’a aucun lien autre que son nom avec celui de Paris, a repris sa croisière au long cours. Vieillissant forcément. Jusqu’à ce que la famille Doumet propriétaire, décide de le restaurer afin qu’il retrouve sa place, la première. Logiquement leur choix, pour mener à bien ces travaux, s’est porté sur le cabinet GM Architects, fondé par Galal Mahmoud, Libanais, diplômé de l’école de Versailles, attaché depuis son enfance au Bristol qu’il fréquentait avec son père. Soucieux de conserver le mobilier signé Jean Royère, le grand décorateur de l’époque, et toute l’ébénisterie d’art réalisée par la Maison Tarazi, Galal a respecté l’esprit orientaliste de la plupart des parties communes, dont La Golden Room, grand salon Oriental, tout en repensant entièrement les chambres. Le mélange des genres fonctionne à merveille. On apprécie la simplicité, épurée des chambres style soixante comme on se repaît des moucharabiehs et des boiseries travaillées demeurés à l’identique.
Preuve que l’histoire continue, sans rupture, Nazira el-Atrache, directrice depuis dix ans, drive toujours les deux cents employés. La prévenance est sa signature. La gentillesse sa marque. Et, rien n’égale désormais le plaisir de débuter sa journée, que l’on soit de passage ou autochtone en lisant L’Orient Le jour Aux Gourmandises, tout en croquant dans un macaron. Histoire de saisir l’atmosphère vibrionnante de Beyrouth.
157 chambres et suites, à partir de 120 €
Rue Madame Curie Beyrouth 1107 2080 – Liban
www.lebristol-hotel.com
Texte : Anne-Marie Cattelain-Le Dû – Photos : DR/Guillaume de Laubier