Le Château Cordeillan-Bages à Pauillac

Halte de prestige, cru classé, hôtel-chartreuse du XVIIè, gastronomie étoilée, village-conservatoire, modèle d’oenotourisme… Sous une même signature, celle des Cazes.

PAR JACQUES GANTIÉ

CHÂTEAUX-DIVAS, vignobles-trésors, architectes-stars, le vignoble bordelais est haut en images et son actualité alterne entre calmes et fièvres. Alors que les investisseurs chinois achètent par brassées petits et grands domaines – 50 châteaux sont sous pavillon rouge étoilé dont Château Haut-Brisson à Saint-Émilion, acquis en 1997 par le banquier Peter Kwok, et dans l’Entre-Deux-Mers, Latour- Laguens, remporté par la trentenaire Haiyan Cheng en 2008 – on garde plutôt son sang-froid dans les chais médocains.

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Prenez Pauillac et son hameau de Bages. À son approche, la grille de l’hôtel Cordeillan-Bages, davantage demeure bourgeoise que joyau ciselé, est grande ouverte. Du Château Bellevue- Cordeillan-Bages originel, dont demeurent deux tourelles XVIIè, Jean-Michel Cazes, pionnier de l’oenotourisme en Médoc et entrepreneur visionnaire, a fait un Relais & Châteaux à la façade sobre, terrasse bordée de vignes, cour intérieure aux plants de verveine citronnelle, tables sous les mûriers.

L’ancien chai à barriques et les communs, un temps hôtel cossu et introverti, sont aujourd’hui accueillants, éclairés par une verrière d’angle, annoncés par une allée de graviers escortée de lavandes. Salons et couloirs indiquent le goût du propriétaire pour l’art contemporain et les chambres invitent lumière naturelle et tapisseries aux couleurs tendres. C’est ce que l’on apprécie à “Cordeillan”: une retenue, un enracinement, vertus des origines de la famille Cazes – « nom de voyageurs et d’émigrants » – venue des montagnes d’Ariège en 1875 défricher et planter le Médoc.

Au château, le vin et la cuisine vivent heureux et ont eu beaucoup de recettes. Après les explorations passionnantes de Thierry Marx, Jean-Luc Rocha, qui fut son chef exécutif, ancien de Patrick Henriroux à La Pyramide à Vienne est tout en droiture et délicatesse, comme son pigeonneau légèrement fumé, mousserons et rhubarbe, réduction de betterave rouge.

Deux étoiles médaillent ce chef à la curiosité intacte, expert en classicisme éclairé – bar rôti au romarin, caramel de Xérès et cacao – et en retrouvailles de terroir – sopa dourada et “O baixinho”, petit gâteau au chocolat et amandes qu’explique son versant portugais. Au coeur d’une trilogie médocaine sans égal – hôtel, vignoble, oenotourisme – Cordeillan exprime ainsi art de vivre et sérénité.

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UNE PLACE RÉSUME L’ESPRIT de ce « village », hameau de Pauillac et modèle d’oenotourisme imaginé par Jean-Michel Cazes et restauré comme un trésor de famille. Le Café Lavinal aux airs de brasserie parisienne et la boulangerie Andrea rendent hommage aux grands-mères « cordons bleus » qui furent expertes à cuisiner le « grenier médocain » (porc, ail et épices), l’aloyau de boeuf et l’alose de Gironde au grill. La boucherie-charcuterie, la boutique du vin et des arts de la table, l’atelier des vélos pour découvrir le Médoc viticole, la place pavée bordée de rosiers, la fontaine, les devantures de carte postale… sont sans équivalents en Bordelais.

www.villagedebages.com 

 A Lire → “Lynch-Bages & Cie, une famille, un vin & 52 recettes”, Éd. Glénat. Recettes de la famille Cazes et créations de Jean-Luc Rocha, chef de Cordeillan-Bages.

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