Des châteaux forts miniatures, des toboggans, des piscines, des pontons semblables à un serpent de mer… Voilà l’image de ce resort 5 étoiles captée de l’hydravion. Une étrange construction comme surgie de l’imagination d’un grand enfant.
Il y a des lieux qui se racontent à merveille et d’autres qu’il faut vivre pour les comprendre. Les Soneva entrent dans cette catégorie. Peu conventionnels, à part, originaux. Sonu et son épouse Eva, écologistes avant-gardistes et convaincus, ont ouvert en 1998 le premier hôtel « vert et durable » des Maldives, le Soneva Fushi, immenses cabanes en bois cachées dans la verdure pour citadins en mal de nature et de silence. Avec pour slogan « No news, no shoes ».
Une révolution et un concept qui a l’époque avaient séduit tout aussi bien les stars que les stressés du CAC 40. Vingt ans plus tard, et quelques autres propriétés à son actif dont le Soneva Kiri en Thaïlande, le couple récidive au Soneva Jani, à quarante minutes en bateau rapide de Fushi. Plus spectaculaire, plus luxueux, plus étonnant. Un aboutissement en quelque sorte avant leurs futurs projets aux Maldives encore et au Japon. Au Jani, les hôtes sont toujours invités à vivre pieds nus. Leur Friday (surnom donné à chacun des butlers), leur glisse de jolis sacs brodés pour ranger leurs tongs, leurs spartiates ou leurs baskets. La plupart obtempére. Mais, l’ère du portable a mis à mal l’idée première.
Le wifi, qui fonctionne parfaitement, et les téléviseurs relient désormais les hôtes du Jani au reste du monde. Libre à chacun de se déconnecter et d’oublier l’usage de son 06 et de sa « zappette », le temps de jouer à l’enfant sur le toboggan privé de sa villa, ou de plonger dans le lagon. Les cabanes se sont muées en gigantesques villas en forme de châteaux de conte de fée, droits sortis de l’imagination de Sonu, éternel ado malgré ses tempes grisonnantes et ses 52 ans. Pieds nus, of course, toujours en short et polo de couleurs vives, montre assortie, tablette à portée de main, il commente son œuvre, heureux comme un môme devant son château de sable ou son Meccano. « Vous aimez le toit rétractable dans la chambre de votre villa, pour dormir sous les étoiles ? Vous savez que votre piscine est alimentée en eau de mer traitée par UV ? Franchement, il faut essayer le toboggan, c’est tellement amusant.
Vous avez noté que toutes les infrastructures sont en bois issus de plantations certifiées durables, gommier rouge du Laos, pin de Nouvelle-Zélande ? Ce soir, ne manquez pas la projection des Egarés d’Hitchcock au Paradiso sur l’îlot adjacent, à moins que vous ne préfériez contempler les planètes avec notre scientifique, à l’Observatoire… » Sonu, quadrilingue, Indien né en Angleterre dans une famille de banquiers. Sonu, l’enthousiaste, l’intarissable, débordant d’idées. A côté duquel son épouse d’origine suédoise, ex-top model, ex-styliste, semble l’eau couvant la braise. Plus posée, plus réfléchie, dotée d’un humour pince-sans-rire, Eva signe la décoration, calme le jeu, sélectionne les artisans locaux et les étoffes tissées main, aux teintures naturelles. Intransigeante sur la protection de l’environnement, faune et flore, et sur l’utilisation de matériaux recyclables. A eux deux, ils forment un attelage, qui au-delà de sa sensibilité écologique, connaît parfaitement les lois du marché, les désirs et les envies d’une clientèle rompue au luxe et sait y répondre.
En témoignent le spa de haute tenue, mais aussi la qualité des restaurants et la formation parfaite d’un personnel, recruté en majorité dans les cinq îles alentour. « 220 employés dont 26 % de femmes, un record dans l’hôtellerie maldivienne où elles ne représentent que 4 % des salariés ». A l’instar des Junkies Aman mais dans un tout autre registre, les Junkies Soneva, soucieux de l’avenir de la terre, sensibles à l’approche sociale et durable de Sonu et Eva, adhèrent sans retenue à leur conception hôtelière. Où le luxe cinq étoiles prend une dimension planétaire.
Retrouvez l’intégralité de l’article dans Hotel & Lodge numéro 95
Soneva Jani
Soneva Resorts and Residences, Maldives
www.soneva.com
Texte : Anne-Marie Cattelain-Le Dû – Photos : D.R